Quatre élus LR des Pays de la Loire ont voté contre la loi interdisant les thérapies de conversion lors de l'examen du texte devant le Sénat le 7 décembre.
Ce mardi 7 décembre, le Sénat a voté à une large majorité la loi interdisant les "thérapies de conversion", ces pseudo soins censés ramener dans le "droit chemin" de l'hétérosexualité ceux qui s'en éloignent, gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres (LGBT).
Le texte, voté avec quelques différences sur celui adopté par l'Assemblée Nationale, doit retourner à nouveau devant les députés pour être voté définitivement.
Il prévoit une amende de 30 000 euros et deux ans d’emprisonnement.
Garnier, Retailleau, Piednoir et de Nicolaÿs votent contre
28 sénateurs LR ont voté contre, parmi lesquels Louis-Jean de Nicolaÿs, sénateur sarthois, le Vendéen Bruno Retailleau, Stéphane Piednoir du Maine-et-Loire et Laurence Garnier, la sénatrice de Loire-Atlantique.
Dans un communiqué, cette dernière s'en explique et répond aux attaques reçues depuis ce vote.
"Le texte de loi aurait pu être l’occasion de protéger les mineurs de s’engager dans une démarche de changement de sexe définitive et irréversible, regrette la sénatrice. Mais l’amendement de ma collègue Jacqueline Eustache Brinio visant à interdire les opérations et traitements de changement de sexe sur les enfants de moins de 18 ans a été rejeté. Or je pense indispensable de protéger les enfants et de leur laisser le temps nécessaire avant de s’engager dans des processus irréversibles."
Un amendement qui sort quelque peu du combat voulu par Laurence Vanceunebrock, la sénatrice LREM auteure de la proposition de loi contre les thérapies de conversion. On est un peu hors sujet pourrait-on dire. Mais la sénatrice de Loire-Atlantique y tenait et se défend face à la volée de bois vert reçue depuis.
"Je respecte tous ceux qui ne pensent pas comme moi sur ces sujets qui touchent à l’intime de chacun, conclut Laurence Garnier. J’estime, en revanche, n’avoir aucune leçon à recevoir de la part de tous les malhonnêtes qui en croyant défendre une cause se permettent de m’enfermer dans des positions d’un autre âge sans avoir pris le temps de comprendre le texte ou de me demander les raisons de mon vote".
La notion de genre
De son côté, Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée, tient également à préciser sa position. "Evidemment que je suis favorable à l'interdiction des thérapies de conversion" nous a-t-il affirmé. Mais alors pourquoi n'avoir pas voté le texte présenté mardi devant la haute assemblée ?
Pour un problème de vocabulaire qui hérisse l'élu vendéen et qui intervient dans le 1er article de la loi pour évoquer les personnes en contradiction intime avec leur identité sexuelle physique.
"L’infraction prévue au même premier alinéa n’est pas constituée lorsque les propos répétés ont seulement pour objet d’inviter à la prudence et à la réflexion la personne, eu égard notamment à son jeune âge, qui s’interroge sur son identité de genre et qui envisage un parcours médical tendant au changement de sexe." précise le texte dans le 11ème alinéa de son premier article.
Or, Bruno Retailleau affirme là son opposition à la notion "d'identité de genre" et a donc, pour ces deux mots, rejeté l'entièreté du texte.
"L’identité de genre est une notion floue, estime le Président du groupe LR au Sénat, qui nous vient des États Unis, et qui prétend qu’il n’y a pas d’identité sexuelle mais qu’on est un homme et une femme en fonction de son « ressenti ». Je ne crois pas que le rôle d’un parlementaire soit de légiférer sur le « ressenti » des gens."
"Des croyances ancestrales."
Ces votes d'opposition ont soulevé de nombreuses réactions d'étonnement voire de colère.
"De part cette position qui nie l’humain, Messieurs de Nicolaÿ et Retailleau montrent leurs vrais visages et ancrent leur vision de la société dans des croyances ancestrales" déclare dans un communiqué la Fédération sarthoise du PS.
"La Fédération du Parti Socialiste de la Sarthe se félicite du vote POUR cette interdiction des Sénatrices et Sénateurs socialistes, écologistes et républicains. Un vote qui – comme à l’Assemblée
nationale – aurait dû être unanime !" dit-elle.
A noter la prise de position du Président de la Fédération Les Républicains de la Sarthe qui se désolidarise du vote du sénateur LR Sarthois.
"Il est évident que je ne peux cautionner le vote de certains! Je ne sais même pas si dire que c’est « d’un autre temps » suffise à justifier le vote contre cette loi" écrivait-il sur son compte twitter ce jeudi.
L'unanimité qui avait accueilli cette proposition de loi à l'Assemblée Nationale se confirmera-t-elle en seconde lecture ?