Un député RN conteste l'intervention d'une association LGBT dans des écoles de l'Aisne : "on a l'habitude de ce genre de réaction"

Nicolas Dragon, député Rassemblement national de la 1ère circonscription de l'Aisne, conteste les interventions d'une association LGBT dans le cadre de l'éducation à la vie affective et sexuelle. Pourtant, celles-ci sont très encadrées et obligatoires.

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Cela fait plusieurs années que Guillaume Doisy, président de l'association Fier.e.s et queers, se rend dans les établissements de Saint-Quentin et de Laon pour animer des interventions sur l'éducation à la vie affective et sexuelle. 

En septembre, l'académie a même décidé de délivrer un agrément de cinq ans à cette association. Décision qui n'a pas plus à Nicolas Dragon, député Rassemblement national de l'Aisne : "l’idéologie de genre n’a pas sa place à l’école et par conséquent, toutes les associations militantes qui assurent sa promotion ou qui participent à la diffusion de la propagande woke et transactiviste ne doivent pas être autorisées à franchir l’enceinte de nos établissements scolaires".

Le communiqué ne cite aucun nom de parents, ni même de faits problématiques précis. Il s'appuie sur l’alerte, au printemps dernier, d’une association, intitulée Parents Vigilants, lancée par le parti Reconquête d’Éric Zemmour. "On a l'habitude de ce genre de réaction, donc ça glisse, commente Guillaume Doisy. Ils font leur job pour satisfaire leur électorat. Parce qu'un communiqué comme ça, je ne vois pas qui d'autre en a connaissance. Eux-mêmes ne croient pas avoir un impact là-dessus". 

Des interventions très encadrées

En réponse, l'Académie d'Amiens atteste d'une sélection très stricte des associations qui animent ce type d'interventions : "La commission [qui décide d'agréer ce type d'association] est une instance officielle chargée d’examiner les demandes d’agrément déposées auprès du rectorat par des associations souhaitant intervenir en milieu scolaire. Elle se compose d’une douzaine de membres aux profils divers : des représentants d’associations déjà agréées, des représentants syndicaux des personnels de l’Éducation nationale (chefs d’établissements, conseillers principaux d’éducation, enseignants, personnels administratifs et d’encadrement), ainsi que des représentants d’organisations de parents d’élèves. Chaque demande d’agrément (nouvelle ou de renouvellement) fait ainsi l’objet d’une étude approfondie, collective et documentée".

Les séances sont d'ailleurs toujours accompagnées d'un professeur et même régulièrement du chef d'établissement : "Il y a de toute façon des contrôles sur ce que l'on dit. C'est normal et tant mieux. Tous les fantasmes de l'extrême droite visent à faire peur".

Dans le communiqué, on apprend aussi "la vive inquiétude" du député face à une association qui, selon lui, "promeut l’activisme trans, l’idéologie du genre, critique une société dite 'hétéro normée". Le président de l'association Fier.e.s et queers commente simplement : "On intervient une heure par an au mieux, donc réussir à faire transitionner des enfants, c'est nous prêter des pouvoirs fous". 

Des interventions obligatoires et rarement appliquées 

Alors qu'un enfant sur huit est confronté, de manière non consentie, à des photos ou des vidéos à caractère pornographique, Guillaume Doisy insiste sur l'importance de ses interventions : "On apprend à lire, à écrire et à compter. Il faut aussi apprendre ça. Les enfants sont dans une inconnaissance des risques, des dangers et même de leurs propres corps. Il faut aussi apprendre les compétences psychosociales. Et tout ça, ça s'apprend. (...) Dans beaucoup de familles, on n'a pas les compétences pour parler de tout ça". 

La loi impose, depuis 2001, trois séances annuelles d'éducation à la sexualité durant toute la scolarité. Pourtant, un rapport du ministère de l'Éducation nationale montre que cette loi est loin d'être respectée. 17% des 15-24 ans disent même ne jamais avoir eu le moindre cours sur la question. 

Fier.e.s et queers est la seule association de l'Aisne à proposer ce type d'intervention sur les violences sexistes et sexuelles ainsi que sur les discriminations. Elle ne touche qu'une centaine d'élèves par an. "Il y a une forme d'autocensure parce qu'on surévalue sans doute la réaction des parents. Mais, on n'a jamais eu de retours négatifs de parents ou d'élèves", conclut-il. 

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