Comme tous les établissements recevant du public, les espaces de coworking ont fermé leurs portes durant le confinement imposé par l’épidémie de Coronavirus. Le retour à la normale se fait lentement.
Crise sanitaire oblige, de nombreux salariés ont découvert les joies et les peines du télétravail à domicile. Les habitués des espaces de coworking, souvent auto-entrepreneurs, se sont vus, eux, contraints de renouer avec des habitudes qu’ils avaient volontairement quittées.
C’est le cas de Christelle, la trentaine, designer d’interfaces en informatique, habituée de ces espaces nomades à Nantes. Durant six semaines, elle a dû partager un bureau à domicile avec son conjoint en télétravail. "L’espace n’était pas du tout adapté, je n’arrivais plus à travailler à la maison, je ne retrouvais plus ma créativité", confie-t-elle.
Dès l’ouverture de W'iN le 25 mai dernier, nouveau lieu de coworking au centre de Nantes, elle a donc franchi le pas et loué au mois un bureau dédié.
Aménagé dans une ancienne chapelle désacralisée, le lieu est quasi monacal, le silence règne, les pas sont feutrés. Les yeux rivés sur leur ordinateur, à bonne distance les uns des autres, ils sont une dizaine à se partager l’espace.
Architectes, développeurs informatiques, graphistes ou encore avocats, ils sont tous adeptes de ces espaces de travail nomade, de plus en plus nombreux dans les centres urbains. Au total, le lieu peut accueillir une centaine de personnes en open space ou en bureaux cloisonnés.
"Etre enfermée à la maison freine ma créativité. J’ai besoin de rencontrer des personnes, de m’inspirer de la nature. Depuis que je suis ici, j’ai boosté ma créativité", ajoute-t-elle."Je suis tombée amoureuse de cette architecture. C’est calme, on peut s’isoler, réfléchir et travailler de façon très productive"
"Pendant le confinement, c’était compliqué de se motiver". Ici, il renoue avec un rythme de travail régulier et l’assurance de rencontres professionnelles. "Cela permet de se créer un réseau et d’échanger sur des problématiques communes aux indépendants", explique-t-il.
Guillaume Courot, manager du lieu, confie cependant que l’affluence n’est pas au rendez-vous, d’autant que l’ouverture a été décalée de deux mois en raison de la crise sanitaire. "On constate que certaines personnes préfèrent rester en télétravail. D’autres indépendants ont malheureusement cessé leurs activités", explique-t-il.
Des lieux sensibles à l'activité économique
Aux Essarts, dans le bocage vendéen, Aurélie Ripoche, manager de La Fabrik, relève également une moindre affluence depuis quelques mois. Le lieu, ouvert depuis trois ans, accueille à part égale des indépendants et des entreprises qui y trouvent un open space, des salles de réunions et des bureaux privés loués à l’heure ou à la journée."Je n’ai aucune visibilité pour la rentrée de septembre", s’inquiète Aurélie Ripoche, tributaire de l’activité économique locale. "Les entreprises m’appellent au jour le jour. Les habitués de l’open space sont revenus après la période de confinement mais d’autres ont déposé le bilan", ajoute-t-elle.
Dans cette période propice au télétravail, elle a cependant vu évoluer le profil de sa clientèle avec notamment l’arrivée d’étudiants et de professeurs à la recherche d’une connection réseau performante. "Depuis début juillet, beaucoup de Parisiens viennent travailler à la journée dans l’open space", souligne la responsable de la Fabrik.
Dans un quartier d’affaires de Saint-Nazaire, l’Office Coffee est un lieu atypique, installé dans un ancien hangar rénové. A la fois brasserie, lieu d’évènements professionnel, espace de coworking, il dispose de bureaux isolés, de salles de réunion et d’un open space où les travailleurs nomades s’installent contre consommation.
Les coworkers, eux aussi, ont déserté le lieu. "Je n’ai pas vu beaucoup d’habitués depuis la réouverture en mai", confie le gérant du lieu, qui espère la reprise en septembre.
La Covid-19 a modifié les habitudes de travail
Sur l’île de Nantes, La Cantine numérique est le lieu incontournable des acteurs du numérique. Ici, les indépendants, les porteurs de projets 2.0, les start-up en devenir se rencontrent, travaillent ensemble, innovent et partagent leurs compétences.Rafael Idrac, manager du lieu, constate, lui aussi, que la crise sanitaire a modifié les habitudes. "On a eu plus de turn-over concernant les bureaux loués, certains sont partis, tandis que d’autres recherchent des bureaux", explique-t-il.
"Pour les gens qui viennent à la journée, il y a du passage mais on est loin de la fréquentation pré Covid", souligne Rafaël qui estime la baisse de fréquentation entre 50 et 70%.
"D’autres salariés d’entreprises, dont le siège social n’est pas à Nantes, ont décidé de moins se déplacer et recherche des lieux comme le nôtre", souligne aussi Rafaël Idrac, qui imagine déjà une offre adaptée à cette clientèle. "Nous réfléchissons à un abonnement type salle des sports, plutôt qu’un paiement à la journée".
"Depuis le mois de juin, on a des demandes pour des locations de salles pour des réunions de la part d’entreprises. Nos différentes offres s’équilibrent", précise encore le manager de la Cantine numérique, persuadé que les espace de coworking ont de beaux jours devant eux et qu’ils répondent à des besoins réels.