Consultation à 26,50 euros : les médecins libéraux en grève. "J'ai dû faire un emprunt pour payer les charges du cabinet"

Après un vendredi noir dans les cabinets médicaux de la Mayenne, où 90% des médecins libéraux de la Mayenne étaient en grève, ce début de semaine encore, de nombreux praticiens gardent leur rideau baissé. La situation pourrait perdurer dans les prochains jours. Les syndicats réclament une revalorisation tarifaire des consultations et la suppression de la proposition de loi Valletoux.

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Difficile de décrocher un rendez-vous chez votre médecin généraliste ce mardi 17 octobre, ou encore de joindre un médecin de garde dans la soirée. 

Depuis vendredi 13 octobre, la plupart des médecins généralistes libéraux ont entamé une grève illimitée pour préparer le terrain avant une nouvelle négociation tarifaire avec la Sécurité sociale.

Le tarif de la consultation à 25 euros depuis 2017, ce n'est plus possible. C'est mépriser la médecine de proximité

Dr Luc Duquesnel

Médecin généraliste à Mayenne et président des généralistes de la Csmf

Les syndicats jugent insuffisante la hausse de 1,50 euro du prix de la consultation, qui entrera en vigueur le 1er novembre prochain. "C'est vécu comme une humiliation au regard de l'investissement des médecins auprès de leurs patients. Au 1er novembre, on ne passera pas à 26,50 euros mais à 30 euros", prévient d'emblée le docteur Luc Duquesnel, médecin généraliste à Mayenne et président de la Confédération des syndicats médicaux français.

L'effectif des médecins libéraux en France a baissé de 11,8% depuis 2010, alors que celui des médecins salariés a augmenté de 13,4% sur la même période.

Conseil national de l'Ordre des médecins

Mais d'ici-là, les syndicats espèrent la reprise des négociations tarifaires avec l'Assurance maladie, et surtout, la lettre de cadrage du ministre de la Santé Aurélien Rousseau qui sera connue ce mardi, avec les grandes lignes de la négociation conventionnelle des médecins généralistes.

"Il faut dès à présent une convention médicale qui redonne du sens à notre métier, des moyens pour continuer à pratiquer des soins de qualité. La situation ne peut plus durer comme ça, ce n'est plus possible !", alerte le généraliste.

Dernièrement, une médecin généraliste m'a dit qu'elle a dû faire un emprunt en décembre dernier pour payer ses charges ! C'est dire...

Dr Luc Duquesnel

Médecin généraliste à Mayenne et président des généralistes de la CSMF

Un métier délaissé par les étudiants en médecine

Alors qu'aujourd'hui en France, près de la moitié des médecins libéraux arrivent à l'âge de partir à la retraite, se pose la question de la relève... "On voit aujourd'hui en faculté de médecine, des jeunes internes en médecine générale, qui au bout de leur premier ou deuxième stage, faire machine arrière pour s'orienter vers d'autres spécialités, comme l'ophtalmologie ou la cardiologie", s'alarme le docteur. 

Vers une médecine de proximité "low cost"

Ils sont de plus en plus nombreux en France : les Centres de soins non programmés. Une nouvelle offre de soins de proximité avec des médecins libéraux à la cadence soutenue. "C'est un modèle économique rentable, avec six à huit consultations par heure, explique le Dr Duquesnel, et ils n'ont pas les mêmes responsabilités que les médecins de "famille", qui assurent un suivi de leurs patients".

Après ma dernière consultation le soir, je regarde tous les résultats des labos que j'avais demandés pour mes patients, j'épluche les courriers qui arrivent de l'hôpital pour mes patients hospitalisés, les courriers des généralistes ... C'est une heure et demie de travail en plus tous les soirs !

Dr Luc Duquesnel 

Médecin généraliste à Mayenne et président des généralistes de la CSMF

Autre revendication : revoir les propositions de la loi Valletoux, contre les déserts médicaux, une loi qui sera examinée fin octobre au Sénat. Elle vise à améliorer l'accès aux soins, mais sans régulation des installations des médecins. Les médecins spécialistes redoutent d'être mobilisés pour assurer des gardes, voire d'être forcés d'aller en assurer à l'hôpital public. Une loi jugée trop coercitive alors que le nombre de médecins diminue chaque année un peu plus.

Ce mardi, de nombreux cabinets médicaux seront encore fermés, dans l'attente d'une reprise de la négociation tarifaire avec la Sécurité sociale, qui devrait s'ouvrir avant le 1er novembre.

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