Saumur : de l'armée à l'Assemblée nationale, "une continuité dans l'engagement" pour la députée Laëtitia Saint-Paul

Elle est députée LREM du Maine-et-Loire. Vice-présidente de l'Assemblée nationale, cette femme mariée, mère de deux enfants est ancienne capitaine de l'armée de terre. Elle vient de publier "Mission tenir". Un ouvrage dans lequel elle compare son engagement en politique à sa carrière militaire.

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Elle a la voix douce lorsqu'elle décroche le téléphone. Douce et souriante. Derrière le combiné pourtant il y a une femme de caractère, qui ne s'en laisse pas conter. Et qui comme beaucoup d'autres a du faire ses preuves. A dû en faire dix fois plus qu'un homme pour gravir chaque barreau de l'échelle. Pour convaincre...

Laëtitia Saint-Paul est née à Chartes, le 21 janvier 1981. Rien ne la prédestinait à prendre les armes. Pas de soldats dans la famille. Si ce n'est cet arrière-grand-père, ancien combattant de la 1ere Guerre mondiale, qui a fait Verdun. Cet homme, mort alors qu'elle n'avait que 10 ans, a probablement marqué sa vie à jamais.

A Rennes dans la ville où j'ai grandi, j'ai toujours participé aux cérémonies commémoratives. Aussi longtemps que je m'en souvienne j'ai toujours été patriote

Laëtitia Saint-Paul

Dans la maison familiale, il y avait les objets d'art des tranchées qui faisaient écho." Mon arrière grand-père ne parlait pas beaucoup de la guerre. Il l'évoquait très peu. Mais cela a toujours fait partie de mon imaginaire. D'ailleurs, je suis aujourd'hui dépositaire de tous les souvenirs, de toutes les médailles. Il avait tout gardé."


"C'est peu de le dire qu'il en faut du caractère"

Cette femme mariée, mère de deux enfants, passe d'abord par une classe préparatoire au Prytanée militaire de La Flèche (1999-2002). Puis, elle intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 2002, au sein de la promotion Général Gabriel de Galbert.

"Quand j'étais petit fille j'étais très scolaire, j'adorais l'école et j'avais une folle envie de partir à l'aventure. Il y a quand même peu de voies qui vous offrent ça. Il n'y a pas beaucoup de métier qui permettent de lier les deux, l'intellectuel et l'action. Et finalement devenir Saint-Cyrienne et officier dans l'armée de terre, ça m'a permis de lier les deux. J'ai pu passer ma vie à faire des études, barouder et servir mon pays."

Elle choisit l’arme du matériel avant de prendre la tête d’une section de 46 militaires et civils au 7ème régiment du matériel à Lyon. Durant cette période, la jeune femme participe notamment à deux opérations extérieures (OPEX), en Côte d’Ivoire en 2007 (opération Licorne) puis en 2008 au Liban, au sein de la FINUL (Force Intérimaire des Nations Unies au Liban). Et Laëtitia n'a pas froid aux yeux. 

A chaque fois que je quittais mon camps de base au Liban, on partait casqués et en gilet pare-balles et avec des brouilleurs pour éviter les engins explosifs improvisés.

Laëtitia Saint-Paul

Elle a beau être le chef, la jeune femme n'évite pas les remarques qui fâchent ou qui blessent parfois. Dans son livre, elle épingle un général qui, la découvrant enceinte alors qu'elle commande une compagnie de 200 soldats, lui demande :" Et alors vous allez commander dans cet état ?". Elle lui a répondu franco, sans sourciller, sans se démonter : "Je suis certaine de ma légitimité. S'il fallait que je donne des ordres en maillot de bain, je les donnerais en maillot de bain !".

Entre copines de promo, on se le disait tous les jours. Il faut en faire deux fois plus que les hommes pour espérer être considérées comme leurs égales

Laëtitia Saint-Paul

Une fois les galons de poitrines, comme on dit dans le jargon, cousus sur l'uniforme, l'enjeu hiérarchique très imprégné dans l'armée suffit à réduire les troupes masculines au silence. Le chef, c'est la cheffe...et ça chez un soldat ça ne se discute pas.

Les problèmes, les brimades que la jeune femme a dû encaisser, c'était surtout pendant sa formation initiale. "Certains hommes ne me parlaient pas parce qu'ils estimaient que la place de bobonne c'était à la maison ". Ceux-là, elle les a vite oubliés. "Je n'aime pas le féminisme victimaire", avoue la jeune femme.

Après les terrains de guerre, Laëtitia travaille au sein de la brigade franco-allemande. Affectée aux Écoles Militaires de Saumur, elle s'installe en 2013 à Turquant avec son mari et ses enfants. A l'époque, elle est à l’école d’état-major comme officier traitant au sein de la direction des études et de la prospective où elle participe à la refonte de la doctrine interarmes à horizon 2020.

"En Allemagne, j'ai rencontré des élus. C'est là que vient le goût de créer du lien, d'être un trait d'union en l'armée et la nation. Quand je suis arrivée en Maine-et-Loire, j'ai voulu devenir conseillère municipale de mon village. Là j'ai compris le statut général des militaires. Si j'étais élue, je me retrouvais détachée mais sans solde"

Laëtitia Saint-Paul

Membre du Conseil de la Fonction Militaire Terre et du Conseil Supérieur de la Fonction Militaire, elle va faire évoluer les droits politiques des membres des forces armées.

De fil en aiguille, la politique s'en mêle. "J'ai oeuvré à une question prioritaire de constitutionnalité, pour aborder ce point du statut général des militaires. J'ai de la suite dans les idées !", explique la capitaine.

 

"La politique est aussi un combat, le combat des idées"

Depuis la sortie de son livre "Mission : tenir", elle fait beaucoup parler d'elle. Laëtitia Saint-Paul compare son mandat de députée avec son engagement dans l'armée. Et la quadra ne fait pas les choses à moitié.

Son métier de capitaine de l'armée de terre n'est jamais loin derrière. "Moi je ne vois aucune rupture. Lorsque j'ai été élue députée, c'était une continuité dans l'engagement. Beaucoup m'ont dit que c'était un énorme changement. En fait, pas du tout. On peut faire interagir le local, le national et l'international. J'ai foi en l'action politique pour peser sur les décisions. Et ça me fait plaisir de valoriser mon territoire à Paris, d'être cette courroie de distribution."

Ce qui est terrible c'est de constater que 80% des Français ont confiance en leurs militaires et seulement 20% en leurs députés. Je rencontre pourtant beaucoup d'élus locaux et nationaux très engagés dans leurs missions. En fait; à cause de quelques scandales politico-judiciaires qui moi aussi m'ont choqués, le discrédit est jeté sur toute la classe politique. Ces brebis galeuses condamnent toute la classe politique.

Laëtitia Saint-Paul

En fait tout ce qui lui manquait à l'armée, elle l'a emporté avec elle. "J'ai une équipe de cinq collaborateurs autour de moi. C'est comme une petite PME. Je suis très attachée à recréer un esprit d'équipe. Avec toujours ce sens, d'être au service des gens. En fait, j'ai tout embarqué avec, même l'uniforme. J'ai du mal à quitter mes tailleurs bleu marine", plaisante la députée.

Dans son livre, Laëtitia aborde ce que c'est qu'être un chef. Un vrai...

Un chef c'est d'abord beaucoup d'humain. Mais aussi une grande exigence. Je suis exigeante dans mes attentes. Je sais concentrer mes efforts. Je ne me disperse pas. Et je sais déléguer. Ça c'est une qualité fondamentale chez un chef. Si on ne fait pas ça, on se trompe de priorité. J'ai entièrement confiance en mon équipe. On dit à l'armé : la confiance n'exclut pas le contrôle.

Laëtitia Saint-Paul

"La ténacité c'est pour moi une des qualités essentielles dans la vie. Ne pas subir, mais tenir. Réussir à garder le cap. Je suis considérée comme une femme ayant du caractère sans être caractérielle".

Cette journée internationale des droits de la femme, la députée y est très attachée. "Je vois certaines avancées en France mais les femmes attendent beaucoup de nous, sur la question des salaires, des temps partiels".

Vice-présidente de l'Assemblée aux affaires internationales, Laëtitia Saint-Paul, constate tous les efforts qui restent à faire à l'échelle mondiale.

J'ai été conviée en Arabie Saoudite pour célébrer le fait que les femmes aient le droit de conduire. J'ai décliné l'invitation. Hors de question d'apporter ma caution morale à quelque chose qui va tellement de soi. Il faut qu'ils arrêtent de s'en féliciter! 

Laëtitia Saint-Paul

"Beaucoup de femmes raillent aujourd'hui cette journée de la femme. Je leur rappelle que c'est en fait la journée internationale du droit des femmes. Il ne faut pas oublier que si nous avons du mieux en France, naître petit fille aujourd'hui en Afghanistan, c'est autre chose. Les enjeux sont immenses..." 

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