Les opposants au projet d'extension de la carrière Lafarge Granulats se sont donné rendez-vous devant l'hôtel de ville de Château-Gontier ce samedi 23 mars 2024. Habitants mais aussi élus étaient présents pour dénoncer des risques pour l'environnement en cas d'extension.
L'opposition au projet d'extension de cette carrière de sable gérée par le géant du béton Lafarge sur les communes de Château-Gontier et Marigné-Peuton en Mayenne remonte à l'été 2022.
La carrière qui extrait du sable pour les chantiers régionaux et fonctionne pour le compte du groupe Lafarge depuis 2001 entend passer de 43 hectares d'exploitation à 93 hectares.
Le projet d'extension tel qu'il a été prévu concerne 50 hectares dont 28 hectares de zones humides et 17 hectares de forêt.
Une extension en plein corridor écologique
Inacceptable pour les opposants, membres d'association et élus qui ont déposé plusieurs recours devant les juridictions compétentes.
Le cimentier Lafarge explique de son côté que "tout est fait pour préserver le site".
Quant aux hectares de bois qui devraient être déracinés, "il fallait de toute façon les régénérer" explique en mars 2023 le groupe Lafarge.
A voir sur le même sujet le reportage de mars 2023 de Pierre-Erik Cally et Florie Cotenceau :
250 manifestants mobilisés
Ce samedi 23 mars 2024 la mobilisation se veut pacifiste mais déterminée.
Les slogans sur les pancartes sont clairs : "Lafarge carnage sauvons le bocage" peut-on lire ou encore "Lafage laisse béton".
En ce début de week-end c'est un public familial qui a répondu à l'appel du collectif Sud-Mayenne en Transition, organisateur de longue date de cette mobilisation.
Venez nombreux nous rejoindre ! #chateaugontier pic.twitter.com/osCwfwf1YW
— Sud Mayenne en Transition (@en_sud) February 23, 2024
Les 250 manifestants défilent en centre-ville de Château-Gontier en dénonçant un risque environnemental si cette extension se réalisait.
Notamment pour la faune et la flore avec 44 espèces menacées mais aussi pour la population en raison de la présence d'une nappe phréatique qui alimente le secteur en eau potable.
La nappe phréatique, située sous la carrière et son extension, est la seule en Mayenne a avoir un volume assez conséquent qui permettrait d’en faire une alternative à la fourniture en eau d’une grande partie des citoyens mayennais en cas de rupture d’approvisionnement par la rivière.
collectif Sud Mayenne en transition
Il y a là des habitants des communes concernés, des membres d'associations de protection de l'environnement mais aussi des élus.
Parmi eux le maire de Château-Gontier.
Philippe Henry est aussi président de la Communauté de communes du Pays de Château-Gontier.
Lui aussi dénonce la présence d'un "corridor écologique" sur le passage de la future extension de la carrière. Et évoque un risque pour les nappes phréatiques.
Des réserves d'eau précieuses
"On sait que demain on aura besoin d'avoir de l'eau souterraine pour venir combler l'eau brute qui nous manquera dans nos rivières" affirme Philippe Henry.
C'est un terrain sableux donc très perméable : chaque goutte d'eau qui tombe on la stocke dans le sol et dans le sous-sol
Philippe Henrymaire de Château-Gontier
"Pour nous c'est une réserve possible pour les périodes notamment estivales très chaudes" conclut le maire de Château-Gontier.
Une bataille de procédures
La préfecture de Mayenne a autorisé l'extension demandée par le groupe Lafarge.
Mais des recours administratifs ont été déposés par les deux communautés de communes concernées (Pays de Château-Gontier et Pays de Crâon) est le projet est stoppé en l'état.
Car pour l'instant, d'après le maire de Château-Gontier, "le rapporteur public explique qu'aujourd'hui le Plan Local d'Urbanisme a force de loi par rapport aux recours de l'État et de Lafarge"
Un statu quo qui reste valable tant que le Tribunal Administratif de Nantes n'a pas traité et jugé le dossier sur le fond.
Une décision qui est attendue dans les prochaines semaines.