Basée près de Laval, Renaissance textile est la première usine de recyclage en France pour le textile, l'une des industries les plus polluantes au monde. À l'occasion de la semaine européenne de réduction des déchets, l'entreprise démontre comment elle utilise la fibre des vieux vêtements pour en créer de nouveaux.
Tout près de Laval, une usine de Changé met les vieux vêtements à rude épreuve. Ici, les jeans et les blouses sont découpés en petits carrés de textile par une machine révolutionnaire. L'effilocheuse - c'est son nom - réussit l'exploit de ramener ces tissus à l'état de fibres.
Grâce à la machine, 85% de la matière peut être réexploitée pour créer de nouveaux habits. "Nous retirons de manière automatique tout ce qui va être boutons, fermetures éclair, zips... Et ça c’est une vraie nouveauté," confie Nicolas Nojac, le directeur d’exploitation de Renaissance textile, une once de fierté dans la voix.
De la guenille à la fibre
La fibre qui sort de l'effilocheuse est ensuite transformée en tissu, puis en nouveaux vêtements. Après des mois d’essais et 25 millions d’euros d’investissement, cette usine est la première en France à recycler le textile à l’échelle industrielle.
L’objectif est de pouvoir travailler 13 000 tonnes de fibre par an, aujourd’hui il faut savoir que sur le marché français on estime à peu près à 800 000 tonnes la quantité de textile qui est mis tous les ans sur le marché
Nicolas Nojacdirecteur commercial de Renaissance textile
"13 000 tonnes, c’est déjà une belle quantité. Ça permet de reproduire 42 millions de vêtements," poursuit Nicolas Nojac.
Un cercle vertueux
Située à quelques kilomètres de l'usine, une blanchisserie indépendante, l'une des plus importantes de France, est l'un des tout premiers clients de la plateforme de recyclage. Cette dernière lui a déjà fourni trois tonnes de linge en fin de vie. Jusque là, leurs déchets textiles étaient transformés en chiffons ou incinérés. Grâce à cette seconde vie, l'empreinte carbone de ces vêtements est divisée par 10.
"Aujourd'hui on travaille avec un prestataire de recyclage qui nous achète notre linge à recycler. Demain, avec Renaissance textile, on vient payer pour cette prestation de recyclage, explique Anaïs Laurent, chargée du service qualité à la blanchisserie du Maine. C'est un coût pour notre entreprise, concède-t-elle, mais c'est une volonté de la part de la direction de rentrer dans cette démarche vertueuse."
Fondée par trois entreprises du secteur, la plateforme Renaissance textile souhaite répondre à la problématique environnementale causée par l'industrie textile, deuxième secteur le plus pollueur après celui du pétrole.