Le moral n'est plus là pour Valentin et son père qui tiennent une ferme en Anjou, non loin de Saumur. Depuis plusieurs année une partie de leur production est détruite par des cervidés et des sangliers. Ils ne veulent pas se plaindre, mais simplement en parler et surtout trouver une solution.
Valentin Butet est installé en GAEC sur l'exploitation familiale avec son père, sur la petite commune d’Epieds, près de Montreuil-Bellay.
L’exploitation agricole de 220 hectares est située le long d’un bois. Ils produisent des céréales, du blé, du maïs, du tournesol, des petits-pois et de l’orge. Ils vendent également, en direct, de la viande de bœuf, de porc et de veau.
Souvent, le matin, ils constatent des dégâts importants sur leurs cultures. Des hectares de céréales, maïs ou blé sont détruits. Des sangliers et des cervidés viennent manger une partie de leur production.
Valentin a 26 ans, il souhaite médiatiser ce problème pour faire bouger les lignes. Il y a une perte de chiffre d’affaire, mais il y a surtout une perte de moral.
"On a même plus envie d’aller dans les champs, c’est une catastrophe ! On voit nos cultures ravagées tous les jours, on voit nos maïs dans un état pitoyable, on a plus envie d’y aller."
Ils estiment entre 10 et 20% de surface détruite.
"On est à bout moralement, on ne sait plus quoi faire, on tente tout, mon père ça fait quinze ans qu’il se bat contre ça, aujourd’hui, il n'en peut plus."
Leur ferme est en bordure de forêt, comme sur cette photo, sur une parcelle de sept hectares de maïs, deux hectares sont complètement ravagés à 100% par des sangliers.
"Nous avons une population de sangliers et de cervidés tellement importante sur notre secteur, on se fait détruire les cultures tous les ans. Cette année, c’est encore plus important du fait que la chasse se soit arrêtée plus tôt avec le Covid. On a une population de sangliers phénoménale. Pendant l’été, c’est des troupeaux de trente à quarante que nous voyons toutes les nuits."
Pour les cervidés, Valentin nous explique avoir aussi des soucis depuis quatre ou cinq ans, depuis la création du Center Parcs qui a été ouvert à Morton, près de leur exploitation.
"Ils ont déboisé une grande partie de forêt et du coup, tous les cervidés sont venus chez nous. Cela entraîne des dégâts sur nos cultures et nos animaux aussi. Nous, on a nos vaches régulièrement sur la route, car les cerfs cassent les fils. L’hiver dernier, on avait mis des génisses dans un pré, on a été obligé de les enlever, car les cerfs leur couraient après durant la nuit. Ils baissaient la tête et essayaient de foncer sur elles avec les bois. Si nous n’étions pas intervenus, ils auraient éventré des génisses."
Alors comment trouver une solution ?
Valentin ne veut pas se plaindre, il a autre chose à faire, dit-il. Il souhaite simplement parler de son métier et des problèmes qui sont, cette année, plus importants.
Il souhaite que "la population de sangliers et de cervidés soit diminuée et que les élus et les responsables de la chasse s’activent et fassent quelque chose. Ils sont au courant de la situation, mais rien est fait pour l’instant."
Il poursuit."Aujourd’hui on a pas la solution miracle, si on écoute les gens autour de nous, ils ont tous la solution, tout le monde dit, il faudrait faire comme ci, il faudrait faire comme ça, mais personne ne l’a."
Sylvain Piet, est responsable des dégâts de gibier en Maine-et-Loire du syndicat FDSEA, pour lui les sangliers sont un réel problème. Il estime la population de sangliers entre 30 000 et 40 000 bêtes en Maine-et-Loire, peut-être plus.
La solution est la chasse, afin de réguler les espèces. mais là aussi rien de simple, pas facile de faire cohabiter le monde des chasseurs et le monde des agriculteurs.
"Les cervidés sont soumis à un plan de chasse, c’est-à-dire avec des bracelets délivrés avant la chasse pour avoir un plan de tir d’animaux. Je pense que le plan de chasse doit être augmenté et réalisé dans ce secteur-là, quand la population est trop importante par rapport au milieu qui peut l’accueillir", explique Sylvain Piet
"Pour les sangliers, il faut donner des tirs à l’affût pour les agriculteurs pour qu’ils puissent prélever les animaux le soir et diminuer ainsi la population. Après, c’est une volonté de la fédération de chasse et de l'administration de donner plus de bracelets (autorisations).
Aujourd’hui il n’y a pas de plan de chasse pour les sangliers dans le département du Maine-et-Loire, et pourtant il y a eu
6 500 bêtes tuées dans le département du Maine-et-Loire l’année dernière. "
La régulation des espèces n'est pas une affaire simple, Valentin et son père attendent maintenant des actes afin de poursuivre sereinement leur activité.