Régionales 2021 en Pays de la Loire : toutes les listes et le programme des candidats

C’est l'une des rares régions dans laquelle le scrutin est incertain. En Pays de la Loire, la présidente LR bénéficie de la prime aux sortants et a rejeté la main tendue du candidat macroniste. La gauche, elle, compte bien reprendre la région, mais elle est divisée.

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Elle a fait durer le suspense longtemps, très longtemps, mais elle est désormais candidate. Et la présidente sortante, Christelle Morançais, fait sa première campagne des Régionales.

En 2015, c’est Bruno Retailleau le sénateur vendéen LR qui avait fait basculer la région. Touché par le cumul des mandats, il lui a laissé son fauteuil en octobre 2017. Aujourd’hui donc, c’est bien sur son bilan que Christelle Morançais fait campagne et que ses adversaires montent au front.

Une présidente en ligne de mire

Le premier à avoir dégainé, c’est le socialiste Guillaume Garot, ancien maire de Laval, ancien ministre de l’agroalimentaire de François Hollande. Celui qui veut faire des Pays de la Loire la première région de lutte contre le gaspillage alimentaire.

Depuis des semaines, il accusait Christelle Morançais de "faire campagne avec l’argent de la région". Il s’attaque désormais à sa ligne politique, trop à droite selon lui. Pas assez de soutien aux jeunes, aux précaires, un pacte sécurité voté en fin de mandat et pas suffisamment d’effort sur le ferroviaire et la transition écologique.

Le Mayennais Guillaume Garot, lui, est parti tôt en campagne, candidat depuis le mois de septembre 2020. Il voulait alors incarner le changement pour la région.

Une gauche divisée

Le problème, c’est que l’union de la gauche et des écologistes n’a pas eu lieu. Un deuxième candidat est venu semer le trouble, le médiatique député du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, ex EELV, et ex marcheur.

Chacun a rallié des figures ou des partis, celui de Corinne Lepage, ex-ministre de l’environnement pour Guillaume Garot, les Mélanchonistes de la France Insoumise pour Matthieu Orphelin.

Et chacun campe sur ses positions : Guillaume Garot estime que la PS a conforté ses bastions aux dernières élections municipales, Matthieu Orphelin, lui, met en avant la poussée écologiste. Mais l’un et l’autre se préservent dans cette campagne, ils sont concurrents mais pas ennemis et ils feront cause commune au second tour.

Des élections teintées de vert

L’ennemie pour la gauche et les écologistes, ça n’est pas seulement la présidente LR sortante, l’ennemi, c’est aussi un ancien d’Europe Ecologie les Verts, le Nantais François de Rugy. L’ex ministre d’Emmanuel Macron, démissionné en 2018 pour son train de vie jugé fastueux, représente aujourd’hui l’un des meilleurs espoirs pour la République en Marche. Dans un sondage publié début 2021, LREM faisait jeu égal avec la gauche et la droite.

En Pays de la Loire, il a voulu s’essayer à la recomposition politique et proposé une main tendue à Christelle Morançais, qui a refusé.

L’écologie à toutes les sauces

Pour se démarquer de son ancienne famille politique, il cogne désormais sur "l’écologie radicale" de Matthieu Orphelin associé à la France Insoumise. Il accuse l’écologiste de vouloir la décroissance alors que lui propose de développer l’économie pour financer la transition écologique.

Il milite d’ailleurs pour l’installation du géant Amazone au sud de Nantes, l’implantation d’un Surf Park à Port Saint Père ou encore un parc technologique sur la zone du Carnet. Comme Christelle Morançais, qui n’hésite pas à affirmer : "Je suis la première écologiste de la région".

Le localisme : la proximité version RN

L’autre acteur de cette scène politique, c’est le Rassemblement National. Faute de cadres locaux, Marine le Pen a puisé dans le vivier des députés européens et choisi Hervé Juvin pour les Pays de la Loire, une région dans laquelle la présidente du RN souhaite que son parti s’installe.

Economiste et essayiste, Hervé Juvin n’est pas encarté au RN et vient de fonder un mouvement complémentaire "les localistes". Un parti dont il résume le programme : "une écologie heureuse, très loin des bobos sectaires écologistes". La mesure qu’il défend : un moratoire contre les éoliennes en mer et sur terre et la défense du territoire.

Exit l’ancien patron du RN à la région, Pascal Gannat, qui avait totalisé plus de 21% des voix au premier tour en 2015. Démissionné pour sa proximité avec Marion Maréchal Le Pen. Il a tenté de monter sa propre liste et proposé une alliance à Debout la France, qui a refusé.

La région : la collectivité qui pèse

Ces têtes de liste dans les starting blocks prouvent en tout cas que la collectivité qui attire aujourd’hui les élus, c’est la région. Une collectivité qui a pris du poids avec la réforme territoriale de 2015 et dont les compétences se sont étendues.

A un an de l’élection présidentielle, les formations politiques vont aussi mesurer leurs poids auprès des électeurs et les vainqueurs seront en position de force pour négocier des alliances. Les stratégies politiques de la Présidentielle se joue dans les régions, y compris dans la nôtre.

Et la crainte de tous les candidats, c’est l’abstention, qui s’annonce majeure à l’heure du déconfinement et du discrédit des partis politiques.

Christelle Morançais l’a bien compris, qui s’affiche "union de la droite, du centre et société civile" gommant toute référence aux Républicains (dont elle est pourtant la vice-présidente) sur ses documents de campagne. "ça va se jouer dès le premier tour" affirme-t-elle.

En attendant, chacun enchaine les déplacements sur le terrain, dans une campagne qui a bien du mal à mobiliser.

Les 8 têtes de listes des Pays de la Loire

Comme en 2015, Eddy le Beller, technicien aux chantiers navals de Saint Nazaire a été désigné tête de liste de Lutte Ouvrière. Les élections régionales sont pour LO l’occasion de "défendre les intérêts des travailleurs". Pas de programme spécifique ni de propositions liées aux compétences de la région. Pour lutte ouvrière, l’important, c’est d’être présent, comme à chaque scrutin.

Exister et espérer un remboursement en atteignant les 5%, c’est aussi l’espoir affiché de Debout la France. Sa tête de liste, Cécile Bayle de Jessé est une ex-Villiériste, ex conseillère régionale de François Fillon. En 2015, elle portait déjà, elle aussi, les couleurs du parti de Nicolas Dupont Aignan et n’avait totalisé que 4, 3% des voix. Sur sa liste, rebaptisée "Debout les Pays de la Loire", elle accueille aussi des Républicains en rupture de ban, mais aucun accord n’a été trouvé avec les anciens candidats du rassemblement national.

Elle est la candidate de dernière minute : Linda Rigaudeau. A 41 ans, cette naturopathe nantaise, mène la liste Un nôtre monde. 
"On s’est clairement enregistrés comme Sans Etiquette, nous ne sommes rattachés à aucun parti. Nous sommes un mouvement citoyen, qui veut sortir des clivages. L’objectif c’est de redonner du sens à la démocratie, en la rendant plus participative".

C’est la 1ère fois qu’elle se présente à une élection

Les 5 autres têtes de liste devraient toutes atteindre plus de 10% à l’issue du 1er tour :

  • Matthieu Orphelin,  "L’Ecologie ensemble, solidaire & citoyenne" 
  • Guillaume Garot, PS "Le Printemps des Pays de la Loire »
  • François de Rugy, LREM "Liste de la majorité présidentielle"
  • Christelle Morançais, LR "Liste de la majorité régionale, union de la droite, du centre et de la société civile"
  • Hervé Juvin, Rassemblement National

Le 20 juin au soir, si tous sont qualifiés, le socialiste Guillaume Garot et l’écologiste Matthieu Orphelin ont déjà déclaré qu’ils feraient liste commune. Une quadrangulaire est donc possible à l’issue du premier tour.

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