Impossible aujourd'hui pour une femme enceinte d'accoucher à l'hôpital de Mayenne. Les accouchements sont suspendus depuis dimanche dernier et ce pour trois semaines. L'hôpital manque d'anesthésistes.
Il n'y a qu'un seul anesthésiste présent en journée, alors qu'il en faudrait trois de plus pour faire fonctionner normalement l'ensemble de l'hôpital.
Une trentaine de femmes enceintes sont concernées par l'interruption des accouchements à l'hôpital de Mayenne. Toutes celles qui doivent accoucher avant le 31 janvier. C'est le cas d'Aurore Quintel dont le terme approche prévu le 23. Son dossier a été transféré à l'hôpital de Laval.
"J'ai préféré tout transférer à l'hôpital où je suis sûre d'accoucher par sécurité", explique-t-elle, car l'hôpital mayennais ne peut pas assurer de péridurale ou de césarienne.
Cette situation est inédite pour l'hôpital de Mayenne qui réalise 700 accouchements chaque année. Le suivi des femmes enceintes est cependant maintenu.
"Les consultations et urgence continuent à être prises en charge à Mayenne si besoin", précise Chantal Schmit, cadre supérieure de l'hôpital, "nous avons suivi, 24 heures sur 24, un gynécologue, une sage-femme et une auxiliaire de puériculture présents".
Des "désirs de rémunération qui sont parfois un peu audacieux voire indécents"
L'établissement hospitalier a besoin de quatre anesthésistes dans ses différents services. Mais, depuis plusieurs mois, il n'y a plus de permanent.
Il doit donc faire appel des intérimaires pour assurer les gardes. Et cette semaine, un seul anesthésiste est présent, impossible donc de réaliser des accouchements en toute sécurité.
"Un des problèmes clés de la situation c'est que les anesthésistes remplaçants souhaitent émarger sur des rémunérations qui sont au delà de ce que la loi permet", explique Xavier Lesegretain, directeur- adjoint de l'hôpital de Mayenne, "on ne peut pas suivre les désirs de rémunération qui sont parfois un peu audacieux voire indécents".
L'association des usagers de l'hôpital s'inquiète de cette fermeture ponctuelle car le plan Santé 2020 prévoit la fermeture de service de maternité et de chirurgie dans un certain nombre d'hôpitaux.
"600 hôpitaux de proximité sont envisagés donc cela veut dire qu'il y a un certain nombre de centres hospitaliers qui vont être déclassés et devenir des hôpitaux de proximité", explique Pascal Grandet, président de l'association Audace 53, qui s'inquiète de "l'avenir de l'hôpital de Mayenne".
Audace 53 appelle d'ailleurs les nord Mayennais à manifester samedi 12 janvier à partir de 10h30, sur la Cale.
Ce vendredi 4 janvier, l'hôpital de Mayenne a annoncé qu'une "garde 24/24 de médecin anesthésiste a pu être pourvue pour la semaine du 7 au 13 janvier 2019".
L'activité chirurgicale de l'établissement hospitalier va donc reprendre, "de façon limitée dans le temps".