Elles sont discrètes mais sont pourtant des alliées indispensables contre les insectes. Les chauves-souris se retrouvent chaque année par milliers dans le coteau saumurois, dans le Maine-et-Loire. Une zone d'importance nationale pour ces espèces rares et menacées.
Benjamin Même-Lafond est chargé de mission à la Ligue de Protection des Oiseaux en Anjou. Il connait bien ces lieux du Saumurois qu'on appelle les troglodytes. Des caves, des couloirs, vestiges d'une époque où l'on creusait dans le coteau pour en extraire la pierre de tuffeau afin de construire les grandes demeures et les châteaux.
Le faisceau de sa lampe torche balaye un instant le plafond minéral d'une troglodyte à Souzay-Champigny, près de Saumur.
" On voit à droite, à gauche, des fissures, fait-il remarquer. C'est le genre d'endroit où les chauves-souris vont venir s'abriter. Notamment quand il y a des petites vagues de froid. Elles vont venir chercher une zone un peu tempérée."
Mais il faut bien reconnaître que les chauves-souris savent se glisser dans les petits interstices et qu'il n'est pas simple de les observer.
"Si vous arrivez à glisser le pouce dans un trou, explique Benjamin, une chauve-souris, elle rentre ! Ça arrive à se glisser n'importe où."
Puis le faisceau lumineux trouve une chauve-souris toute petite, accrochée au plafond. Benjamin baisse la voix et murmure pour ne pas déranger l'animal qui ne fait que quelques centimètres.
"Elle va se poser et ne pas bouger de l'hiver"
"Elle va arriver au mois de novembre souvent, nous apprend-il. Elle va se poser à un endroit, et elle ne va pas bouger de l'hiver."
Des chauves-souris comme cette Murin à moustaches, il y en a des milliers dans les cavités en tuffeau du coteau Saumurois. Ce site de 30 km héberge 20 des 36 espèces répertoriées en France. Il est prisé de cet animal pour sa proximité avec la Loire, riche en insectes et son vaste réseau souterrain.
"Chaque espèce va y trouver son compte, ses habitudes, explique Benjamin Même-Lafond. Elles aiment bien retourner au même endroit. Le centre-ouest est important. On a moins de gros sites qui vont concentrer beaucoup d'individus sur une seule entité mais plutôt plein de petits sites, des centaines de petites galeries qui vont avoir quelques dizaines d'individus."
Ce qui contribue à favoriser les espèces. Et leur présence est significative des lieux demeurés protégés.
"Plus il y a de chauves-souris, mieux c'est"
"Les chauves-souris sont insectivores. Elles régulent les populations d'insectes, précise Benjamin. Ce sont des témoins de l'état de notre environnement. Plus il y a de chauves-souris, mieux c'est. Sur les sites Natura 2000, on sait qu'il y a plus de chauves-souris. Elles disparaissent moins rapidement qu'ailleurs sur le territoire."
Mais la chauve-souris déteste être dérangée dans son habitat naturel. La LPO multiplie donc les contacts avec les propriétaires de ces lieux qu'apprécie le mammifère volant pour les inciter lorsqu'ils sont abandonnés, à les fermer pour éviter les intrusions nocives.
"Les actions qui sont mises en place par la LPO, explique Etienne Sarazin, bénévole LPO, c'est d'entrer en contact avec les propriétaires et de mettre en place des fermetures qui vont être d'une part adaptées aux chauves-souris, c'est dire avec des barreaux horizontaux suffisamment écartés pour permettre le passage des chauves-souris et une fermeture efficace qui empêche le dérangement des chauves souris qui vont venir s'installer dans la cavité."
"La chauve-souris n'est plus capable d'atteindre le printemps et peut mourir"
Car les déranger peut les mettre en danger, notamment l'hiver lorsqu'elles hibernent et attendent les beaux jours pour retourner se nourrir.
"Il faut savoir qu'une chauve-souris, indique Etienne Sarazin, lorsqu'elle est en hibernation, son rythme cardiaque s'abaisse à quelques battements par minute. Sa température également est très basse. Le dérangement les oblige à se réchauffer pour pouvoir ensuite s'envoler. Si on répète ça plusieurs fois par hiver, la chauve souris n'est plus capable d'atteindre le printemps et peut mourir avant l'arrivée du printemps."
Préserver les habitats en concertation avec les propriétaires
Pour protéger ces habitats, la LPO et le parc naturel régional Loire Anjou Touraine accompagnent les propriétaires. Une trentaine de sites ont déjà été aménagés.
"On a des caves qui sont utilisées à la fois pour du stockage de vin avec une exploitation viticole et une partie de la cave elle, est réservée aux chauves-souris et les deux cohabitent très bien, constate Bastien Martin, référent chauves-souris au Parc naturel régional Loire Anjou Touraine. C'est un travail de concertation, de sensibilisation et d'information qu'on mène au parc (Parc Régional Loire Anjou Touraine) et avec la Ligue de Protection des Oiseaux envers tous les propriétaires privés ou publics."
La chauve souris est une espèce protégée qui contribue notamment à la lutte contre les ravageurs des cultures.