Deux types de salmonelles ont été retrouvés dans des produits fabriqués par la tour n°2 de l'usine Lactalis de Craon en Mayenne lors d'auto-contrôles réalisés par le groupe peu avant le début de l'affaire du lait contaminé. L'association des victimes demande de nouveau la fermeture de l'usine.
"L’ensemble de l’usine Célia de Craon, propriété du groupe Lactalis, était bien contaminée par des salmonelles en décembre 2017, y compris la Tour 2 ,pourtant signalée depuis quelques mois comme épargnée par la bactérie", déclare l'AFVLCS, l’Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles.C'est ce qui ressort d'un compte-rendu de réunion de sécurité sanitaires organisés par le Ministère de la santé et dont l'AFVLCS a eu connaissance.
Le 20 décembre 2017, Lactalis a étendu son retrait et rappel "à l'ensemble des produits fabriqués sur le site de Craon depuis le 15 février 2017 à la suite de la mise en évidence de Salmonella mbandaka et Salmonella Agona dans des produits fabriqués par la Tour n°2", poursuit l'association, citant le compte-rendu.
Or, depuis le début du scandale du lait contaminé début décembre 2017, "Lactalis a toujours assuré que le phénomène de contamination était limité à la tour n°1 de l'usine, qui a été depuis définitivement fermée".
Ce vendredi matin, la direction de Lactalis dément "fermement" l'information selon laquelle les produits de la tour n°2 sont contamines.
"S’il y a bien eu des autocontrôles positifs dans l’environnement de la tour n°2 en aucun cas il y a eu mise en évidence de salmonelle "dans les produits fabriqués par la tour n°2" avant déclenchement de la crise début décembre", assure Lactalis, qui précise que cette information peut être vérifiée "notamment auprès de la DDCSPP."
L’enfumage permanent et l’irresponsabilité du groupe Lactalis
"C’est sur l’absence de contamination dans la tour 2 que s’appuie Lactalis pour justifier la réouverture de l’usine" a indiqué Quentin Guillemain, Président de l’AFVLCS.
"Une nouvelle fois, ces dernières révélations démontrent l’enfumage permanent et l’irresponsabilité du groupe Lactalis, toujours en quête de ne pas perdre ce marché extrêmement rentable de l’alimentation infantile", s'insurge l'AFVLSC qui exige la fermeture de l'usine de Craon, car "l’ensemble du site a été contaminé. Il est hors de question de ne fermer qu’une seule partie de l’usine".
Le 8 novembre dernier, l'association de victimes avait déjà demandé la fermeture définitive du site de Craon "au vu de la présence d'une dizaine de type de salmonelles pendant plus de dix ans, de l'incompétence de Lactalis pour les anéantir et des services de l'Etat d'assurer les contrôles nécessaires pour garantir des produits sains".
Selon Quentin Guillemain, sur les contrôles effectués entre 2005 et 2017 par le groupe Lactalis lui-même, une centaine se sont révélés positifs aux salmonelles.
Des accusations que Lactalis avait "fermement" démenties, rappelant que "ces analyses concernent uniquement l'environnement du site sur les dix dernières années et en aucun cas les produits finis et commercialisés".
Une année de scandale pour Lactalis
Le 2 décembre 2017, Lactalis avait procédé à un premier rappel de laits infantiles potentiellement contaminés par la salmonelle. Plusieurs rappels de lots de lait contaminé avait été effectués dans les jours qui avaient suivis.
35 nourrissons atteints de salmonellose étaient dénombrés. Le 26 décembre, Lactalis était visé par une enquête pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui".
La production de lait infantile avait été stoppée sur le site de Craon dès le 8 décembre. Deux mois plus tard, Lactalis mettait fin à l'activité de production de la tour de séchage n°1.
Fin 31 mai dernier, la production de lait infantile reprenait en phase de test sur le site de Craon, sans "aucune commercialisation des produits". Après plus d'un mois de tests techniques de production, des analyses et des inspections officielles, l'état avait donné son feu vert à Lactalis pour redémarrer la fabrication de lait en poudre pour bébés.
En septembre dernier, la commercialisation des poudres de lait infantile produites dans la tour de séchage n°2 su site Lactalis de Craon avait repris.