Après sept jours de procès, le procureur du parquet national financier de Paris a requis 5 ans de prison dont 3 ferme et 100 000 euros d'amende contre Guillain Méjane.
"Un scénario bien ficelé", c'est ainsi que le procureur a décrit l'escroquerie à 16 millions d'euros montée par celui que l'on surnomme le "Madoff du Maine-et-Loire". Depuis le 8 janvier dernier, Guillain Méjane, 41 ans, est jugé pour avoir, avec un ami d'enfance, arnaqué des dizaines d'investisseurs de l'Anjou. Parmi eux, Catherine Dedieu Lugat, ancienne cliente, a perdu 25 000 euros.
Je pense qu’ils ne mesurent ni les dommages qu’ils ont causés à plus de 57 plaignants, les fractures de vie que ça a pu causer, ni la responsabilité d’actes aussi délictueux. Nous, on a perdu beaucoup de choses, mais eux, ils se sont comportés comme des crapules, il n'y a pas d'autres mots.
Catherine Dedieu LugatEx-cliente de Guillain Méjane
"La supercherie a fonctionné car elle était crédible"
Pour le procureur, Guillain Méjane est "celui qui embobine, qui falsifie, qui trahit". Dans son réquisitoire, le magistrat du parquet financier a écorné "l'image du trader de génie", une "légende montée de toute pièce" par Guillain Méjane. Selon lui, la supercherie a fonctionné car elle était crédible. "Guillain Méjane présente bien, décrit le procureur. Il a mis en place un travail de longue haleine pour crédibiliser la supercherie et inscrire son stratagème dans la durée". Parmi les autres points évoqués, le train de vie du prévenu, "rassurant pour les investisseurs". Selon l'accusation, l'homme a détourné 1,6 million d'euros pour des voitures de luxe, un bateau, une maison, un mariage et un voyage de noce luxueux. "On ne pouvait que tomber dans le panneau", conclut le magistrat qui requiert 5 ans de prison, dont 3 ferme et 100 000 euros d'amende.
Des réquisitions "satisfaisantes" pour l'avocat d'une grande partie des parties civiles.
Je suis agréablement surpris. Il a dit haut et fort que les victimes n'y sont pour rien. On n'est pas en présence de victimes crédules, naïves qui ont contribué à leurs propres dommages. Il a parlé de stratagème élaboré, planifié, prémédité.
Maître Paul Le FèvreAvocat de parties civiles
Le procureur a estimé que l'autre prévenu, associé de Guillain Méjane, n’était pas complice de l’escroquerie. 6 mois de prison avec sursis ont en revanche été requis contre le père de Guillain Méjane pour s’être enrichi avec l’argent de la fraude pour plus de 200 000 euros.
Mercredi et jeudi après-midi, ce sera au tour de la défense de plaider.