Frédéric Mortier, enseignant d’un lycée catholique d'Angers et maire d’une commune de 7 000 habitants, est accusé de racisme par des élèves.
Théophile revient pour la première fois depuis un an, à proximité de son ancien lycée.
Le jeune homme, au statut de réfugié, est encore marqué par les provocations racistes, et les moqueries sur son accent, qu'il dit avoir subi de la part d'un professeur de droit, Frédéric Mortier, par ailleurs maire LR de Longué-Jumelles, une commune de 7 000 habitants, contre lequel il porte plainte.
Il se décide finalement à contacter la justice et apprend qu'un autre lycéen a porté plainte contre le même professeur.
Une scène lui revient en mémoire : ce jour où son professeur s'empare de sa carte d'admission à l'aide médicale d'Etat et le prend à partie : "Il dit aux élèves : 'Vous voyez, c'est cette carte qu'on donne aux migrants quand ils viennent. Ils ne payent rien et nous, Français, quand on a la carte vitale on paye pour moitié. Ce n'est pas normal étant donné que leurs parents n'ont pas participé au développement de la France".
"Ça m'a particulièrement marqué parce que je suis l'un des arrière-petits-fils d'un tirailleur sénégalais", explique-t-il.
Théophile se dit très attaché à son ancien établissement scolaire, le lycée Joseph-Wresinski : "Ce lycée m'a tout donné, donc ma manière la plus sincère de le remercier, c'est de le débarrasser des personnes qui peuvent ternir son image", affirme-t-il.
"Le fait de me plaindre n'a rien changé. Il a toujours continué. Et moi, ne voulant pas avoir de problèmes au lycée, j'ai essayé d'accepter le coup. (...) J'étais abattu, je voulais carrément quitter l'école", se souvient-il. Pour que les propos racistes cessent, Théophile devra changer de filière.
Dans cette affaire, l'élu et professeur a été placé en garde à vue ce mercredi, dans le cadre d’une seconde plainte. Il sera jugé le 10 février 2023 pour provocation à la discrimination raciale ou religieuse.
"Je ne veux pas qu'il aille en prison. Je veux juste qu'il reconnaisse ses torts et qu'il demande pardon à ses victimes. En tant que chrétien, je vais l'accepter", confie Théophile.
"À partir du moment où les propos causent de graves préjudices, ils sont interdits par la loi. Il faut que cet enseignant le comprenne. Il faut aussi que les élèves qui subissent cela au quotidien puissent le dénoncer, car c'est une forme de harcèlement scolaire", explique son avocat, Me Julien Roux.
Le jeune homme attend beaucoup de la justice pour libérer la parole. L'enseignant a été mis à pied le temps de l'enquête. Contacté, il n'a pas souhaité s'exprimer.