Depuis quelques jours, les réseaux sociaux mettent en cause un enseignant de Laval. Celui-ci parlerait de façon choquante à certaines élèves vêtues trop court selon lui. Le prof parle de rumeurs et a porté plainte pour diffamation.
Mais que s’est-il passé au collège Emmanuel de Martonne de Laval ? Un enseignant a-t-il en effet parlé à certaines élèves de façon déplacée ?
Ou s’est-il contenté, comme le dit la direction aux élèves, de faire respecter le règlement intérieur en matière d’habillement.
Depuis plusieurs jours, des jeunes filles se plaignent d’avoir été éconduites assez sèchement car elles étaient trop légèrement vêtues. En cause notamment cet habit "crop-tops", un tee-shirt arrivant à mi ventre qui laisse voir le nombril.
Faux, répond l’enseignant, qui parle de calomnies et a porté plainte pour diffamations.
"Ne t’étonne pas si tu te fais violer"
Ce jeudi après-midi, deux adolescentes de 14 ans attendent leur bus scolaire devant le collège.
Nous leur demandons si on parle dans l'établissement."Oui, et nous on est même à l’origine de l’affaire." répondent-elles.
A la question : il vous a vraiment parlé comme ça ? Ce n’est pas on m’a dit que quelqu’un avait dit qu’il avait dit…Péremptoires, les deux ados répondent "oui".
"J’étais habillée très court et il m’a dit : ne t’étonne pas si tu te fais violer'" raconte l’une d’elle.
Nous lui redemandons plusieurs fois si c’est bien à elle que les propos ont été tenus, si elle confirme. "Oui" sans hésitation.
Sa camarade, elle, relate un autre incident.
"J’avais un tee-shirt court : il m’a dit ne t’habille pas comme ça, tu vas exciter les garçons. J’ai demandé dans la cour aux copains ce qu’ils en pensaient, il m’ont répondu que j’étais habillée normalement, que ça ne les choquait pas".
Même demande de confirmation. Même réponse.
Deux autres filles arrivent alors, et défendent le prof : "c’est les réseaux sociaux qui disent n’importe quoi ".
Pour le Principal du collège, que nous avions joint la semaine dernière, le dossier est en cours et bien que sollicité, il ne répondra pas à la presse. Il renvoie vers l’Inspection d’Académie qui, elle nous répond qu’il n’y a aucun élément probant pour le moment.
Reste ces réseaux sociaux qui, on le sait, peuvent propager des contre-vérités destructrices.
La Procureure de la République, de son côté, précise qu’elle n’a enregistré aucune plainte des familles.
"Un lynchage public sur les réseaux sociaux"
Alors le syndicat FO, lui, se dit solidaire de cet enseignant et vient de réagir en appelant à faire grève le 14 juin prochain dans un communiqué, "les personnels sont inquiets des attaques que subissent régulièrement des collègues sur les réseaux sociaux, et particulièrement des conséquences désastreuses que pourraient provoquer ces allégations sans fondement sur leur santé et leur vie personnelle et familiale".
FO rappelle "le principe juridique de la présomption d’innocence selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n'a pas été légalement démontrée", ajoutant que "ce n’est pas la première fois que des personnels de L’Education Nationale font l’objet d’un lynchage public sur les réseaux sociaux.
Le syndicat demande à ce que "l'administration protège sans délai ses agents face aux agressions dont ils peuvent être victimes sur les réseaux sociaux et que les propos injurieux, diffamatoires, et les allégations diffusés à l'encontre d’un personnel soient retirés"
FO appelle "tous les personnels du département à faire grève" ce lundi 14 juin 2021 et à se rassembler devant le collège De Martonne à 12h30.