Le retour de la Ligue 2 cette semaine sera mouvementé. Dans un communiqué commun, les groupes de supporters dénoncent la tenue des matchs le vendredi soir ou le lundi soir et annoncent une grève reconductible. En Pays de la Loire, les supporters du Stade lavallois s'y associent.
Le déplacement à Paris le 5 octobre, celui à Caen le 8 mars et, surtout, celui au stade vélodrome pour encourager les Lavallois face à Martigues lors de la 14ᵉ journée de championnat… Autant de croix cochées sur son calendrier que Paul a dû effacer.
La diffusion du multiplex de Ligue 2 le vendredi et de certains matches le lundi sur beIN sports, alors qu'ils devaient être retransmis le week-end, annulent les plans du jeune homme de 27 ans. Supporter du Stade Lavallois depuis son plus jeune âge et membre du groupe Gotan's, il a été témoin des plus grandes réussites comme des plus grands échecs de son club.
Programmer des matches en semaine est un manque de respect envers les supporters
PaulSupporter du Stade Lavallois
Comme chaque saison, Paul a repris son abonnement au stade. Il compte bien profiter de chaque match à Laval, parce qu'il va devoir faire l'impasse sur les rencontres à l'extérieur. "Comment je fais pour encourager mon équipe à l'autre bout de la France un vendredi ou un lundi soir, si je quitte mon travail deux heures avant le coup d'envoi ?", questionne-t-il, agacé.
Le supporter se considère toutefois chanceux par rapport à ceux qui ne pourront pas venir à domicile, faute de temps. "Pour beaucoup d'entre nous, le football est une échappatoire, une façon de s'évader d'un quotidien pas toujours rose. Programmer des matches en semaine est donc un manque de respect", soutien Paul.
Puis, parce que la Mayenne est rurale, nombreux sont ceux qui ont de la route à faire pour venir à Laval soutenir leur équipe. Le football français s'éloigne ainsi encore un peu plus de sa base populaire, qui fait pourtant vivre ses stades.
Ni chant, ni drapeau
Annoncée le 1ᵉʳ août dernier, la nouvelle a indigné tous les supporters du championnat français, poussant ainsi les groupes d'ultra à s'associer dans un communiqué. Cette action est inédite. "La reprise [de la saison] se fera dans un silence à la hauteur de notre exaspération", préviennent-ils. Une grève va donc investir l'ensemble des tribunes de la Ligue 2 dès la reprise du championnat ce vendredi 16 août.
Les supporters indiquent également se réserver le droit de "perturber les rencontres diffusées par beIN sport". Les journalistes présents sur place ne devraient pas être pris à partie", précise Paul qui s'attend surtout à l'agitation de banderoles estampillées "le foot, c'est le week-end."
Et les bancs du Stade Francis-Le-Basser ne feront pas exception. "De la première à la 90ᵉ minute, on ne chantera pas et on n'agitera aucun drapeau", Noémie, membre du bureau du Laval Crew. Ce groupe, signataire du communiqué, appelle l'ensemble des fans à rester de simples spectateurs, muets.
"À l'origine, il était question de programmer la Ligue 2 le samedi et le dimanche. C'était parfait… Puis, on a appris seulement deux semaines avant le début du championnat que ce n'était pas le cas", déplore la supportrice lavalloise. Conséquences de ce retournement de situation ? Moins d'adhésions que prévu au sein de l'association et un premier déplacement à Grenoble chamboulé.
Au lieu d'être une dizaine, on ne sera que deux ou trois...
NoémieMembre du Laval Crew 2017
Déjà que les 10 heures de routes pour rejoindre la capitale iséroise ne rameutent pas les foules, la tenue de ce premier match un vendredi soir réduit considérablement la délégation lavalloise au Stade des Alpes. "Au lieu d'être une dizaine, on ne sera que deux ou trois…", soupire Noémie.
Trouver un compromis
Du côté de la direction du club, la décision semble digérée, mais pas plus appréciée. "beIN, le diffuseur, et la Ligue Professionnelle de Football ont tranché, seuls. C'est leur choix et on le subit puisqu'on n'a pas eu notre mot à dire", regrette Laurent Lairy, président du Stade Lavallois.
L'homme d'affaires assure toutefois que des discussions sont en cours. "On a déjà réussi à reculer les matchs du vendredi soir à 20 h au lieu de 19 h 45. C'est une première petite victoire qui va permettre à certaines personnes de venir au match après le travail", estime-t-il.
beIN va bien se rendre compte que diffuser des matchs qui se tiennent dans des stades vides n'a rien d'intéressant
Laurent LairyPrésident du Stade Lavallois
Laurent Lairy croit également pouvoir convaincre les instances de reprogrammer le multiplex le samedi. "Pas tout de suite, mais au cours de la saison", tempère le président, convaincu qu'un compromis pourra être trouvé. "Puis, beIN va bien se rendre compte que diffuser des matchs qui se tiennent dans des stades vides n'a rien d'intéressant", lâche-t-il.
Une prise de position saluée par les supporters du Stade Lavallois qui attendent que ces déclarations se transforment en acte.
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