Prêter ses animaux aux municipalités, pour remplacer les tondeuses à gazon. L'idée d'un éleveur passionné du Maine-et-Loire qui veut ainsi promouvoir le cheval "Trait Poitevin", une espèce menacée de disparition.
Dans son exploitation, pas de paddocks, pas d'aliments industriels, mais de grands prés où paissent les animaux. Principalement des chevaux de la race "Trait Poitevin", l'une des passions de leur éleveur Pascal Merlet : "C'est une espèce en danger, il y a à peine 40 naissances par an. Il s'agit de l'une des 9 races de chevaux de trait français, qui ont toutes plus où moins disparu à cause de la mécanisation, et de l'oubli."
Pour contribuer à leur sauvegarde, Pascal Merlet, éleveur de viande bovine, s'est donc lancé il y a deux ans, dans une activité complémentaire : une petite société d'éco-pâturage, avec des chevaux Trait Poitevin et des chèvres poitevines, envisagée comme un prolongement de son engagement auprès de l'association des races mulassières du Poitou.
Prêter les animaux pour mieux les sauvegarder
En effet, s'il facture ses services aux particuliers et entreprises privées, l'éleveur a choisi de prêter ses animaux aux communes qui souhaitent mettre en place de l'éco-pâturage : " La ville installe les clôtures, et moi, je gère les animaux. Cela nous permet d'offrir une vitrine pour ces races en danger."
À Cholet, la ville a ainsi mis trois espaces verts à l'essai pour une durée d'un mois. Des chevaux qui remplacent les tondeuses à gazon, l'idée séduit cette riveraine : "C'est écologique, il n'y a plus les tondeuses, les animaux pâturent en toute sécurité et en toute sérénité, c'est très agréable". De son côté, Pascal Merlet profite de ses passages pour faire de la pédagogie et présenter l'espèce aux curieux : "Non, leur crinière n'a pas été tressée, c'est naturel".
À ce jour, Pascal Merlet a déjà convaincu 4 communes de tester gratuitement ses "tondeuses à 4 pattes", et compte une dizaine de clients payants. Un modèle économique qui ne vise pas la rentabilité, tout juste l'équilibre, pour assurer l'avenir de ces races oubliées.
L'éco-pâturage, une pratique en plein boom
Actuellement très à la mode, l'éco-pâturage n'est pas une pratique nouvelle. Avant d'être détrônés par la tondeuse à gazon, les animaux étaient utilisés pour tondre les prairies et entretenir les espaces naturels.
Moutons d'Ouessant à Guérande, aurochs et vaches Highlands dans les prairies humides en bords de Sèvre, chevaux de trait à Cholet, les expériences se multiplient depuis quelques années, un peu partout dans les Pays de la Loire. Des collectivités, mais aussi des écoles, des crèches, le centre de détention de Nantes, les pompiers de Carquefou, ont ainsi adopté des animaux en guise de tondeuses.
En moyenne 3 000 euros par an et par hectare
En plus d'un effet positif en terme de communication, l'éco-pâturage s'est aussi développé grâce à l'interdiction pour les communes d'utiliser des produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts depuis le 1er janvier 2017.
Le coût diffère selon les prestataires, mais se situe en moyenne autour de 3 000 euros par an et par hectare. Pour un particulier, compter 400 euros par en moyenne pour 60 jours d'éco-pâturage sur un terrain de 1 000 mètres carrés au minimum.