Risques d'attentats. Protéger les élèves, les enseignants et les personnels oui, mais comment ?

Alors que les alertes à la bombe se multiplient dans les établissements scolaires français depuis l'assassinat du professeur de lettres Dominique Bernard au lycée-collège Gambetta d'Arras, la question de la sécurité est au cœur de toutes les attentions. Faut-il installer des portiques aux portes des écoles ? Que faire pour protéger les élèves, les personnels et les enseignants ? La question est en débat en Pays de la Loire.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Trois ans presque jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, le nouveau drame qui a touché un professeur de lettres du lycée-Collège d'Arras, relance la question de la sécurité aux abords et à l'intérieur des établissements scolaires français.

Alors, que faire pour protéger, les élèves, les personnels et les enseignants ? Certaines régions comme l'Auvergne ont testé l'installation de portiques. En Pays de la Loire, on y réfléchit. La question est en débat.

12 millions d'euros investis en Pays de la Loire

"La région fait déjà beaucoup. Depuis 2015 et le résultat d'un audit sur la sécurité et l'accessibilité de tous les lycées, nous avons investi 12 millions d'euros et encore cette année un million d'euros,"  explique Sandra Impériale, la vice-présidente Les Républicains de la région, en charge de l'éducation. 

Du badgeage est mis en place dans les lycées. Bientôt dans un des très gros établissements de la région, nous installerons un portique. Il existe aussi des plans de protection de mise en sécurité. Les agents de la région sont formés très régulièrement

Sandra Impériale

Vice-présidente (LR) de la région, en charge de l'éducation

L'élue précise que "certains lycées sont équipés de caméras ". "Nous sommes par ailleurs toujours en relation avec les forces de l'ordre, la gendarmerie et les polices municipales. Ils peuvent intervenir à l'intérieur des lycées, pas seulement à l'extérieur", ajoute-t-elle.

Dans le contexte actuel, les portiques sont-ils aussi une des solutions ? "C'est en fonction de la demande. Du sur-mesure avec les chefs d'établissement. Notre politique, c'est celle de la confiance et du perpétuel dialogue avec eux", répond Sandra Impériale. 

Là où nous installerons des portiques, il faudra que ce soit utile. Si on badge avec des portiques, cela peut provoquer des attroupements à l'entrée, des regroupements qui peuvent devenir une cible pour des attentats terroristes

Sandra Impériale

Vice-présidente (LR) de la région, en charge de l'éducation

Ces outils de protection sont financés par la région. Pour ce qui est des abords des établissements, c'est au ministère de l'Intérieur de gérer.

La généralisation, ça a l'air beau sur le papier. Mais sincèrement, on ne veut pas que les lycées des Pays de la Loire soient des bunkers ou des prisons. Il y a des mesures différentes à prendre, elles sont différentes dans un lycée rural ou dans un lycée urbain en proie au trafic.

Sandra Impériale

Vice-présidente (LR) de la région, en charge de l'éducation

"Au cas par cas"

Pour la gauche, il faut aller encore plus loin. "Il est indispensable de former les agents, les enseignants, à ce qu'est aujourd'hui la radicalisation. Souvent, ils avouent être démunis. Donc, il faut les accompagner, leur donner les outils", constate Guillaume Garot, conseiller régional PS.

"Il faut aussi former les lycéens. Ce que je constate, c'est que la région a réduit les financements pour les actions éducatives", ajoute-t-il. 

Nous, nous considérons que l'on doit mettre le paquet, sur la laïcité, sur les valeurs républicaines, la citoyenneté. Là-dessus, la région n'a eu de cesse de diminuer les crédits

Guillaume Garot

Conseiller régional PS

Et pour ce qui est de la sécurité à l'intérieur des établissements ? "Il y a les portiques, les visiophones, les badges. Tout cela doit être évalué au cas par cas. Il n'y a pas deux établissements qui se ressemblent, répond le conseiller régional PS.

On a aussi besoin d'une présence humaine aux abords des établissements pour prévenir des risques, pour apaiser quand c'est nécessaire, même si on sait tous qu'une sécurité à 100 % est impossible. On ne va pas mettre un policier derrière chaque élève ou devant chaque entrée de lycée

Guillaume Garot

Conseiller régional PS

"Il faut plus d'humains à l'école, du personnel supplémentaire"

Les syndicats, eux, tournent le dos à ces tourniquets. "Cela ne répond pas à nos attentes. On reprend de vielles recettes, testées notamment aux États-Unis. On voit que ça n'a absolument pas résolu les problèmes de violence. Cela va juste générer d'autres problèmes que l'on entrevoit déjà depuis lundi", explique Jeoffrey-Gaylord Rémaud, co-secrétaire du SNES-FSU de Nantes.

"Depuis lundi, un contrôle systématique des sacs est effectué dans la plupart des établissements et on assiste déjà à des attroupements d'élèves. Nous, on souhaiterait la présence de plus d'humains dans les écoles, spécialement des assistants d'éducation qui seraient là pour accueillir les élèves."

Les portiques ne feront que rajouter de la tension, un manque de confiance, on va se surveiller les uns les autres. C'est inopérant. On fera quoi après ? On va interdire les ciseaux, les compas, les équerres en métal  ?

Jeoffrey-Gaylord Rémaud

Co-secrétaire SNES-FSU Nantes et professeur d'histoire géographie en collège

Pour ce professeur d'histoire-géo, le constat est sans appel. "La société est violente et cette violence s'importe dans l'école. Et il faudrait que l'école réponde à ça, mais il faudrait commencer par lutter contre cette violence de la société".

 Alors comment protéger les élèves ? 

"Les collectivités pourraient déjà commencer par réparer l'existant. Réembaucher des agents d'accueil, la vidéosurveillance ne règle rien, elle sert juste à filmer un fait divers. Il faut aussi restaurer les bâtiments et mettre le personnel suffisant", affirme le syndicaliste.

Les portiques, un outil déjà testé

La région Auvergne-Rhône-Alpes a installé depuis plusieurs années des portiques de sécurité, tourniquets et sas, dans ses 305 lycées publics afin de mieux contrôler les entrées et sorties. 110 millions d'euros ont été investis depuis 2016.

Après le drame d'Arras, c'est donc une des pistes envisagées par le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Éducation nationale pour protéger tous les établissements. Un dispositif rassurant, mais pas infaillible.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité