Quelles sont les préoccupations des électeurs qui ont l’intention de voter aux Régionales des dimanches 20 et 27 juin ? Et comment les candidats à la présidence des Pays de la Loire y répondent ? On fait le point.
Ce dimanche 20 juin aura lieu le premier tour des élections régionales. Interrogés par l’Ifop pour Internorm, les Français comptent voter différemment qu’aux dernières élections, qui ont eu lieu en 2015.
Les préoccupations des Français ont changé en 6 ans
Contrairement à 2015, les Français voteront en 2021 en fonction des enjeux régionaux et locaux plutôt que nationaux.
Une majorité d’entre eux n’utilisera pas son bulletin de vote pour exprimer son soutien ou sa défiance vis-à-vis du président ou du gouvernement. Et en tête des préoccupations qui guideront leur choix se trouvent la sécurité, certes, mais aussi la santé, l’emploi et les transports.
Les enjeux locaux au cœur des intentions de vote
85% des personnes interrogées par l'Ifop indiquent qu’elles voteront en fonction des enjeux locaux et régionaux. C’est 22 points de plus que lors du dernier scrutin régional de 2015.
Les électeurs qui assurent qu’ils voteront en fonction d’enjeux nationaux sont plutôt jeunes (34% des 18-24 ans), issus de catégories très modestes (42% des personnes percevant moins de 894 € par mois), sympathisants de la France Insoumise (26%) et du Rassemblement National (24%).
Ni soutien ni sanction à Emmanuel Macron et Jean Castex
"Signe que les enjeux locaux seront prépondérants, précise l'IFOP, une majorité de Français n’utilisera pas son bulletin de vote pour exprimer son soutien ou sa défiance vis-à-vis du président ou du Premier ministre. Et ceux qui le feront seront bien moins nombreux qu’il y a 6 ans".
Alors qu’en 2015 le déficit de popularité de François Hollande avait fortement pénalisé les sortants régionaux se situant dans la gauche de gouvernement, l’absence de présidents sortants se réclamant de la majorité gouvernementale réduit, cette année, fortement l’ampleur du "vote sanction".
Les Français distinguent plutôt mal le rôle des régions
S’ils placent majoritairement les enjeux locaux dans leurs intentions de vote au détriment des enjeux nationaux, les Français désignent trois compétences d’État – santé, emploi et sécurité des biens et des personnes - comme jouant beaucoup dans leur vote aux élections régionales.
Il est vrai que les compétences des Régions, comme celles des Départements, sont souvent méconnues du grand public. Il est également vrai que même s’il ne s’agit pas de compétences propres aux collectivités locales, ces dernières interviennent néanmoins par différents biais – subventions et cofinancements notamment – dans ces domaines.
Parmi les domaines de compétences des Pays de la Loire, on retrouve notamment : le développement économique de la région, l’aménagement du territoire ou encore la gestion des lycées et des transports.
La santé et l’emploi en tête des enjeux déterminants
Non sans lien avec plus d’une année de crise sanitaire dernière nous… La santé est l’enjeu qui comptera le plus dans le vote de deux tiers des Français. Juste derrière se place l’emploi.
Comment les 5 principaux candidats des Pays de la Loire comptent sauver et créer des emplois ?
Si le chômage est de 6,7% dans les Pays de la Loire, 3ème chiffre le plus faible de France, le travail est au cœur des programmes des 5 candidats à la présidence de la région. Comment sauver les emplois ? Comment en créer ? La question leur a été posée au cours d’un débat mercredi 9 juin, sur France 3 Pays de la Loire.
Christelle Morançais, présidente sortante Les Républicains, qui a fait voter un plan de relance après la crise sanitaire de 500 millions d’euros, s’est fixé l’objectif, si elle est réélue, de faire des Pays de la Loire “la région du plein emploi”. Elle compte alors inciter les Ligériens au chômage à se diriger vers les filières qui recrutent (industrie, agriculture, transports, restauration) en développant la formation, l’aide à la réinsertion avec une voiture à 1 euro par jour et plus de garde d’enfants pour les personnes seules.
Matthieu Orphelin, le candidat de la liste "L'écologie ensemble, solidaire et citoyenne" soutenue par Europe Ecologie les Verts, La France Insoumise et Génération.s, propose de créer 50 000 emplois grâce à la transition écologique en industrialisant le territoire avec les industries du futur comme le recyclage des batteries électriques.
Guillaume Garot, candidat du Parti Socialiste, a quant à lui un plan de bataille de 100 000 emplois avec un fonds anti-faillite de sortie de crise de 200 millions d’euros. Il propose également 50 000 contrats “nouveau métier” pour accompagner la reconversion professionnelle.
François de Rugy, candidat La République en Marche, veut mettre en place un système de bonus-malus pour les entreprises vertueuses, “en matières sociales, d’égalité hommes-femmes, d’écologie”.
Hervé Juvin, le candidat du Rassemblement National, considère que “ce sont les entreprises qui créent les emplois. La Région peut inciter, faciliter, aider, mais ne créer pas d’emploi”. Il souhaiterait toutefois valoriser l’apprentissage en proposant un “erasmus de l’apprentissage”.
La lutte contre la délinquance, un intérêt en baisse
La sécurité des biens et des personnes arrive en 3e position (58%) et reste bien positionnée, à égalité avec le pouvoir d’achat et le coût de la vie. Mais la lutte contre la délinquance, au cœur de l’actualité et des débats, n’est pas pour autant considérée comme un élément déterminant pour la majorité des Français lorsqu’ils glisseront leur bulletin dans l’urne dimanche. Il s’agit d’un élément déterminant pour moins d’1 Français sur 2 aux Régionales, selon l’Ifop.
42% des personnes interrogées disent que la lutte contre la délinquance sera déterminante dans leur vote le 20 juin. C’est 9 points de moins que ce qu'exprimaient les Français sondés à l’occasion des élections européennes de 2019.
Sécurité : que proposent les 5 principaux candidats des Pays de la Loire ?
Pour Matthieu Orphelin, "la sécurité est une préoccupation majeure”. Le candidat compte sécuriser tous les lycées, mettre plus de moyens humains, plus de prévention, notamment sur le sujet du harcèlement scolaire ainsi que faire des violences sexistes et sexuelles une “grande priorité”.
Hervé Juvin (RN) propose, lui, un "bouclier sécuritaire", "qui doit assurer à tous les habitants des Pays de la Loire leur premier droit qui est le droit à la sécurité". “Je proposerai que pour un euro consacré par les municipalités à l’équipement, l’armement, les dispositifs de sécurité de leur police municipale la région ajoute un euro", a-t-il annoncé sur le plateau de France 3 Pays de la Loire.
Christelle Morançais a défendu son bilan : "il existe une police ferroviaire que nous finançons, on a également 70% de nos TER équipés de caméras, et puis 10 millions d’euros ont été injectés dans nos lycées pour assurer la sécurité". Elle assure toutefois vouloir aller plus loin en renforçant les effectifs de police ferroviaire : “ils sont 3, je veux les passer à 50 et les équiper avec des caméras piéton”.
Guillaume Garot (PS) affirme lui aussi sa volonté de renforcer la police ferroviaire mais se prononce contre une police dans les lycées, “car il ne faut ni dans l’angélisme, ni dans la démagogie".
François De Rugy (LREM) prône de son côté “la fermeté” et souhaite agir en continuité avec les décisions du gouvernement : "Il faut agir tout d’abord avec des moyens humains, c’est ce que nous faisons depuis 4 ans, nous remettons des policiers dans la rue. Nous renforçons les effectifs de policiers et de gendarmes".
A quoi ressembleront les transports dans les Pays de la Loire selon les candidats ?
L’intérêt des Français pour la gestion des transports régionaux a grandi depuis les dernières élections (50% contre 40% il y a 6 ans). Dans les Pays de la Loire, 83% des déplacements se font en voiture malgré les 550 TER qui y circulent par jour.
Matthieu Orphelin souhaite investir davantage dans les trains pour "plus de trains, plus de cars, plus de fréquence", mais aussi dans les mobilités actives comme le vélo.
Christelle Morançais (LR), est pour une ouverture à la concurrence des TER mais elle rassure : "le TER va rester un service public géré et financé par la région. Ca va nous permettre de doubler les TER en 10 ans”.
"Président de région, moi, demain je stoppe la privatisation des TER” s’est positionné Guillaume Garot. "L’ouverture à la concurrence c’est la mort lente de la qualité du service", a-t-il précisé, ajoutant que "ni François de Rugy, ni Matthieu Orphelin n‘ont voté contre (en tant que députés) la loi ferroviaire de 2018".
François de Rugy assume en effet être favorable à la mise en concurrence de TER pour que les régions puissent “choisir le meilleur opérateur”.
Hervé Juvin a fait la proposition d’un "pass mobilités” pour permettre un accès gratuit aux transports en commun “mais qui permette aussi aux habitants des Pays de la Loire possesseurs de véhicules anciens de continuer d’accéder aux agglomérations quand ils vivent dans le rural profond parce que sinon comment feront-ils tout simplement pour vivre dans leur région ?"