Transgenre. Elle s'appelle désormais Syntia, ça n'a pas plu à son employeur. L'affaire devant les Prud'hommes d'Angers

Faire son coming-out n'est pas une mince affaire. C'est un peu la loterie par rapport à l'entourage personnel ou professionnel. Ce qui est arrivé à Syntia, rejetée par son employeur, un restaurant de la chaîne McDonald's, à Segré-en-Anjou-Bleu, dans le Maine-et-Loire, est sans doute significatif de ce que vivent les personnes transgenres.

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Lundi 15 avril, les conseillers prud'homaux d'Angers se penchaient sur une demande effectuée par une femme qui se plaignait du harcèlement de la part de son employeur, le manager d'un restaurant McDonald's de Segré-en-Anjou-Bleu, une commune du nord du Maine-et-Loire.

En janvier 2023, il est devenu Syntia, une femme. Ce changement, que Syntia a exprimé notamment en arrivant maquillée à son travail, n'a pas plu à son manager. 

S'en sont suivis différents incidents, l'employeur demandant à Syntia de continuer de se présenter avec son ancien prénom ou de se démaquiller.

Le manager va jusqu'à sommer Syntia d'aller acheter du démaquillant. L'employée obtempère, quitte le restaurant, mais ne revient pas ce jour-là. Elle sera convoquée pour absence injustifiée.

Après une audience de conciliation en décembre 2023, l'affaire revenait devant les Prud'hommes d'Angers ce lundi. La CFDT accompagnait la jeune femme dans sa procédure pour harcèlement et transphobie.

"La première personne qui a commencé à faire des remarques, c'est le superviseur", nous raconte Syntia qui est en arrêt depuis un an suite à cette ambiance délétère à son travail. Ensuite, c'est le directeur du restaurant qui, selon Syntia, s'est mal comporté. Par deux fois, sa hiérarchie lui a demandé de rentrer chez elle.

"Je m'en suis prise plein la gueule"

"J'ai voulu porter plainte, poursuit Syntia, mais on m'a dit d'aller directement aux Prud'hommes. Après, il y a eu un entretien d'une heure où je m'en suis prise plein la gueule. Une semaine après, j'étais en arrêt."

La direction fait savoir également au personnel par une note de service qu'elle refuse que Syntia soit appelée par ce prénom, mais qu'elle doit être appelée par son prénom d'homme. 

La jeune femme dit n'avoir eu aucun problème avec ses coéquipiers et les managers du restaurant, mais elle ne souhaite pas retourner travailler dans ce restaurant. Ce qu'elle demande, c'est une résiliation judiciaire du contrat aux torts de l'employeur, une indemnisation à hauteur de 30 000 € pour le préjudice moral et pour compenser les pertes financières dues à l'arrêt de travail.

De son côté, à l'audience, la direction du restaurant a expliqué qu'il n'y a eu ni discrimination ni harcèlement.

De la transphobie

"On parle bien de transphobie, déclare son avocate, Maître Vaubois. On n'est pas juste sur de la maladresse. Quand on fait des remarques sur le prénom, sur le maquillage, l'allure en général, on est au-delà d'une maladresse que l'on pourrait à la rigueur entendre."

Ce qui confirme cette transphobie, selon l'avocate, c'est le fait, également, que des courriers recommandés ont été envoyés à la salariée.

C'est le premier emploi de Syntia. Elle n'a que 21 ans.

Le Conseil des Prud'hommes rendra sa décision le 24 juin.

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