"On attend, on n'a pas le choix", 270 salariés dans l'angoisse face à la menace de fermeture d'une usine Valéo

En déclin depuis plusieurs années, le groupe Valéo a mis en vente trois sites français. Concernée, l'usine située à la Suze-sur-Sarthe pourrait définitivement fermer ses portes si aucun repreneur n'était trouvé. Pour les 270 salariés, l'avenir est incertain.

C’est une rentrée morose pour les 270 salariés de l’usine. Après les quinze jours de fermeture estivale du site, ils ont regagné les lignes de production ce lundi 19 août. Mais personne ne sait pour combien de temps.

"C'est un peu stressant, on attend, on n'a pas le choix", glisse Pascale, salariée de l'usine depuis 27 ans. "C'est plus qu'un abandon, on a l'impression d'être seuls dans le navire", ajoute Eric, l'un de ses collègues, en poste depuis trente ans. 

Trois mois pour revendre les sites 


Déjà en activité partielle depuis des mois, le site pourrait fermer définitivement ses portes si le groupe Valéo ne trouve pas de repreneur. Mise en vente le 15 juillet dernier, l’usine située à La Suze-sur-Sarthe est l’un des trois sites français du groupe menacés, avec ceux de L’Isle-d’Abeau (Isère) et La Verrière (dans les Yvelines). La date limite est fixée au 15 octobre pour une éventuelle reprise. Au total, plus de mille emplois sont menacés.

Je pense que c'est un site qui était encore viable, on a beaucoup d'expérience, d'ancienneté, avec beaucoup de travailleurs, c'est dommage que le groupe ne nous fasse pas confiance du tout et préfère aller dans les pays étrangers pour construire et faire de la production.

Laurent

Salarié de l'usine depuis 26 ans

 


Contraint par la loi Florange, qui oblige les groupes de plus de 1000 salariés à chercher un repreneur avant de fermer un site, Valéo s’est donné trois mois pour acter une quelconque vente. Un cabinet d’expertise, Alixio, a été mandaté pour estimer le prix du site et pour trouver un éventuel repreneur. 

Plus de 2000 salariés en 2004


À La Suze-sur-Sarthe, où l’on produit des pièces pour refroidir les batteries électriques, il y a peu d'espoir de reprise du site. Ces dernières années, le chiffre d'affaires de l’équipementier automobile n’a cessé de chuter, affaibli par concurrence étrangère trop importante. 

L'intersyndicale, mobilisée pour le sauvetage du site, dénonce l'inaction du groupe Valéo depuis plusieurs années.

Il y a de l'activité que l'on peut remettre sur ces sites en difficulté le temps qu'ils aillent mieux, ce sont des choses possibles, mais il faut avoir une vraie volonté du groupe. Mais la volonté du groupe aujourd'hui c'est de se séparer de ses usines en France plutôt que de remettre de l'activité

Franck Goulette

Représentant du personnel (CGT)

Lui aussi pessimiste, Gautier Olivier, représentant du personnel (FO), s'inquiète également de l'avenir des salariés concernés. "Sur le bassin d'emploi, c'est pas 270 personnes qui vont souffrir, c'est pratiquement 400 personnes, comment vont faire ces personnes pour retrouver un emploi ?", questionne le syndicaliste. 

Le maire se projette 


Dans cette petite commune de 4500 habitants, Valéo est une institution. Le groupe s’y est installé en 1985 et a longtemps fait vivre des milliers de familles dans la région. En 2004, on comptait plus de 2000 salariés dans l’usine. Depuis, l'activité du groupe a progressivement décliné.

Une grande partie des bâtiments a été vendue à d'autres entreprises. Valéo reste aujourd'hui propriétaire de sept hectares et demi. Les grandes heures du groupe semblent appartenir au passé. 

 Dans son cabinet, le maire de La Suze-sur-Sarthe (DVD) dénonce une "situation dramatique". Plutôt que de le vendre entièrement, Emmanuel d’Aillières encourage le groupe à louer une partie du site pour accueillir d'autres entreprises.  "C'est ridicule d'avoir autant de place inutilisée parce qu'une surface inutilisée ce sont des emplois qui n'existent pas", souffle l'élu. 

Tout ce que je veux, moi, c'est qu'il y ait des entreprises qui créent des emplois sur le secteur

Emmanuel d’Aillières

Maire de la Suze-sur-Sarthe (DVD)

Confiant, le maire imagine déjà un nouveau projet industriel pour sa commune, arguant que grâce à la loi Climat et Résilience qui limite l'artificialisation des sols, d'autres entreprises pourraient choisir de s'implanter à la Suze-sur-Sarthe. "Aujourd'hui une entreprise prospère qui cherche à se développer a besoin d'espace supplémentaire et ne les trouve pas. Ici, il y a sept hectares et demi", avance l'édile.

D'autant plus qu'en face de l'usine, un autre groupe s'apprête à quitter les lieux. Le groupe Atlan ( recyclage de matières plastiques), propriétaire d'environ 13 hectares, a été placé en liquidation judiciaire et devrait bientôt quitter la Suze-sur-Sarthe.

Au total, selon le maire, ce sont plus de 20 hectares qui pourraient servir à l'implantation d'un nouveau groupe, avec à terme, de potentielles créations d'emploi. 

Un secteur en souffrance 


Ailleurs en France et en Europe, aussi, le secteur de l’automobile est en souffrance. Les équipementiers automobiles sont nombreux à montrer des signes de ralentissement. MA France, Walor, Bosch… ces autres groupes multiplient, eux aussi, les cessions, les fermetures de sites et les plans sociaux.


Les salariés de l’usine Valéo de la Suze-sur-Sarthe pourraient être fixés dès le 16 septembre, date de la prochaine réunion entre l’intersyndicale et la direction. D’ici là, ils sont invités par la direction à candidater pour obtenir une mutation sur le site du groupe situé à Sablé-sur-Sarthe, à une trentaine de kilomètres de l’usine menacée.

Contactée, la direction du groupe Valéo n'a pas souhaité réagir. 

Visionnez le reportage de Nathan Vildy et Benjamin Bonte 

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En déclin depuis plusieurs années, le groupe Valéo a mis en vente trois sites français. Concernée, l'usine située à la Suze-sur-Sarthe pourrait définitivement fermer ses portes si aucun repreneur n'était trouvé. Pour les 270 salariés, l'avenir est incertain. ©France Télévisions

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