Il y a tout juste 6 mois, Christophe Béchu était nommé ministre. L’ancien maire d’Angers, toujours très présent dans sa ville, nous a reçus à Paris à l’hôtel de Roquelaure, siège de son ministère. Ses premiers mois ont été compliqués au sein d’un gouvernement où ce proche d’Edouard Philippe n’a que peu de soutien. Et pour une très grande majorité de Français, il reste un inconnu. Dimanche en Politique au ministère de la Transition écologique en partenariat avec le Courrier de l'Ouest, c'est ce dimanche à 11h30.
En juillet dernier, Christophe Béchu bénéficiait d’une promotion expresse, et de son aveu même, totalement imprévue. Ministre des collectivités territoriales, il est propulsé à un portefeuille autrement plus exposé, la transition écologique, après la défaite de la ministre en titre, Amélie de Montchalin, aux élections législatives.
Promotion rapide, trop sûrement au goût même de Christophe Béchu, peu rompu à l’exercice gouvernemental. Mais le portefeuille ne se refuse pas, surtout quand Emmanuel Macron a affirmé dans l’entre-deux tours de la Présidentielle que son "quinquennat serait écologique ou ne serait pas".
Un Ministre sous pression
La promesse engage et met une pression maximale sur le ministre Béchu dès début juillet, période où l’urgence climatique est flagrante.
Mais malgré des températures caniculaires et des feux de forêt historiques, Christophe Béchu reste… à Paris. Pas besoin explique-t-il d’un ministre en Gironde, les pompiers ont autre chose à faire. Gérald Darmanin et Emmanuel Macron, qui s’y sont déplacés, apprécieront. Une maladresse de langage et une erreur de jugement politique, car un ministre doit aussi savoir se montrer au moment opportun.
6 mois après, Christophe Béchu reste droit dans ses bottes sur cet épisode : "l'urgence, c’était de défendre le budget de mon ministère. Je ne referais sans doute pas les choses de la même manière. Mais le sujet ce n’est pas la visibilité, c’est l’efficacité. Les Français n’attendent pas des ministres qui soient connus, mais des politiques qui soient efficaces".
Un Ministre méconnu
Et pour être peu connu, Christophe Béchu l’est effectivement très peu, la preuve dans ce micro-trottoir réalisé dans les rues de Paris.
Être un proche d’Édouard Philippe en fait un protégé et une cible au sein du gouvernement
Trop discret, trop frileux sur les questions environnementales, terrain sur lequel on l’avait peu entendu avant son ministère. Les critiques n’épargnent pas Christophe Béchu, y compris celles venues de son propre gouvernement, où être un proche d’Édouard Philippe en fait à la fois un protégé (Emmanuel Macron a besoin d’Horizons et de ses députés) et une cible (Édouard Philippe a peu d’amis et de soutien dans ce gouvernement).
Mais Christophe Béchu fait mine de rien. Pas de temps à perdre dit-il avec tout ça…
Alors il déroule ses projets et ses lois déjà votées, toutes en lien avec son mantra : faire de l’écologie de solution. Hausse de ma Primerénov (subvention pour l’isolation des logements), aides au covoiturage, aides pour réparer des appareils en panne, interdiction de la vaisselle jetable dans les fast-foods… Les plans sont nombreux, mais les plus importants sont réservés, pour les annonces, au Président de la République (plan ferroviaire et RER régionaux) ou à la 1ère ministre (22 grands chantiers en octobre).
Passer au second plan, pour un élu qui n’a presque jamais perdu aux élections (sauf aux Régionales en 2010)... L’expérience est nouvelle, et forcément un peu douloureuse…
Christophe Béchu, l'Angevin
Est-ce pour cela qu’il revient souvent à Angers ? Pour les vœux du maire le 2 janvier (lui-même a prononcé un long discours, plus d’élu local que de ministre). Pour ceux de l’ADEME le 7. Pour des conseils d’agglo… Une omniprésence qui amplifie les rumeurs sur les difficultés du nouveau maire, Jean-Marc Verchère.
"Il est crucial et vital pour moi de continuer à suivre les affaires angevines, de prendre du temps à Angers." reconnaît Christophe Béchu.
"Le sujet ce n’est pas de savoir qui est le chef. J’ai conduit cette équipe, je l’ai composée. J’assume le leadership de l’équipe, mais au quotidien le maire, c’est Jean-Marc [Verchère].
L’essentiel et plus que l’essentiel de mes semaines et de mon énergie, elle est ici [à Paris]. Mais, Angers c’est ma ville, la ville dans laquelle je suis né, je me ressource, j’habite et la ville où j’ai besoin de garder cette connexion par rapport à la réalité. On reproche souvent aux politiques d’être hors-sol. Avoir quelque part où vous pouvez échanger avec des élus, pouvoir entendre leurs critiques, reproches, attentes, espérances, ça aide à construire une action nationale ".
95 millions € de fonds vert pour les maires des Pays de la Loire
Christophe Béchu n’oublie donc pas d’où il vient et il compte s’en servir dans son ministère. Les élus locaux sont pour lui des alliés incontournables de la transition écologique. 2 milliards d’euros de fonds vert vont être mis à leur disposition pour des chantiers : pistes cyclables, débitumisation de cours d’école, plantation d’arbres, aides à la lutte contre les feux de forêt (avec l’annonce prochaine de nouvelles bases pour les bombardiers d’eau l’été, dans la partie Nord de la France, là où il n’y en avait jusqu’à présent aucune).
Pour les Pays de la Loire, 95 millions d’euros seront utilisables par les élus locaux via ce fonds vert, de façon très simplifiée promet le ministre.
Un réseau RER à Nantes financé par l’État ?
Enfin, d’ici quelques jours, les contours du grand plan ferroviaire promis par Emmanuel Macron devraient être connus, et notamment les 10 villes en France qui pourraient être aidées pour la création d’un réseau RER. Nantes en fera-t’elle partie ? "Il n’est pas absolument illogique de penser que Nantes pourrait évidemment être bien positionnée et se voir proposer des crédits pour accompagner un réseau RER plus dense. Il faut plutôt investir là où il y a beaucoup de voitures, c’est donc logique de le faire là où il y a une forte densité".
Un point donc pour Nantes, dont la maire, la socialiste Johanna Rolland, a rappelé ce jeudi que sa ville était très partante pour accompagner la création d’un réseau RER.
Christelle Morançais, la présidente de la région, a reçu ce vendredi Jean-Pierre Farandou, Pdg de la SNCF, afin d’évoquer les principaux enjeux en matière de transports dans les Pays de la Loire.
S’agissant du développement du "RER métropolitain", Christelle Morançais a annoncé la création d’une "Task force", associant l’ensemble des parties prenantes, à commencer par Nantes Métropole, en vue de fournir au gouvernement une vision partagée et une feuille de route opérationnelle, qui permettront d’avancer de façon rapide et concertée.
►Dimanche en Politique au Ministère de la Transition Écologique, c'est ce dimanche 8 janvier à 11h30 sur France 3 Pays de la Loire
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