L'ex-urgentiste Nicolas Bonnemaison, jugé en appel devant la Cour d'assises du Maine-et-Loire pour "l'empoisonnement" de sept personnes en fin de vie, a reçu mardi le soutien sans faille de membres de familles de patients décédés.
Je soutiens le Dr Bonnemaison à 200%, il ne faut pas laisser les personnes souffrir, ce qu'il a fait c'est très bien",
a déclaré à l'audience Jean-Noël Hoyau, tuteur légal de Marie Carrère, décédée le 12 juin 2011 à 81 ans dans le service des urgences de l'Hôpital de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) où travaillait le médecin.
Ce témoin, interrogé par visio-conférence et qui a dit considérer Marie Carrère comme sa "mère", a raconté comment il avait vu la vieille dame, hospitalisée après un accident vasculaire cérébral, qui "tremblait, prise de convulsions". "Je l'ai vue souffrir", a-t-il insisté. De son côté, la fille de Christiane Tymen, décédée le 26 juin à 80 ans, a réitéré, comme en première instance, qu'il était impossible que le Dr Bonnemaison ait pu "aider" sa mère "à mourir": "On n'a jamais quitté ma mère. A aucun moment le Dr Bonnemaison ne s'est retrouvé seul dans sa chambre", a expliqué Viviane Cipière.
"Je suis tombée des nues quand l'accusation a été publique. Je n'avais que des remerciements à prodiguer au Dr Bonnemaison". Interrogées sur ces deux cas, deux infirmières ont expliqué combien le comportement de l'urgentiste leur avait paru inhabituel pendant la période des faits supposés.
"Le Dr Bonnemaison était toujours avec les infirmières (...) comme s'il ne voulait pas rester seul dans son bureau. Ce n'est pas habituel, on le voyait tout le temps dans les armoires à pharmacie, il était le seul médecin à faire ça", a témoigné l'une d'entre elles. "Je trouvais ça étrange", a renchéri une autre.
L'urgentiste a reconnu avoir préparé deux injections, une d'hypnovel, puissant sédatif, et une de norcuron, médicament à base de curare, dans le cas où Mme Tymen évolurait vers des "gasps" (grandes inspirations très bruyantes et impressionnantes), mais sans les utiliser. "La patiente est décédée très rapidement", a-t-il expliqué.
Dans le cas de Marie Carrère, "je n'ai pas l'impression d'avoir administré de façon urgente de l'hypnovel", a déclaré l'ex-urgentiste. "C'est la maladie qui
l'a tuée", a-t-il insisté. Dans l'après-midi, les deux familles qui se sont portées parties civiles ont demandé, par la voix de leurs avocats, l'ouverture des scellés renfermant les dossiers médicaux de leur proche décédé afin de vérifier si l'inscription LATA (Limitation et arrêt des thérapeutiques actives) y avait bien été inscrite par les urgentistes du service.
Nicolas Bonnemaison a assuré à plusieurs reprises, au cours de la première semaine d'audience, qu'il s'agissait de la seule décision devant être collégiale. La présidente de la Cour a mis la décision en délibéré et suspendu l'audience jusqu'à mercredi matin. Jugé en appel jusqu'au 24 octobre, Nicolas Bonnemaison, 54 ans, a été acquitté par la Cour d'assises de Pau en 2014. Il est soupçonné d'avoir abrégé la vie de sept patients en fin de vie entre 2010 et 2011. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.