Dans un courrier adressé au président de la République, le Syndicat mixte aéroportuaire (SMA) tient "à porter à (sa) connaissance plusieurs données oubliées, voire éludées, consubstantielles du projet, de sa cohérence et donc de son objectivation".
Parmi les "omissions" et les "contre-vérités" relevées dans le rapport d'experts remis le 13 décembre au gouvernement, les collectivités locales regroupées au sein du SMA pointent l'"abstraction de plusieurs études précédentes de réaménagement de Nantes-Atlantique", l'absence d'analyse comparative permettant d'évaluer les nuisances sonores sur l'agglomération nantaise, ou encore une sous-estimation des "pénalités" en cas d'abandon du projet de transfert à Notre-Dame-des-Landes, et notamment du "manque à gagner" pour les collectivités qui doivent percevoir une rémunération après le remboursement des avances.
De "graves lacunes"
Les collectivités dénoncent par ailleurs les "graves lacunes" dans la comparaison financière des deux options, pour l'Etat et les collectivités, qui fait apparaître dans le rapport des médiateurs un écart de l'ordre de 250 à 300 millions d'euros en faveur de Nantes-Atlantique, "sans préciser le coût pour le contribuable", souligne le SMA.
"Le financement public de Notre-Dame-des-Landes est connu, 246 millions d'euros en avances remboursables c’est-à-dire potentiellement 0 sur la durée de la concession. Quelle serait la part du contribuable qui doit participer au financement des extensions de Nantes-Atlantique puis d’un transfert à Notre Dame des Landes après 2040 ?" s'interrogent les élus.
Très critiques sur cette mission de médiation qu'ils jugeaient "orientée", certains élus locaux, dont le président du département de Loire-Atlantique et du SMA, Philippe Grosvalet (PS), avaient annoncé publiquement leur refus de rencontrer les trois experts nommés le 1er juin par le gouvernement.
Si le rapport des médiateurs ne tranche pas entre le réaménagement de Nantes-Atlantique ou son transfert à Notre-Dame-des-Landes, deux options "raisonnablement envisageables", il remet en piste l'optimisation de l'actuelle infrastructure, toujours écartée par les pro-NDDL.
Alors que l'exécutif doit prendre une décision "claire, assumée" avant fin janvier sur ce dossier, le Syndicat mixte aéroportuaire demande à ce que les "erreurs de nature à biaiser plus ou moins volontairement l'analyse du gouvernement (soient) rectifiées".
"Faute de quoi", les concertations avec les élus locaux annoncées par le Premier ministre lors de la remise du rapport "ne pourraient se faire sur des bases objectives", conclut le courrier adressé à Emmanuel Macron.
GRAND FORMAT : Notre-Dame-des-Landes, un dossier passionnel qui divise
Le rapport des médiateurs sur le projet de Notre-Dame-des-Landes doit être remis mercredi 13 décembre à Édouard Philippe. Le Président de La République Emmanuel Macron a promis une décision au plus tard en janvier 2018. Par Fabienne Béranger, avec GS