Pays de la Loire : les tracteurs en route pour Paris

Les premiers tracteurs partis des Pays de la Loire et d'autres régions sont déjà en route pour clore un été de détresse et de colères par une manifestation monstre, jeudi dans Paris, d'un monde agricole qui se sent coulé par l'effondrement des prix

Après une série de crises qui ont frappé tour à tour les productions laitière, bovine et porcine, la FNSEA, premier syndicat agricole du pays et celui des Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé les paysans à crier leur désarroi dans les rues de la capitale "pour éviter que l'agriculture française ne parte en liquidation".

Les deux organisations ont annoncé au moins "un millier de tracteurs dans Paris" mais les seules fédérations de la région Nord-Picardie assuraient mardi en avoir mobilisé 800 à elles seules, en plus de "quatre ou cinq bus" pour transporter les agriculteurs, promettant un accès difficile aux portes de Paris vers lesquelles convergeront dès 07H00 jeudi les différents convois partis de l'Ouest, du Massif-Central, du Val-de-Loire, de Bourgogne et de Rhône-Alpes, pour se réunir place de la Nation.

Le contexte mondial est globalement défavorable aux producteurs français, entre l'embargo russe sur les produits agroalimentaires, la fin des quotas laitiers en Europe et le ralentissement économique de la Chine qui réduit ses achats, le tout provoquant une surproduction généralisée de lait, et par ricochet de viande, quand il faut réduire la taille des cheptels.
Les éleveurs, les plus touchés par l'effondrement des cours du lait, mais aussi de la viande bovine et du porc et qui subissent la concurrence des voisins européens, ont été rejoints par les céréaliers ou les betteraviers jusqu'alors épargnés, mais dont les revenus plongent à leur tour avec le marché mondial.
La tonne de blé tendre, dont la France est la première exportatrice européenne, a perdu plus de 40 euros depuis début juillet en raison d'une surabondance de l'offre mondiale.


On a déjà un genou à terre

Mais les agriculteurs dénoncent aussi la guerre des prix entre les enseignes de la grande distribution, qui tire toute la chaîne de production vers le bas. "Que les entreprises gagnent de l'argent ça ne me gêne pas... Ce qui me gêne c'est qu'ils considèrent les producteurs comme des apporteurs de matière première, qu'ils veuillent toujours acheter le moins cher possible" relève le président de la fédération des producteurs de lait Thierry Roquefeuil.
Les organisations d'agriculteurs réclament donc une aide immédiate pour sauver les exploitations parfois menacées dans leur survie et sortir les paysans du surendettement, qui frappe surtout les plus jeunes: le patron de la FNSEA Xavier Beulin l'a estimée à un milliard d'euros au total.

Par ailleurs, et c'est l'objet initial de la mobilisation jeudi, le monde agricole dénonce un empilement de normes et de contraintes qui l'usent et l'accablent, tant elles changent rapidement. La FNSEA réclame "une pause réglementaire", un moratoire d'un an sur toute nouvelle mesure d'ordre sociale ou environnementale, jugeant que la France "va au-delà des contraintes européennes" dans sa transposition des textes communautaires.
Une situation qui ajoute au marasme: "Ce qui me peine c'est qu'on fasse des efforts sur l'environnement, le bien-être animal, qui ne sont pas reconnus par la société. On est stigmatisé, traité de pollueur. Ce manque de reconnaissance, je ne le supporte plus" confiait cet été Mickael Trichet, éleveur en Loire-Atlantique.

Jeudi une délégation d'une centaine d'agriculteurs se rendra à l'Assemblée nationale puis au Sénat porter les doléances des paysans aux élus - bien que les chambres ne siègent pas en ce moment. "Nous espérons des résultats" avertit Sébastien Louzaouen, président des JA du Finistère en route sur son tracteur, et qui prévient: "désolé les Parisiens, les paysans arrivent".

AFP
Et il y a ceux qui ne seront pas du cortège...
Découvrez dans le 19/20 de ce mercredi le témoignage de Dominique DENIAUD, président de Confédération paysanne 44.

Son syndicat ne sera pas représenté à la manifestation parisienne organisée à l'appel de la FNSEA et JA le jeudi 3 septembre. Le président de Confédération paysanne 44 nous explique pourquoi il préfère aller à Bruxelles lundi 7 septembre "là où tout se joue", avec des propositions : stockage momentané des surproductions et surtout régulation européenne de la production. >>> La page du 19/20
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