Les comités des pêches de la façade Nord Atlantique-Manche Ouest ont dévoilé ce mardi leur contribution au débat public sur la planification maritime. Emmanuel Macron a annoncé l'implantation de 50 parcs éoliens au large des côtes françaises. Les pêcheurs s'y opposent "dans les secteurs qui impacteraient leurs activités".
La mise en place de nouveaux parcs éoliens en mer ? pourquoi pas... mais pas sans les pêcheurs et surtout pas n'importe où.
Par la voix de leurs comités respectifs, pêcheurs bretons et ligériens ont élaboré un cahier d'acteurs, une sorte de cahier des charges, pour exprimer leur avis sur le projet du gouvernement d'implanter ou d'étendre des dizaines de parcs éoliens maritimes à l'horizon 2035. Ils ont défini des Zones d'Importance de Pêche qui, selon eux, ne peuvent absolument pas accueillir d'éoliennes sans perturber les activités des pêcheurs.
"Il faut bien comprendre, explique José Jouneau, président du comité des pêches de Loire-Atlantique que, que 80 % de la flotte régionale, ce sont des bateaux de moins de 12 m qui ne pêchent pas au-delà des 20 miles (32km), or le gouvernement n'en tient pas compte et souhaite implanter des éoliennes à une distance qui n'est pas acceptable".
"L'état ne doit pas mettre la charrue avant les bœufs"
Sur la carte des projets dévoilée il y a quelques semaines, il est question d'étendre le parc de Saint-Nazaire ou celui de Yeu-Noirmoutier qui n'existe pas encore.
Pour le président des pêcheurs des Pays de la Loire, l'Etat semble plus pressé d'annoncer un calendrier que de se pencher sur les aspects technologiques de faisabilité. Il regrette que les pêcheurs ne soient pas consultés comme ce fut le cas avant la création du parc de Saint-Nazaire.
"Pour Saint-Nazaire, tout a été fait de manière pragmatique. Lorsque nous avons réfléchi à la possibilité d'un parc éolien en mer, on ne construisait alors que des éoliennes sur des zones meubles. Or le banc de Guérande est un récif. Mais le temps de la concertation, les évolutions technologiques ont permis d'envisager leur construction au large".
Pour les pêcheurs, la chose est claire : pas question de laisser passer la moindre occasion de faire entendre leur voix.
" Si la compatibilité entre l’éolien offshore, la protection de l’environnement et des pêches compétitives est le but poursuivi par l’État, ce dernier doit en créer les conditions propices. Ne pas intégrer la pêche dans la planification est invraisemblable. Nous sommes attachés à l’importance d’échanger au plus près du terrain, et souhaitons être impliqués dès le début des discussions, avec toutes les parties prenantes et les acteurs concernés" insistent José Jouneau et Olivier Le Nézet, présidents respectifs des Comités Régionaux des pêches de Bretagne et des Pays de la Loire.
Les pêcheurs souhaiteraient que l'Etat s'inspire des parcs éoliens flottants existants en Écosse ou au Danemark, au-delà des 100 miles (180 km) ce qui garantirait selon eux la préservation de l'environnement comme de leurs activités professionnelles. Le débat est loin d'être terminé.
Quelques chiffres sur la pêche en Bretagne Pays de la Loire
- La façade Bretagne-Pays de la Loire représente 42 % de la flotte métropolitaine (1 576 navires)
- 5 000 marins
- Chiffre d’affaires de plus de 500 millions d’euros (pour la production de l’amont de la filière
uniquement)