Dans quelques mois, les Français seront appelés aux urnes pour la Présidentielle. L’occasion de faire un état des lieux des forces politiques en Pays de la Loire et d'aller à la rencontre de ces citoyens qui s'engagent autrement. Voir ou revoir notre "Enquêtes de Région".
La politique... Si certains se passionnent pour ses débats, ses coups d'éclats ou ses coups dans le dos, d'autres s'en éloignent, préfèrent l'ignorer ou s'engager autrement.
Mais au fait, c'est quoi la politique ?
Si l'on s'en tient à la définition du Larousse (c'est pour le côté officiel !). Politique : nom féminin qui vient du grec "polis" qui désigne "la cité organisée". Ensemble des options prises collectivement ou individuellement par les gouvernants d'un État dans quelque domaine que s'exerce leur autorité. Tout un programme !
Alors, à quelques mois du grand rendez-vous politique qu'est la Présidentielle, quel état des lieux peut on faire en Pays de la Loire ? Qui sont ces hommes et femmes qui sont apparus dans notre paysage politique il y a 5 ans ? Et comment les déçus de la politiques, Gilets jaunes, militants associatifs, font entendre leur voix ?
Mathieu Guillerot et les équipes de France 3 Pays de la Loire sont allés à la rencontre de ces citoyens engagés.
Les Pays de la Loire, 1 territoire, 2 facettes
Tout d'abord, rien de tel qu'un état des lieux dressé par un sociologue pour étudier ses effets sur le vote.
Une fois n'est pas coutume, nous quittons notre région, direction Paris, pour rencontrer le Sarthois, Jérôme Fourquet. Il est le directeur du département opinion à l'institut de sondage IFOP et auteur de "La France sous nos yeux" coécrit avec Jean-Laurent Cassely.
C'est l'occasion de faire la lumière sur ce qu'il appelle "la grande métamorphose" française qui s'opère depuis milieu des années 80. C'est la fracture entre la France "coulisse", celle des zones agricoles ou des bassins industriels en déshérence et la France "instagrammable", celle qui a la côte.
Cette fracture, due à l'émergence d'une société de consommation, de loisirs, se retrouve dans les Pays de la Loire. Avec d'un côté, des campagnes isolées, des périphéries, repliées sur elles-mêmes, et de l'autre des villes, des bords de mer plus attractifs, et dotés d'infrastructures importantes.
Cette hiérarchie entre les territoires s'exprime dans les urnes avec une abstention et un vote contestataire qui augmente quand on s'éloigne des villes comme Nantes ou Angers.
Pour Jérôme Fourquet : "C'est la distance à la grande ville qui va faire le vote".
Quand le citoyen se fait politique…
Retour dans les Pays de la Loire, nous avons rendez-vous au Conseil Régional à Nantes avec William Aucant.
Son parcours est atypique, avant d’être conseiller régional écologiste, il a fait partie des 150 Français tirés au sort pour participer à la convention citoyenne sur le climat en 2019. Et il ne mâche pas ses mots pour évoquer sa déception face à l'échec de ce qui devait être un grand moment de démocratie. Pour lui, le gouvernement a clairement manqué de courage, d'ambition, et fait machine arrière face aux pressions.
Son engagement en politique, il le revendique, c'est en étant à l'intérieur du système que l'on peut agir pour ses idées : "C'est là que ça se joue, ce n'est pas que dans la rue ou sur son canapé, c'est ici dans les institutions qu'il faut faire bouger les lignes".
Élu, un métier à risque
Aujourd'hui, le climat est tendu, il y a une défiance croissante envers les politiques et les agressions d'élus ont augmenté de 200% en 2020 par rapport à 2019.
Dans la sphère politique, c'est le maire qui est en ligne de mire, car il est souvent considéré comme le seul élu "à portée de baffe".
C'est dans la bibliothèque de la petite commune d'Étival-Lès-Le-Mans en Sarthe que nous rencontrons Monsieur le maire. Emmanuel Franco est aussi président de l'association des maires de la Sarthe.
Il nous décrit la situation des élus en Sarthe qui, comme partout en France, doivent faire face à de nombreuses incivilités pour lui inadmissibles : "Quand on s'attaque à un élu quel qu'il soit, on s'attaque à la République (...) pour moi, il n'y a pas d'excuse car la violence ne résout jamais les problèmes".
La politique, ce n'est pas juste une affaire d’État
Si les hommes ou femmes politiques sont des citoyens comme les autres, certains citoyens s'engagent pour faire de la politique autrement.
C'est le cas de ces chefs d'entreprise, rencontrés en novembre 2021. Ils se battent contre l'administration pour faire face à une situation paradoxale : ils manquent de bras, mais on les empêchent d'embaucher de jeunes exilés devenus apprenti à qui l'on demande de quitter le territoire. Ils ont créé l'association "Patrons Solidaires". Une initiative parmi tant d'autres pour s'engager dans la vie de la cité et faire bouger les choses.
Un reportage de Sandrine Gadet et Aurore Thibault :
La désobéissance civile... pour faire entendre sa voix
Pour eux, la politique traditionnelle n'est plus en adéquation avec la société, et ils revendiquent une désobéissance civile. Ce sont des hommes et des femmes qui ne se retrouvent plus dans le schéma classique de la politique traditionnelle.
Ils se battent collectivement pour défendre des valeurs collectives dans l'intérêt général, comme la question climatique, à l'image de l'association Extinction Rebellion. Présente à Nantes depuis 2019, le but de ses actions non-violentes est de déclencher une prise de conscience et d'inciter les gouvernements à agir pour la protection de la planète.
La politique du Gilet Jaune
S'il est un mouvement emblématique des manifestations citoyennes, c'est celui des Gilets Jaunes. Mobilisé dès 2018, contre l'augmentation du prix des carburants automobiles, ce mouvement a depuis élargi ses thèmes de contestations. Ils mobilisent surtout les habitants des zones rurales et périurbaines, mais s’organisent également dans des métropoles.
Le profil de ces citoyens qui descendaient dans la rue toutes les semaines avant la crise sanitaire, est très hétéroclite. Qu'ils soient salariés du secteur public ou privé, chômeurs ou chefs de petites entreprises, ils viennent crier leur ras-le-bol aux abords des routes ou sur les ronds-points.
Et c'est au milieu d'un de ces ronds-points que nous avons rendez-vous avec l'une des figures emblématiques de ce mouvement à Angers, Ali Benhamla. Pour ce chef d'entreprise, l'engagement était motivé par le besoin de s'exprimer face à "un gouvernement qui faisait le sourd"
Ali Benhamla ne cache pas que la situation économique, la prochaine présidentielle, ou les nouvelles hausses annoncées sont autant de paramètres qui pourraient faire revenir les Gilets jaunes dans la rue.
Il arrive que ce soit le citoyen qui fasse plier le politique, c'est le cas avec les ZAD (Zone À Défendre) ou avec des collectifs qui se révèlent d'une grande efficacité sur leur territoire.
Mais ces actions citoyennes font parfois face à des débordements qui vont à l'encontre de notre définition de départ du mot politique.
Voir ou revoir l'émission :
►Également dans l’émission des reportages :
- Un point sur la démographie des Pays de la Loire
- Le portrait croisé de 2 députées La République En Marche issues de la société civile : Laëtitia Saint-Paul et Aude Amadou
- Sarthe : entre attractivité et désertification
- Typologie des nouveaux habitants de l'ile de Nantes
- Hausse des agressions des élus
- Extinction Rebellion, en marge de la politique traditionnelle
- L'initiative Décoll'ton Job
►Enquêtes de région, c'est à voir mercredi 12 janvier à 23h15 sur France 3 Pays de la Loire et en replay sur france.tv