Elle avait donné la mort à sa fille Vanille en février 2020 à Angers, le jour du premier anniversaire de celle-ci. Nathalie Stéphan, 42 ans, a été condamnée pour meurtre sur mineur à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises du Maine-et-Loire, peine assortie de 22 ans de sûreté. Le verdict suit les réquisitions du parquet.
Nathalie Stéphan a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, dont 22 ans incompressibles, ce 8 février par la cour d'assises du Maine-et-Loire. La mère de famille, âgée de 42 ans aujourd'hui et poursuivie pour "meurtre sur mineur de 15 ans", a reconnu avoir donné la mort à sa fille Vanille le 7 février 2020, jour du premier anniversaire de la petite fille.
Le verdict est intervenu peu après 18h45, après un après-midi entier de délibération. Plus tôt en fin de matinée, l'avocate générale Carol Dugast avait requis la peine maximale à l'encontre de l'accusée.
C'est rare [que je requiers la peine maximale], mais je le fais en pleine conscience. Vous avez commis un acte délibéré, sans altération, d'une atrocité certaine.
Carol Dugastavocate générale du procès de Nathalie Stéphan
"Au regard de l'absence d'avancée de Mme Stéphan qui a bénéficié de suivi psychologique, je demande une période de sûreté de 22 ans," poursuit Carole Dugast. Le parquet adjoint à sa réquisition un accompagnement avec un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins d'une durée de 8 ans et une privation de droits civiles et civiques pendant 10 ans.
Une petite fille aimée
"Que de larmes versées silencieusement dans la salle !" avait-elle prononcé en introduction de son réquisitoire de plus de deux heures.
En effet, pendant deux jours, la cour d'assises a écouté les témoignages émouvants des proches de l'accusée et des professionnels qui l'ont épaulée, afin de comprendre pourquoi cette femme âgée aujourd'hui de 42 ans a volontairement étouffé sa fille le jour de son premier anniversaire, le 7 février 2020, avant de déposer son corps enveloppé d'un sac poubelle dans une benne à vêtements.
Vanille n'est pas dans ce sac, elle est dans le cœur de toutes ces personnes.
Carol Dugastavocate générale du procès de Nathalie Stéphan
L'avocate générale a eu quelques mots à l'encontre de Dominique, qui a témoigné la veille à la barre. Cet assistant familial a recueilli chez lui Vanille toute sa courte vie, malgré son changement d'employeur. "Vanille était une enfant du hasard, mais les enfants du hasard, ça s'aime, on le voit avec ce monsieur," considère Carol Dugast. "Il a recueilli Vanille à tout juste un mois. Cette enfant inanimée qui ne mange pas, il l'a réanimée," juge la magistrate.
Une accusée mutique et "égocentrée"
Le procès de Nathalie Stéphan aurait pu être celui des services sociaux, que l'accusée tient pour responsables indirects de la mort de Vanille. "En venant ici, je pensais plaider pour les défauts institutionnels, a confié Me Jean-Christophe Boyer, avocat de l'association L'Enfant bleu, portée partie civile. Là, vous avez une justice humaine et une administration qui prend des décisions adaptées. Madame Stéphan doit aux services sociaux d'être sortie de sa famille, d'avoir fait des études."
Tout au long de son procès, Nathalie Stéphan, personnalité borderline qui souffre de pulsions suicidaires, a surpris par son attitude apathique.
Il n'y a même pas en elle le souvenir, la souffrance, la marque d'avoir tué sa fille.
Me Jean-Christophe Boyeravocat de l'association L'Enfant bleu, partie civile
"Qu'elle ne veuille pas se défendre est une chose. Qu'elle ne veuille pas donner d'explication en est une autre, argue Me Mathilde Livenais, conseil de D., l'assistant maternel.
Lui aurait souhaité des explications de la part de Nathalie Stéphan, tout comme la fille aînée de l'accusée, aujourd'hui âgée de 15 ans et partie civile elle aussi. "Aujourd'hui, dans l'établissement scolaire où elle va, on la montre du doigt en l'appelant « la fille de la tueuse », raconte Me Olivier Rolland, conseil de l'adolescente. Vous avez détruit ce qu'elle était en train de construire. (...) Vous n'y avez jamais pensé car votre égocentrisme ne le permet pas."
En réponse, la défense s'est appuyée sur la jeunesse chaotique de leur cliente, qui a grandi, isolée, avec des parents sourd et muet, dont le père fut incestueux. "Elle a essayé d'être une bonne mère (...) Elle s'est sentie au pied du mur, sans solution. Ne plus avoir de logement signifiait ne plus pouvoir accueillir Vanille, a plaidé Me Olivia Brulay. Ce que je vois aujourd'hui, c'est une femme isolée de toute part, encore plus que précédemment. Cette peine maximale, c'est faire fi de ses souffrances."