Une soixantaine de commerçants de Château-Gontier et des environs mais aussi des élus se sont retrouvés dans le centre-ville de la commune pour exprimer leurs craintes sur l'avenir des petits commerces et leur incompréhension des ouvertures autorisées dans les grandes surfaces en périphérie.
"Je suis dans mon salon, je ne travaille pas mais mes lumières sont allumées car je résiste" c'est le cri du coeur de cette coiffeuse à l'origine de la manifestation spontanée de ce samedi 31 octobre.
Tout est parti d'un appel de Claire Pottier et de son mari, tous les deux installés place de la République à proximité des Halles, en plein coeur de Château-Gontier.
Son commerce de centre-ville est fermé depuis jeudi soir minuit en raison des mesures sanitaires appliquées aux commerces dits "non essentiels" depuis l'annonce du reconfinement.
Claire et son mari ont ouvert leur salon jusqu'à minuit jeudi soir devant l'afflux de clientèle. Selon elle la plupart des treize salons de la commune ont fait des nocturnes à cette occasion.
Noël plus qu'incertain
Malgré la durée officielle limitée pour l'instant à quatre semaines soit jusqu'au premier décembre Claire Pottier n'a guère d'espoir de réouvrir à temps pour la période cruciale de cette fin d'année.
"Noël c'est la période clé pour nous, c'est le meilleur mois de l'année" détaille t'elle.
Cette commerçante indépendante explique que les charges continuent de tomber alors que le salon referme ses portes.
"On a eu une pause de 6 mois de cotisation Urssaf, mais maintenant on doit payer ces cotisations en 3 mois. Et là j'ai ma première échéance qui vient de passer au 23 octobre. J'ai 8000 euros à règler"
Même si les salons de coiffure des galeries commerciales eux aussi n'ont pas le droit d'ouvrir Claire Pottier exprime son incompréhension générale face aux incohérences des mesures restrictives qui touchent différemment les commerces de centre-ville et les supermarchés.
Commerçants et élus mobilisésIl y a moins de risques d'attraper quoi que ce soit dans nos commerces que d'attraper quelque chose dans une grande surface
Parmi les dizaines de commerçants présents lors de la manifestation il y a des propriétaires de pressings, de magasins de vétements, des propriétaires de bars et de restaurants mais aussi un parfumeur.
Un secteur particuliérement touché par une fermeture en cette période de l'année.
"Chez nous tout le stock est déjà rentré, les coffrets de Noël des grandes marques notamment" explique Thierry Lepage. "On a le sentiment qu'on nous a coupé l'herbe sous le pied dès jeudi soir. Les deux derniers mois de l'année representent 30% de notre chiffre d'afaire annuel!"
Il posséde avec son épouse 6 parfumeries, réparties entre la Mayenne et la Sarthe.
Les deux co-gérants emploient en tout une trentaine de salariés. Difficilement le co-gérant exprime sa peur de devoir faire des choix et éventuellement devoir licencier quelqu'un si la fermeture se prolonge.
Thiery Lepage regrette que d'un côté les grande surfaces en périphérie de la ville aient, elles, le droit de vendre dans leur rayon des parfums, et que de l'autre "nous qui sommes plus spécialisés on nous bloque" dit-il.
Des commerçants en colère à Ch. Gontier "C'est nous qui travaillons, qui créont les richesses" face au maire qui affronte la manif "les vrais décideurs ne sont pas là" leur répond t il. Lundi un restaurateur à bout de nerfs ouvrira à #Mayenne @F3PaysdelaLoire #ConfinementActe2 pic.twitter.com/hQ4Z52N6uf
— France 3 Mayenne (@PE_Cally) October 31, 2020
Le maire de la commune, présent lors de la manifestation, n'a pas pris d'arrêté municipal autorisant le maintien de l'ouverture de ses commerces de centre-ville contrairement à d'autres édiles de la région.
Philippe Henry (UDI) explique que "juridiquement ce type d'arrêtés n'a aucune valeur " et de plus "celà met en difficulté les commerçants car ils sont susceptibles, s'ils ouvrent leurs commerces, d'avoir une amende et une fermeture administrative"
Même son de cloche à ce propos chez son homologue Joël Balandraud, maire (UDI) de la commune voisine d'Evron et également président de l'association des maires de Mayenne.
"Le problème de ces arrêtés c'est qu'ils sont illégaux par nature. On a peur de faire monter la tension entre les uns et les autres en leur faisant croire qu'ils peuvent ouvrir parce que le maire a dit qu'on pouvait ouvrir".
"Les commerçants n'acceptent pas les nouvelles mesures car ils n'en voient pas les limites et les contours clairs" ajoute Joël Balandraud. "dans ma commune par exemple tous les agents municipaux sont au travail. Les commerçants indépendants se sentent les seuls à ne pas pouvoir travailler".
La Mayenne déjà sensibilisée
De son côté le maire de Château-Gontier, deuxième commune la plus peuplée du département, rappelle que la Mayenne est particuliérement sensibilisée aux mesures sanitaires.
"En Mayenne on a eu une alerte très forte au mois de juillet au cours de laquelle la Mayenne a été sérieusement stigmatisée par rapport au taux d'incidence qui était en très forte progression. On a aujourd'hui des commerçants, artisans et restaurateurs qui ont été hypersensibilisés pour faire en sorte que les protocoles sanitaires soient les plus précis aujourd'hui"
"Clairement en temps que maire depuis le déconfinement de mars je n'ai jamais vu un cluster dans un restaurant ou dans un commerce de ma commune. Tous les clusters observés étaient soit dans des maisons médicalisées, soit dans des fêtes de famille, des mariages ou des événements privés".
L'association des maires de la Mayenne demande conjoitement avec le conseil départemental au gouvernement de rouvir les commerces de proximité.
Le confinement vient d’entrer en vigueur entraînant la fermeture de la plupart des commerces de #proximité, le cœur battant de nos communes. Avec @BalandraudJoel, Président de l'@AMF_53, nous demandons au @gouvernementFR de faire preuve de discernement et de les rouvrir⤵ pic.twitter.com/3zhtH77izh
— Olivier Richefou (@olivierrichefou) October 30, 2020
Une délégation des commerçants du secteur lavallois doit rencontrer lundi 2 novembre le préfet de la Mayenne pour lui faire la même demande.