Le Café de la Place, c'est le point de ralliement de tous les habitants de Préval, dans le nord-est de la Sarthe. C'est ici que Christiane Brilhault a décidé de terminer sa carrière en reprenant ce bar multi-service, pour le bonheur des habitants de ce village rural.
" C'est convivial. Ici, tout le monde s'entend bien. Moi, j'aime bien venir le matin boire mon petit café et discuter avec les gens ", confie Arnaud, un habitué de la première heure, venu avec ses deux chiennes. Il faut dire que cela faisait plus d’un an que la place principale du village de Préval avait perdu son café.
Les locaux avaient été rachetés par la mairie de cette commune de 702 habitants, proche de la Ferté-Bernard. Le maire et ses administrés attendaient de pied ferme un repreneur. Trois candidats se sont présentés pour une audition devant le conseil municipal : c’est finalement Christiane Brilhaut, une ex-employée d’usine de 58 ans qui a remporté les suffrages des élus.
" Quand je me suis présentée à la mairie ", explique Christiane, "j'ai parlé avec mon cœur, c'est peut-être ce qui a fait la différence avec les autres candidats."
Pour le maire de Préval, José Plans, elle réunit les qualités indispensables pour tenir ce type de commerce multiservices : "Il faut aimer les échanges, il faut supporter les gens, car tout le monde n'est pas facile... Et puis, il faut être disponible."
"J'y vais ? j'y vais pas ?"
À 58 ans, le challenge est de taille pour Christiane qui espère bien finir sa carrière professionnelle derrière ce comptoir. " Ça fait déjà dix ou quinze ans que j'imaginais reprendre une affaire. J'avais déjà passé entretemps le permis d'exploitation, j'avais fait une formation sur la création d'entreprise, sur les normes d'hygiène. Tout ça entre deux contrats d'intérim. Toujours dans l'espoir d'en faire quelque chose un jour. "
Ça m'est tombé dessus par hasard. Pour moi, c'était tard. À 58 ans,il faut oser... J'y vais ? J'y vais pas ?
Christiane BrilhaultGérante du Café de la Place
Pour que le commerce tienne, Christiane en a bien conscience, il faut que tous les habitants jouent le jeu.
"Je savais qu'au démarrage, je ne gagnerais rien. Mais il n'y a pas de raisons que ça ne marche pas. J'ai déjà des habitués qui m'encouragent."
La municipalité aussi a bien saisi l'enjeu financier. José Plans confirme, "Le loyer, c'est zéro ! Parce que, sinon, c'est très compliqué pour le tenancier de se sortir un salaire, ne serait-ce que le Smic".
Lieu carrefour du village, à l'image de l'école et de ses 75 élèves, le Café de la Place reste le symbole d'un village qui ne veut pas perdre le lien social qui existe entre les habitants, ne pas " devenir une cité-dortoir pour les gens qui travaillent à La Ferté-Bernard " toute proche, selon l'édile de Préval.
Les usagers renchérissent. Pour Suzanne, la nouvelle patronne du café est exemplaire. "On remercie Christiane d'avoir repris, elle a eu le courage de reprendre ce commerce après un an de fermeture. En plus, elle fait travailler nos commerçants et nos artisans des alentours. Maintenant, j'espère que les habitants de Préval vont jouer le jeu."
On peut l'appeler le café du bonheur parce qu'on vient, on boit un café et on laisse courir jusqu'à midi et demi et on boit l'apéro... Avec modération !
Suzannehabituée du Café de la Place
Le reportage de Marc Yvard, Christelle Massé, Dominique Le Brun
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