À Saumur, pour les catholiques, ce dimanche 15 mai n'est pas un dimanche comme les autres. À Rome, le pape canonise Charles de Foucauld. À Saumur on connait ce désormais saint comme ancien de l'école de cavalerie, et peut-être aussi comme l'auteur d'un miracle survenu sur la personne d'un charpentier.
À Saumur ce dimanche 15 mai, les croyants suivent sur écran géant la canonisation de Charles de Foucauld. Un presque enfant du pays, Charles de Foucauld, né à Strasbourg le 15 septembre 1858. Devenu saint-cyrien, il a passé quelques années de sa vie à l'école de cavalerie de Saumur. Si on lui connait ici une vie de débauché, le cavalier quittera bientôt l'armée française, oubliera ses frasques pour une vie d'ermite, au Maroc essentiellement.
Sa vie fascine les croyants, voilà un homme fils de bonne famille, officier de cavalerie, qui abandonne la voie tracée par ses origines pour une vie monacale, spartiate, d'explorateur, de géographe, de linguiste. Devenu trappiste, il est en quête d'un idéal encore plus radical de pauvreté, d'abnégation et de pénitence. En Palestine, puis en Lybie et finalement de nouveau au Maroc.
Il y étudie pendant plus de douze ans la culture berbère, et publie le premier dictionnaire touareg-français. Ces travaux sont une référence pour la connaissance de la culture touareg, et font depuis autorité. Il mourra assassiné le 1er décembre 1916 à la porte de son ermitage à Tamanrasset.
Deux miracles, à Milan et Saumur
Il est très vite considéré comme martyr. Son procès en béatification commence en 1927. Il faudra attendre 2001 pour que Jean-Paul II le déclare vénérable, puis 2005 quand Benoît XVI le fait bienheureux. Le 27 mai 2020 François signe le décret reconnaissant un miracle attribué au bienheureux.
Charles de Foucauld pour les chrétiens, est donc à l'origine de deux miracles. L'église reconnaissant comme miracle des guérisons inexpliquées par la science.
Le premier miracle, en 1984, la guérison inexpliquée d’une Italienne de la région de Milan, malade d’un cancer des os, lui ouvre la voie de la canonisation.
Le second, un jeune charpentier a le corps transpercé par le montant en bois d'un prie -Dieu après une chute de 15 mètres de hauteur dans une chapelle.
À ce miracle, le jeune homme a non seulement survécu, mais repris une activité normale sans séquelles deux mois après l'accident. Au même moment la paroisse locale qui porte le nom Charles de Foucauld, célébrait le centenaire de la mort du futur saint.
"Charles de Foucauld est décédé le 1 décembre 1916, l'accident a eu lieu la veille du 1er décembre 2016, au moment des premières vêpres, il se trouve que le charpentier porte le même prénom de Charle (sans s) et que c'est dans ce lieu à l'institution Saint-Louis que la paroisse devait célébrer la fête du centenaire", relate l'abbé Vincent Artarit. Il n'en fallait pas plus pour attribuer, au toujours bienheureux, ce second miracle. Même si le miraculé n'est pas baptisé.
Le Vatican a donc établi, une seconde fois, que cette guérison spectaculaire ne peut s'expliquer par la science. "Le chirurgien qui a opéré Charle a attesté : 'c'était impressionnant mais ça n'a jamais été grave' et c'est ça qui n'est pas explicable scientifiquement. Car d'après les statistiques que font les médecins à partir des accidents du travail en particulier, au-delà d'une chute de 10 mètres, ou on meurt, ou on reste paraplégique", précise Monseigneur Bernard Ardura, postulateur auprès du vatican.
Ce second miracle reconnu par l'église ouvrait définitivement la voie à la canonisation de Charles de Foucauld. Et Charle, le charpentier miraculé, assiste ce 15 mai avec 150 paroissiens saumurois à la cérémonie place Saint-Pierre, à Rome.