Pollution à Saint-Jean-sur-Mayenne : le chauffeur d'une société d'hydrocurage accuse sa société

Les deux lagunes de Saint-Jean-sur-Mayenne, situées dans une zone naturelle d’assainissement, et la mare d’un particulier ont été polluées par des huiles de vidange déversées volontairement ce vendredi 12 avril. Le chauffeur d'une société d'hydrocurage pointe son entreprise du doigt.
 

Un homme, se présentant comme étant l'un des chauffeurs d'une société d'hydrocurage, affirme que son entreprise est responsable de la pollution à l'huile de vidange qui a touché les lagunes d'assainissement de Saint-Jean-sur-Mayenne, à une dizaine de kilomètres au nord de Laval.

C'est ce que révèlent nos confrères de France Bleu Mayenne qui ont reçu, dimanche 21 avril, un appel téléphonique de l'accusateur.

Le salarié de la société d'hydrocurage a affirmé que son entreprise pratique ses rejets sauvages depuis trois ans, dans différents regards d'eaux usées. 8 000 à 10 000 tonnes de ces déchets seraient ainsi déversés chaque année par l'entreprise, sur une "directive" du patron. 

Si l'homme parle aujourd'hui c'est, selon les propos qu'il a confié à France Bleu Mayenne, parce qu'il n'en peut plus de ces pratiques. Ce salarié affirme travailler depuis 18 mois pour la société d'hydrocurage, dont le patron intimiderait ses salariés.

Une facture de 100 000 euros à Saint-Jean-sur-Mayenne

8 à 10 tonnes d'huile de vidange ont fini dans une lagune sur la commune de Saint-Jean-de-Mayenne, au nord de Laval, vendredi 12 avril.

90 tonnes d'eau souillées aux hydrocarbures ont été pompées pour enrayer la pollution. De la chaux vive a été dispersée sur 350 tonnes de matière polluée.

Montant estimé du préjudice : 100 000 euros que l'agglomération de Laval va payer. Elle a prévu de poursuivre l'entreprise responsable de cette pollution. La mairie de Saint-Jean-sur-Mayenne et le propriétaire de la mare polluée ont également prévu des poursuites.

Le préjudice écologique aurait pu être pire, la Mayenne se trouvant à 800 mètres seulement de là. C'est la mare située en contrebas des lagunes qui a recueilli les hydrocarbures.  

"La lagune est devenue noire"

"L’odeur est nauséabonde, la lagune est devenue noire, couverte d’un liquide qui ressemble à des hydrocarbures" explique Olivier Barré, maire de Saint-Jean-sur-Mayenne, une commune de 1700 habitants située au nord de Laval.

Ces deux lagunes d'une surface de 80 m2 chacune située au lieu-dit Chaffenay, servent normalement à traiter de manière naturelle les eaux usées de quelques habitations et équipement communaux. "Les eaux claires" rejoignent ensuite la rivière La Mayenne, explique Olivier Barré, un peu rassuré qu'il ne pleuve pas ces jours-ci, ce qui limite le risque de pollution de la rivière voisine.

Ce n'est malheureusement pas le cas d'un habitant dont la mare a également été polluée par ces déchets. 

La commune, les riverains concernés ainsi que Laval aglomération ont déposé plainte à la gendarmerie de Port Brillet. L'analyse d'échantillons est également en cours au Laboratoire départemental d'analyses.

Sans préjuger de l'enquête en cours, le maire a une idée assez précise du responsable de ce désastre, après avoir mené son enquête auprès de ses administrés.

"Vendredi, des riverains ont vu dans le village un camion de curage d'une entreprise de Laval, spécialisée dans l'hydrocurage et le traitement des huiles. Des joueurs de pétanque ont également aperçu ce camion" explique-il. 
L'une des habitantes de la commune serait même en mesure de décrire précisément le conducteur de ce véhicule. 

Une enquête est en cours.
 

La dépollution est en cours

Missionnée par la commune et l'agglomération de Laval, une entreprise spécialisée est à pied d'oeuvre depuis jeudi 18 avril pour dépolluer le site, une intervention en urgence, qui va durer plusieurs jours.
 
"Une situation très rare", souligne Mickaël Prestavoine, directeur des opérations industrielles à la société Séché Urgences Interventions. Pour lui le doute n'est pas permis, il s'agit "d'un déversement volontaire d'hydrocarbures issus d'activités industrielles, des huiles de vidange balancés dans le milieu naturel".

L'équipe de chimistes a mis en place un protocole d'intervention pour enlever ces déchets au plus vite, tout en respectant le milieu naturel.

"Un mélange de terre et de chaux va permettre de solidifier les boues avant leur évacuation et leur traitement au centre de stockage des déchets ultimes à Changé", explique Mickaël Prestavoine.