Flamme olympique : "Quatre Robocops me sont immédiatement tombés dessus", plaqué au sol pour avoir brandi un drapeau palestinien sur le passage du flambeau

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Le directeur de théâtre Jean-Luc Bansard, a été verbalisé jeudi 29 mai à Laval, en Mayenne, à l'occasion du passage de la flamme olympique pour "participation à une manifestation interdite". Le mis en cause a reçu plusieurs soutiens, tandis que de nombreux militants associatifs dénoncent un climat de plus en plus liberticide à l'approche des JO 2024.

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Alors que la flamme olympique poursuit son trajet jusqu'à Paris et faisait étape à Laval (Mayenne) ce jeudi 29 mai, Jean-Luc Bansard, le directeur du théâtre du Tiroir, a voulu profiter de la visibilité de l'événement pour brandir un drapeau palestinien, cause à laquelle il est très attaché.

Il entend ainsi alerter sur le drame humanitaire qui s'y joue, depuis qu'Israël a lancé une offensive en réponse à l'attaque terroriste du Hamas sur son sol le 7 octobre dernier.

"J'ai trois amis dans le domaine du théâtre qui sont actuellement à Gaza dans des camps de réfugiés et qui risquent les bombardements chaque jour", explique le directeur de théâtre, qui a fait plusieurs voyages dans l'enclave depuis 1999.

"Tout ça m'horrifie, on laisse les athlètes israéliens participer sous les couleurs de leur drapeau alors qu'on l'a refusé à la Russie après l'invasion de l'Ukraine, ça sonne vraiment comme un deux poids, deux mesures pour moi." Ses plans ont néanmoins très rapidement été contrariés par l'intervention des gendarmes.

Verbalisé pour un drapeau

Alors qu'il se rend à l'événement, le drapeau dissimulé dans son parapluie, en compagnie de quelques amis pour immortaliser en photo son geste, Jean-Luc Bansard raconte avoir immédiatement été approché par des gendarmes aux abords du parcours.

"Ils ont prétendu que c'était un contrôle aléatoire, puis qu'ils auraient besoin de m'emmener au poste pour vérifier que ma carte d'identité est bien une vraie."

Des explications auxquelles ne croit pas l'intéressé, qui voit surtout dans cette démarche un moyen de lui faire rater le passage de la flamme.

"Je suis retourné sur le parcours en courant aussitôt après qu'ils m'ont relâché, mais j'ai à peine eu le temps de sortir mon drapeau que quatre Robocops (nom donné au robot policier du film éponyme ultra-violent de l'Américain Paul Verhoeven, ndlr) me sont tombés dessus. Là, j'ai eu le droit au visage collé par terre pendant cinq minutes, à une fouille jusqu'aux parties intimes et une menace de garde à vue."

Je m'étais même assuré auprès de celui qui relaierait la flamme à ce moment-là que mon action ne le dérangeait pas.

Jean-Luc Bansard

Directeur du Théâtre du tiroir à Laval et militant propalestinien

Le militant s'est finalement vu infliger une amende de 135 € pour violation de l'arrêté préfectoral du 24 mai 2024, qui interdit toute manifestation ou rassemblement revendicatif non déclarée au préalable et "de nature à troubler l’ordre public" ou "susceptible d’affecter le respect de la dignité de la personne humaine".

Contexte de plus en plus répressif

Dans un communiqué, le syndicat FO 53 dénonce une "nouvelle attaque contre la liberté d'expression" visant un "citoyen pacifique" qui "n'a pas manifesté au sens strict du terme". Une amende "dans le droit fil de la répression gouvernementale à l’encontre de toute action en défense du peuple palestinien", s'insurge pour sa part le Collectif citoyen 53 pour une Paix juste et durable en Palestine, dont fait partie Jean-Luc Bansard.

Selon ce dernier, ce sont ses actions en parallèle qui lui valent l'intérêt tout particulier de la préfecture. Le militant organise en effet chaque jour à 17h avec le collectif des lectures de lettres de ses amis Gazaouis sur le Parvis des Droits de l’homme à Laval, devant une quinzaine de personnes.

"Je pense que c'est à cause de ça que les autorités ne me portent pas de leur cœur", soupçonne le militant. En novembre dernier, le militant a fait infirmer devant la Justice l'interdiction de manifester qui avait été intimée par la préfecture de Mayenne, condamnant au passage cette dernière à lui verser une somme de 1 000 €, une information que nous a confirmée l'avocate Fleur Pollono, qui a plaidé sa cause.

"Je pense que je suis sur écoute depuis, autrement je ne vois pas comment les gendarmes m'auraient trouvé aussi rapidement dans la foule hier."

Les prochains rassemblements du collectif seront ainsi l'occasion de récolter des pièces jaunes pour l'aider à payer son amende.

Je ne vois pas comment on peut qualifier cela de manifestation alors qu'il s'agit d'un acte solitaire.

Jean-Luc Bansard

Directeur du théâtre du Tiroir à Laval et militant propalestinien

De son côté, le Tribunal judiciaire de Laval indique que le directeur de théâtre a été contrôlé "au regard de son comportement agité", puis qu'il se serait "dirigé vers le cortège malgré les injonctions de la gendarmerie".

L'événement est loin d'être isolé. De nombreux militants, des droits de l'homme, mais également écologistes, font état d'un climat de plus en plus répressif envers leur action dans l'espace public à l'approche des Jeux olympiques, aux forts enjeux sécuritaires.

Parmi les derniers événements en date, l'interpellation d'un bateau à Angers (Maine-et-Loire) le 28 mai dernier alors qu'il transportait un drapeau israélien, taché de rouge, et un drapeau palestinien, là aussi à l'occasion du passage de la flamme, selon une information Ouest-France.

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