RENCONTRE. Dans l'intimité de l'auteur de BD Etienne Davodeau du côté du Layon

Dans l'œuvre d’Etienne Davodeau, on croise des personnages et des situations drôles, tragiques et toujours touchantes. Mais, par-dessus-tout, on trouve des engagements pour une société plus juste, un rapport à la nature et à l’homme plus équilibré. À quelques jours du festival d'Angoulême, visite et rencontre avec l'auteur de BD chez lui à Rablay-sur-Layon avec le magazine Envie Dehors, à voir dimanche 21 janvier à 11 H 55.

L'enfant du pays

Alors que la 51ᵉ édition du festival de la bande dessinée se tient à Angoulême du 24 au 28 janvier (découvrez quelques albums sélectionnés dans la dernière partie de cet article), partons à la rencontre de l'auteur Étienne Davodeau chez-lui, au cœur du pays du Layon.

Même si son dernier opus, "Loire", paru chez Futuropolis, ne figure pas dans la liste des albums sélectionnés pour la compétition, Étienne Davodeau demeure une véritable star du 9ᵉ art.

Avec près de 50  albums publiés en 35 ans, l’auteur complet s’est imposé comme une grande figure de la bande dessinée documentaire et des récits animés. 

Étienne Davodeau, né en 1965 dans les Mauges (dans le Maine-et-Loire), s'inscrit à la fac, section Arts Plastiques, après le bac. Avec quelques amis partageant le même amour pour la bande dessinée, ils fondent le studio Psurde, une modeste association qui leur permet de publier leurs premiers travaux.

Après quelques années d’études, encouragé par sa femme, il rédige le scénario de ce qui deviendra sa première bande dessinée, intitulée "L’Homme qui n’aimait pas les arbres". Le Véritable succès arrive avec des albums tels que "Lulu femme nue" (adapté au cinéma en 2013), "Cher Pays de mon enfance", "Les Mauvaises gens" et surtout "Les Ignorants", un ouvrage vendu à plus de 250 000 exemplaires.

Étienne Davodeau décide très tôt de s'installer dans le village de Rablay-sur-Layon, niché au milieu des vignes. Le Layon, cette rivière de 90 km de long a donné son nom au célèbre vin blanc moelleux "le coteau du Layon". De nombreux artistes ont choisi de vivre là ! 

Je suis né dans les Mauges . J'y ai passé une enfance formidable. Elle a principalement consisté à me balader avec mes copains dans les champs, à tirer à la fronde d’innocents moineaux puis à ricaner bêtement sur ma mobylette devant les filles.

Étienne Davodeau

auteur de bandes dessinées

Les paysages de la vallée du Layon sont une réelle source d'inspiration pour l'auteur. On peut les voir dans plusieurs de ses ouvrages, par exemple, dans  "Les Ignorants", qui raconte un échange d’apprentissage entre un vigneron, Richard Leroy, et bien sûr un dessinateur de BD.

Pour élaborer cette histoire, l'auteur a rencontré des pionniers de la biodynamie comme Bruno Richard qui aime expliquer sa démarche aux clients qui viennent goûter ses vins.

"Loire", une ode à la vie au fil de l'eau

La Loire a-t-elle une âme ? Sous la plume et les pinceaux délicats d'Étienne Davodeau, on peut percevoir son murmure et ses pensées. Après son incursion documentaire avec "Le Droit du sol," l'auteur renoue avec la fiction dans "Loire" une plongée au cœur des sentiments humains et un éloge à la nature.

L'idée est née des auditions du parlement de Loire. Cette démarche territoriale, à la croisée des arts, des sciences, et des droits de la nature, visait à "envisager la personnalisation juridique des éléments de la nature," explique Davodeau. Autrement dit, il s'agissait de donner aux éléments de la nature des droits comparables à ceux d'une personne humaine pour qu'ils puissent se défendre.

Le dessin, c'est quelque chose qui porte énormément de la personne qui l'a fait. C'est aussi un livre ouvert sur la personne qui l'a dessiné.

Etienne Davodeau

Auteur de bande dessinée

Dans ce récit, la Loire devient le personnage principal, symbole d'une nature vivante et sauvage. "Loire" nous entraîne dans une réunion insolite au bord de l'eau, où d'anciens habitants se retrouvent à l'invitation posthume d'Agathe.

L'auteur explore ainsi des volontés étranges pour figer le temps qui garantissent une méditation subtile sur la vie, la nature, et ce fleuve tumultueux.

Maxime Jaglin s'est offert, en juillet dernier, une randonnée avec Etienne Davodeau pour découvrir l'Anjou et le pays des Mauges qu'il connaît par cœur.

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Maxime Jaglin s'est offert, en juillet dernier, une randonnée avec Etienne Davodeau pour découvrir l'Anjou et le pays des Mauges qu'il connaît par cœur. • ©France Télévisions

L'art du dessin 

C'est dans son bureau bibliothèque qu'Étienne Davodeau passe le plus clair de son temps. 8 à 10 heures de travail quotidien, en période de création. Un travail solitaire, seul, la présence du chat est permise. Sur sa planche à dessins, les personnages prennent vie selon une méthode rituelle.

À l'auberge du Layon, la table des copains

Étienne Davodeau aime la fidélité et les copains. Parmi eux, Titi Robin. C’est un guitariste de renom qui parcourt le monde. Titi est un enfant du pays, mais depuis toujours, il va trouver ses influences aux quatre coins du globe et notamment en Moyen-Orient et en Asie.

Il répète avec ses deux complices locaux, Vincent Couprie et Toby Koppe, tous deux percussionnistes. Ensemble, ils forment le Trio du Bled. La joyeuse bande d’amis aime se retrouver au cœur de Rablay à l’auberge du Layon.

Tant qu'on ne m'en empêche pas, je ferai des livres de bande dessinée.

Etienne Davodeau

Auteur de bande dessinée

Étienne Davodeau…. par Étienne Davodeau

 "Je suis né en 1965 dans les Mauges (c’est une région du Maine & Loire dont le nom viendrait étymologiquement de "Mauvaises Gens" en latin, quand j'ai appris ça, je me suis dit que ça ferait un beau titre pour un livre). 
J’y ai passé une enfance formidable. Elle a principalement consisté à me balader avec mes copains dans les champs, à tirer à la fronde d’innocents moineaux puis à ricaner bêtement sur ma mobylette devant les filles.

Partie sur une courbe idéale qui faisait la fierté de mes parents, ma scolarité a reçu en pleine gueule une adolescence tourmentée. S’en est suivi un piqué en flammes assez spectaculaire. Quand je me suis réveillé au milieu des débris, ma main droite cramponnait un document noirci. Il fallait bien me rendre à l’évidence : j'avais mon bac.

À Rennes, je me suis inscrit à la fac, section Arts Plastiques pour une raison qui m’échappe encore. J’y ai étudié (un peu) et dessiné (beaucoup). Avec quelques gaillards qui nourrissaient le même intérêt que moi pour la bande dessinée, nous avons fondé le studio Psurde, modeste association qui nous permit de publier nos premiers travaux, heureusement aujourd’hui introuvables.

Qui étaient ces vaillants pionniers ? Olivier Maunaye, créateur du présent site, Fred Simon ("Rails", "Le Poisson clown", "Popotka" etc...), Jean-Luc Simon (coloriste et dessinateur, pour qui j’ai écrit La Gagne), Joub avec qui j’ai créé "Max & Zoé" et "Geronimo", ainsi que Christophe Hermenier et Thierry Guyader qui ont lâchement abandonné la bande dessinée pour la peinture et la presse.

Après quelques années d’études approximatives, mais fort poilantes, j’ai cédé aux encouragements de la femme de ma vie et j’ai écrit le scénario de ce qui allait devenir mon premier livre. Intitulé "L’homme qui n’aimait pas les arbres", il s’est niché comme il a pu dans le catalogue Dargaud en 1992.
Depuis cette date, et tant qu'on ne m'en empêche pas, je fais des livres de bande dessinée.

Sur l’agenda 2024 d’Étienne Davodeau, des séances de signatures et des rencontres avec le public :  le 3 février au festival Jardins d’hiver à Rennes, le 30 mars au salon de bande dessinée d’Ancenis (44), le 11 avril à la librairie Parchemin à Saint-Florent-Le-Vieil (49), le 1ᵉʳ juin à Beaugency (45) avec Bruno Marmiroli de la Mission Val de Loire, les 22 et 23 juin aux rencontres de Béhuard (49)...

Fauve d’Angoulême – Prix du Public France Télévisions 2024 : les huit albums sélectionnés en un clic !

Pour la cinquième année consécutive, France Télévisions s’associe au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême pour décerner le Fauve d’Angoulême – Prix du public. Huit albums ont été présélectionnés. Le lauréat sera connu le samedi 27 janvier. En attendant, que racontent-ils, qui sont leurs auteurs et autrices ? Réponse ici et maintenant… Par notre spécialiste maison Eric Guillaud.

"Les Daronnes" de Yeong-Shin Ma offre un portrait sensible de la vie des femmes coréennes, basé sur les confessions de la mère de l'auteur. Le récit explore les défis du quotidien dans la Corée contemporaine et met en lumière les luttes féministes face à une vague conservatrice. Malgré ses 370 pages, le livre se lit d’un trait, aucune longueur à déplorer, et ce grâce à un ton qui oscille en permanence entre la comédie et la tragédie. (Les Daronnes, de Yeong-Shin Ma. Atrabile. 25 €)

"Des Maux à dire" de Beatriz Lema aborde la maladie mentale à travers le personnage d'Adela, avec un mélange artistique de broderies et de dessins. Un album surprenant, mais profondément séduisant ! (Des Maux à dire, de Beatriz Lema. Sarbacane. 25 €)

"Jumelle" de Florence Dupré La Tour conclut la biographie de l'auteure et explore la gémellité avec humour. Un récit passionnant et instructif. (Jumelle tomes 1 et 2, de Florence Dupré La Tour. Dargaud. 20,50 € le volume)

"L’Homme gêné" de Matthieu Chiara présente l'histoire de Vincent, un anti-héros, qui voit sa vie bouleversée par l'arrivée de Julia, sa nouvelle voisine. L'album, au style graphique original, mêle humour et réflexions existentielles. C’est franchement drôle et pas si léger que ça pourrait en avoir l’air, L’Homme gêné, c’est un peu l’histoire de chacun de nous à certains moments de notre vie. (L’Homme gêné, de Matthieu Chiara. L’Agrume. 26,90 €)

"Astra Nova" de Lisa Blumen est un space opéra intime qui explore les relations humaines à travers le voyage spatial de Nova. Récompensé par le Prix Utopiales BD 2023, l'album offre une perspective touchante sur la nécessité des liens humains. Récemment récompensé par le Prix Utopiales BD 2023, ce deuxième album de Lisa Blumen, entièrement réalisé aux feutres, parle bien plus de notre monde actuel que du monde de demain. Une histoire très touchante ! (Astra Nova, de Lisa Blumen. L’Employé du moi. 24 €)

"Les Oiseaux de papier" de Mana Neyestani raconte l'histoire des kolbars, porteurs kurdes iraniens, à travers une fiction poignante, soulignant également la question de l'émancipation féminine. L’auteur a été condamné à des peines de prison et a reçu des menaces de mort pour une caricature lorsqu’il était encore en Iran. Il est aujourd’hui réfugié en France. Il a reçu en 2010 le Prix du courage décerné par le CRNI (Cartoonists Rights Network International), en 2012 le Prix international du dessin de presse des mains de Kofi Annan et en 2015, le Prix Alsacien de l’engagement démocratique. Autant dire le sérieux de ce travail à valeur journalistique. (Les Oiseaux de papier, de Mana Neyestani. çà et là / Arte éditions. 20 €)

"Les Imbuvables" de Julia Wertz est un récit autobiographique sur l'alcoolisme, traité avec humour et finesse qui aborde les défis de l'abstinence et de la réhabilitation. Un album époustouflant, aussi drôle que bouleversant, qui parlera à tous ceux qui ont ou ont eu un problème avec l’alcool. Mais pas que… ! (Les Imbuvables, de Julia Wertz. L’Agrume. 26 €)

"Chumbo" de Matthias Lehmann, nouvellement dans le catalogue Casterman, explore l'histoire d'une famille brésilienne sur plus de 360 pages. L'album offre une fresque familiale intense, portée par un dessin méticuleux et influencé par la bande dessinée indépendante américaine. (Chumbo, de Matthias Lehmann. Casterman. 29,95 €)

Ces huit albums représentent une diversité d'histoires, de styles graphiques et de thèmes et offrent aux lecteurs une expérience vivifiante de la bande dessinée contemporaine.

Pays de La Loire : terre de Bande dessinée

Les Pays de la Loire sont une terre de bande dessinée. Scénaristes, dessinateurs, coloristes sont nombreux à vivre et travailler dans notre région. Ce secteur très actif de l’édition s’appuie sur des auteurs, des éditeurs et des libraires qui rendent lisible le 9ᵉ art partout sur notre territoire. Les professionnels et le public peuvent aussi s’appuyer sur des pôles ressources comme la bulle de Mazé en Maine-et-Loire ou la maison Fumetti à Nantes.

Environ 200 auteurs, parmi lesquels Brüno, Étienne Davodeau, Alexis Horellou, Delphine Le Lay, Mathou, Cyril Pedrosa, Olivier Supiot, Fabien Vehlmann, Yoann, etc., sont installés et travaillent dans notre région.

Il existe une quinzaine de maisons d’édition, parmi lesquelles L’Atalante, Ici même, Rouquemoute, Vide Cocagne, etc., et une vingtaine de librairies spécialisées : Aladin – Nantes, Au repaire des Héros – Angers, Bulles — Le Mans, M Lire – Laval, Story BD – Nantes, Arts et Bandes Dessinées ABD -- Angers etc.

La diffusion des œuvres bénéficie de salons et manifestations spécialisés très implantés et de longues dates dans cette région. Une vingtaine d’événements est dédiée au 9ᵉ art : Salons, festivals, prix littéraires. À voir l'exposition "Du manuscrit à la BD" jusqu'au 12 mai au château d'Angers. La prochaine édition du Festival de Bande dessinée Bulles en Loire de Chalonnes-sur-Loire 49 aura lieu les 17 et 18 février 2024, le 9ᵉ Festival de l'illustration et de la BD du Pays d'Ancenis du 30 au 31 mars, la 23e édition du Festival BD Montreuil-Bellay 2024 les 25 et 26 mai 2024, le Festival de la BD engagée à May-sur-Evre 49 en octobre, la 24ᵉ édition du festival Angers BD 49, elle sera proposée au centre de congrès du 09 au 10 décembre 2024, la 2ᵉ édition du Festival de la Bande Dessinée, BD FEST, à La Roche-sur-Yon les 18 et 19 décembre.

Étienne Davodeau : dans l'intimité de l'auteur de BD dans les coteaux du Layon à découvrir dans Envie dehors dimanche 21 janvier à 12 h 55 sur France 3 Pays de la Loire

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Magazine Envie Dehors

Production : Les Nouveaux Jours Productions

Présentation : Julie Hattu

Réalisation : Ahlam Noussair 

Rédaction en chef : Alexandra Lahuppe