En Anjou, un viticulteur jette ses bouteilles à la mer

C'est une tendance dans le monde viticole : utiliser la mer pour faire vieillir du vin. Depuis quatre ans, un vigneron angevin teste le procédé, avec la complicité d'un ostréiculteur breton. Chaque année, 1 000 bouteilles d'Anjou Blanc sont immergées pendant 10 mois en baie de Quiberon. 

La cuvée Douar Ar Mor est devenue l'un des succès de la maison.
Depuis quatre ans, Benoit Madec, ostréiculteur, immerge les bouteilles du viticulteur Philippe Socheleau en baie de Quiberon...
"A la base, c'est parti d'une discussion entre mon père et Philippe, qui se sont fait un délire à l'apéro : pourquoi ne pas mettre des bouteilles de vin sur un parc à huitres. Au cas où un jour il n'y aurait plus d'huitres, que le parc serve à quelque chose"

L'histoire commence donc entre la Loire et les côteaux du Layon.
Pour Philippe Socheleau, jusqu'à cette idée folle, la mer rimait seulement, avec vacances. Le vigneron, en bon terrien, n'avait alors, pas la moindre expérience marine.

"Plus on se rapprochait du jour J où on devait sortir nos bouteilles, plus on était énervés.... et moi je dis il faut que j'aille voir mes bouteilles, je n'ai pas le droit de ne pas voir ce qui se passe au fond." explique Philippe Socheleau qui passe son brevet de plongée dans une carrière d 'ardoise avant de se jeter à l'eau, en pleine mer, "c'était la première fois que je plongeais en mer et là c'est magique parce que, on est sur des sols sableux, on pose notre caisson rempli de bouteilles et on crée la vie. On a des quantités de poissson impressionnantes, on a déjà sorti neuf congres de nos pallocks. On a des bouteilles colonisées par toutes sortes de coquillages. Et puis ce côté frisson, on ressort une bouteille, extraordinaire, fabuleuse.

On met 2 000 bouteilles à l'eau, les 2 000 bouteilles vont être différentes.

Chaque année, les bouteilles d'Anjou Blanc descendent la rivière d'Auray et prennent la direction d'une concession ostréicole, au large de Carnac, en baie de Quiberon. C'est là qu'elles vont, pendant dix mois, accompagner les huitres, à 12 mètres de fond.

Si l'Anjou blanc de Philippe était bien fait pour être dégusté avec les huîtres cultivées par Benoit et Dominique, son père, personne ne savait, en 2013, comment le vin allait se comporter, en partageant leur quotidien sous l'océan.
"J'étais sûr que mes bouteilles allaient vieillir tout doucement", raconte Philippe Socheleau, "Et puis finalement, je me suis retrouvé avec des bouteilles qui ont vieilli plus vite, puisqu'à 12 mètres, il faisait chaud et jour, et qu'il y a encore du courant. On se retrouve avec des bouteilles qui ont doublé leur temps de vieillissement. Ça nous fait des vins très agréables, très très épanouis".

Bercés par la mer, qui accélère son vieillissement, le vin présente une subtile différence à la dégustation.
Infime part de l'histoire que racontent ces bouteilles, que l'on dirait sorties d'une épave, pour finir comme des huîtres, en bourriches.
L'histoire d'une amitié, née d'un mariage gastronomique... Douar Ar Mor, Terre et Mer, en breton...

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