Trois villages d'une commune nouvelle du Maine-et-Loire pourraient divorcer dans l'année

La préfecture du Maine-et-Loire va enclencher une procédure inédite fin mars pour consulter la population de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray sur le projet de séparation de leur commune nouvelle. Cette démarche fait suite aux demandes de plusieurs habitants, insatisfaits de l'union des trois communes historiques.

Morannes-sur-Sarthe-Daumeray n'existe que depuis 5 ans, mais parmi ses 3 600 habitants, certains ne veulent déjà plus en entendre parler.

"On s'y perd un peu. On n'a plus d'identité de village, on ne sait plus qui est qui et je trouve ça très dommage", commente un habitant de la commune, dont le nom à rallonge fait référence aux trois villages fusionnés entre 2016 et 2017 : Morannes, Daumeray et Chemiré-sur-Sarthe. 

Une pétition a été lancée à deux reprises par un collectif d'opposants. Elle a recueilli à chaque fois 500 signatures. Suffisamment pour déclencher une procédure de dissolution de cette commune nouvelle.

 On est en train de tout lisser alors que chaque commune est différente. Ça n'a aucun intérêt.

Habitant de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray

Une situation inédite que la législation n'avait pas prévue. La préfecture se repose sur le code des collectivités territoriales. Première étape dès la fin mars : les citoyens devront élire une commission communale qui sera chargée de remettre un avis avant l'enquête publique.

Voir le reportage réalisé à Morannes-sur-Sarthe-Daumeray dans le Maine-et-Loire par Éric Aubron, Laura Striano et William Sabas

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La préfecture du Maine-et-Loire va consulter la population pour décider de défusionner ou non la commune de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray. ©France Télévisions / Éric Aubron / Laura Striano / William Sabas

Perte d'identité et adresse interminable

Le Maine-et-Loire fait pourtant partie des départements où le regroupement des communes a été particulièrement bien suivi. De 363 communes avant 2013, on en compte aujourd'hui 177. 

Jean-Yves Chevé est membre du collectif pour le détachement territorial. Il affirme que la fusion des trois communes s'est fait sans consulter la population locale.  

Il y a eu des réunions publiques, mais ce n'est pas une base pour engager la commune à faire une modification dans ces proportions-là.

Jean-Yves Chevé

Membre du collectif en faveur du détachement territorial

"La défusion a été initiée juste après les élections de 2020, sur la base de la frustration des gens de ne pas avoir été consultés quand il y a eu les deux fusions à répétition en 2016 et en 2017", précise-t-il. 

L'union des trois communes pose des problèmes symboliques, comme "l'éloignement de la gouvernance de proximité" et la perte d'identité des villages selon Jean-Yves Chevé. Mais elle engendre aussi des difficultés administratives.

"On a des adresses avec un nom de commune qui rentre à peine sur les formulaires, ou des erreurs d'adresse à cause de confusion des communes", explique-t-il. 

Pour d'autres, l'union fait la force

Malgré un nom de commune à presque 10 syllabes, une partie des habitants considère que le regroupement apporte son lot d'avantages, comme le fait d'avoir pu investir dans une maison médicale. 

"Il y a tout un berceau qui a été créé ensemble, et maintenant on veut le détruire. C'est un peu stupide", commente un habitant. 

Le fait de s'unir permet d'avoir les moyens de faire les choses ensemble. Plus on est ensemble, plus les projets sont possibles, sinon on n'a pas les moyens, même à Morannes.

Habitante de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray

Pour l'équipe municipale en place, cette procédure a des allures de troisième tour d'élections municipales et de revanche de la part de l'équipe sortante. La défusion n'avait pourtant jamais fait débat lors de la campagne de 2020.

Jean-Marie Cardoen, maire de la commune nouvelle, déplore ces velléités de séparation. "Nous, on ne demande qu'à poursuivre, à travailler jusqu'à la fin de notre mandat sans être remis en cause en plein milieu. Refaire une campagne électorale en plein milieu de mandat, c'est consternant et on a autre chose à faire", assène-t-il. 

C'est au préfet que reviendra la décision de trancher. L'avenir de la commune nouvelle ne devrait pas être connu avant la fin de l'année.

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