Dans un contexte de marché au ralenti et de suppression de plusieurs sites du groupe de pneumatiques en Europe, les syndicats craignent désormais pour la pérennité du site en Maine-et-Loire. Beaucoup ont en tête la fermeture brutale de l'usine de La Roche-sur-Yon en 2020.
C'est l'un des plus gros sites industriels du groupe Michelin encore implanté en France, derrière le siège de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et celui de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). À Cholet, en Maine-et-Loire, le personnel est inquiet, quelques mois après la décision du groupe de pneumatique de stopper l'activité de deux usines en Allemagne.
La menace d'une fermeture, cela fait des années qu'elle plane au-dessus du site, mais la baisse continue d'activité et la suppression d'effectifs au sein du groupe ces derniers mois préoccupent plus que jamais les salariés.
"On attend la rentrée pour savoir s'il y aura des réponses à nos inquiétudes", soupire un salarié à la sortie de l'usine. "Je ne me sens pas menacé", relativise un autre. "C'est vrai qu'on a moins de travail, mais je pense qu'ils vont faire ce qu'il faut."
Le site choletais est passé sous la barre symbolique des 1 000 salariés, alors qu'il en comptait jusqu'à 2 500 au plus fort de l'activité. L'usine en question fabrique des pneus haut de gamme pour camionnette, un marché concurrencé par les prix chinois. En cinq ans, la production a baissé de 40% ici.
Les syndicats dans l'attente de garanties
La direction assure mettre tout en œuvre pour maintenir la compétitivité de l'usine. "Cette baisse est effectivement conséquente", concède Baudouin Vuillermet, Directeur Michelin du site de Cholet. "Elle nous a amené à passer par des périodes de fermeture et de l'activité partielle. Aujourd'hui, on déploie un certain nombre d'actions qu'on a lancées il y a quelques mois pour stabiliser notre usine à un niveau plus bas, et ainsi rationaliser notre organisation et notre parc machine."
Des arguments qui ne rassurent pas les syndicats, qui s'interrogent sur la stratégie à adopter. De son côté, la CGT veut croire à la pérennité du site. "On pense réellement que c'est un plan social déguisé", dénonce David Goubault, délégué CGT Michelin Cholet. "Mais plutôt que de faire un plan social qui inquiéterait tout le monde, Michelin baisse ses effectifs par le biais d'aides. Mais jusqu'à quel point ? C'est ça qui inquiète les salariés."
Son de cloche similaire pour Sud, guère optimiste sur l'avenir de l'usine choletaise. "Là, il n'est plus question de compétitivité, mais de sauvegarde", estime Nicolas Robert, délégué central Sud Michelin. "On est une usine qui aujourd'hui coûte cher dans le giron Michelin, et ils ne font rien de spécial pour que ça s'arrange, donc on attend..."
Malgré des records de bénéfices réalisés l'an dernier, le groupe Michelin a annoncé des décisions difficiles à prendre dans les années à venir, de quoi entretenir le climat d'angoisses qui gagne également deux autres sites : celui de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) et de Vannes (Morbihan), qui fournissent en matériaux l'usine de Cholet.
En 2020, la fermeture brutale de l'usine de la Roche-sur-Yon (Vendée), avec ses 600 salariés, avait beaucoup marqué les esprits.
Suite à un droit d'alerte en intersyndicale, une expertise des sites Michelin en difficulté a été demandée.
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