Portrait. La plus vielle fanfare toujours en activité est née en 1868 sous Napoléon III

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Aujourd’hui les vingt-huit musiciens officient en mode fanfare ou en une version plus moderne de ce type d’ensemble : le brass band.
La plus vielle fanfare toujours en activité est née en 1898 sous Napoléon III ©France Télévisions

C’est la plus vieille de France et elle est mayennaise, disent, de façon chauvine, ses dignitaires. La fanfare de Quelaines-Saint-Gault anime les fêtes et les comices depuis 1868. Une expo permanente narre sa création, ses temps forts et sa vie contemporaine. Celle-ci d’ailleurs continue de s’écrire grâce à la (presque) trentaine de musiciens qui soufflent dans leur trompette et autres trombones.

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Apfou, apfou, apfou… bon pas facile de décrire par l’écrit le son qui sort d’un tuba brillant et tout aussi rutilant. De la musique plus que du son, d’après Stéphane Renard, son président. Il dirige l’institution depuis treize ans. Il y joue aussi. Comme son père Guy avant lui et son grand-père Armand, encore avant.

Une affaire de famille, vous ne croyez pas si bien le penser puisque si son fils, François, a intégré puis quitté le groupe, sa fille, Delphine et les enfants de celle-ci, l’ont rejoint. Oui, à dix et sept ans, Manon et Marceau jouent des percussions et du trombone.

Au total, la fanfare compte vingt-huit membres. On peut les voir et les entendre dès le matin dans la commune mayennaise située entre Laval et Château-Gontier, a tenté de réveiller les habitants au son d’une musique militaire. Pas tous les jours fort heureusement, contrairement à ce qui se faisait à la moitié du vingtième siècle. Et peut-être plus encore lors de sa création en 1868. Cet acte fait d’elle la plus ancienne de France encore en activité.

À propos d’activité, où et quand l’entendre ?

Si vous voulez faire un beau cadeau à votre belle-mère pour son anniversaire, vous pouvez louer les services de (tout ou partie) la fanfare de Quelaines-Saint-Gault. Sinon, le prochain grand événement qu’elle accompagnera est le passage de la flamme olympique en Mayenne. Rendez-vous le mercredi 29 mai à Cossé-le-Vivien. En dehors de ce jour-là, la fanfare quelainaise participe à des commémorations et des festivités dans la commune (14 juillet, 11 novembre, courses cyclistes, etc.). plus tard dans l’année, vous pourrez l’écouter à Bais en Mayenne, le 29 juin lors du festival Baldifolies. Le 12 novembre à Bierné ou encore, à domicile, à Quelaines-Saint-Gault, le 1ᵉʳ décembre.

Si vous avez une idée pour le 26 mai, elle recherche un endroit pour s’y produire gratuitement…  

Le chef d’orchestre, le treizième depuis Pierre Serru et la création de la fanfare, Emmanuel Descol, ne joue pas avec ses musiciens. Il ne peut diriger et interpréter en même temps. C’est lui qui propose, et non impose, les œuvres à interpréter.

De la musique de film, militaire ou non, à des partitions créées pour le classique ou encore pour les ensembles de cuivres. Car c’est là la particularité d’une fanfare par rapport à une harmonie. Celle-ci contient des bois (clarinettes, hautbois, etc.) quand sa consœur (quelainaise) n’a que des instruments à vent, en cuivre (tubas, cornets, trombones, etc.).

La fanfare est donc née sous Napoléon III dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, sous l’impulsion de l’abbé Houdemon. En fait de fanfare, il s’agissait plutôt d’un orphéon. C’était une chorale masculine dont le nom fut inspiré par un héros de la mythologie grecque capable, par ses chants, de réveiller les morts. Il y avait donc du coffre pour chanter et célébrer les événements marquants. L’arrivée de l’électricité en fut un. Ainsi ces ténors et autres barytons chantaient, le 2 août 1925 :

"Maintenant tout est changé
On a l’électricité
C’est pas sale et c’est fort cher
Mais pour ça on y voit clair
Pour fair’marcher ce p’tit truc
Ne faut ni baron ni duc
Voulez-vous l’explication…
En fait, il suffit d’appuyer sur le bouton"

Elle a compté jusqu’à soixante-cinq membres en 1962. Aujourd’hui, les vingt-huit musiciens officient en mode fanfare ou en une version plus moderne de ce type d’ensemble : le brass band. Un groupe qui permet de jouer des morceaux plus modernes, une musique de concerts. Les brass band sont nés d’une évolution provenant des pays anglo-saxons. Cela a permis d’étendre le répertoire à des musiques plus jazzy et d’intégrer des instruments comme le saxophone, né de l’invention du Belge Adolphe Sax.

En mode brass band

Le succès attirant, plusieurs musiciens ont rejoint l’ensemble de Quelaines bien que n’étant ni natif, ni habitant de la commune. D’Angers ou d’ailleurs en Pays de la Loire, plusieurs interprètes sont aujourd’hui des membres actifs. Si elle officie essentiellement en Mayenne, la fanfare a participé à nombre de concours en France. Une trentaine au total pour finir, au mieux, neuvième en 1999 lors d’un concours national catégorie fanfares classiques.


Toute son histoire, sans trou dans la frise chronologique, vient du fait que dès 1880, l’abbé Houdemon a entrepris de tout consigner dans un livre d’or. Transmis de génération en génération, tous les événements relatifs à la vie du groupe y sont écrits et décrits.

Ringard, une fanfare ?


Le côté ringard, elle l’a eu. Cela a d’ailleurs occasionné une baisse des effectifs et c’est précisément la création du brass band qui a permis de redresser la barre et surtout de moderniser l’ensemble. Des jeunes y sont venus et y restent et la mixité se montre davantage.

Il faut voir Ludivine souffler dans son trombone. Voilà près de vingt ans maintenant que la fanfare est associée à l’école de musique de cette commune de deux mille deux cent vingt-deux habitants. Elle accueille qui veut bien y venir souffler un coup. Chacun dans son embout bien sûr.

Stéphane Renard constate que ce sont souvent les événements malheureux comme les guerres qui ont amené leur lot de recrues. Côté loisirs, à l’époque, dans les villages, c’était foot ou musique.

La fanfare de Quelaines-Saint-Gault est aujourd’hui un ensemble patrimonial qui, bien que modernisé, fait toujours référence à son passé, comme le prouve cet article de son règlement daté du 3 juin 1877.

Une fois la répétition commencée, nul ne pourra souffler dans son instrument s’il n’y est autorisé par le chef de musique, et cela, sous peine d’amende.

Emmanuel Descol

Chef d'orchestre de la fanfare de Quelaines-Saint-Gault

 

Et pourtant, c'est généralement le cas ! Pour autant, Emmanuel Descol ne remplit pas son compte en banque de façon exponentielle à chaque répétition. Magnanime, il n’applique pas le règlement à la lettre.

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