Assises de la Sarthe, affaire Guittard : le verdict attendu ce vendredi 8 février

Ce vendredi 8 février marque le dernier jour du procès Guittard. A l’issue de ces presque deux semaines d’audience aux assises de la Sarthe, les accusés ont pu prendre la parole une dernière fois. La cour a désormais toute la journée pour délibérer.

C'était les derniers mots auxquels ils avaient le droit avant la délibération du jury. Les accusés Touria Rafjaoui et Jean-François Ornano ont pris la parole au dernier jour de ce procès. 

Jean-François Ornano :
« Je voulais m’adresser aux soeurs, aux frères, aux filles de Frédéric Guittard. Vous vouliez la vérité, je vous l’ai apportée. (...) Je m’en veux de ne pas avoir trouvé les mots pour que Magalie ne monte pas dans cet appartement. (..) Vous êtes une belle famille, une famille que j’aurais aimé avoir. »

Touria Rafjaoui
"Je voudrais réitérer ce que j’ai déjà écrit à mes filles : "Je n’ai pas tué votre père, je n’ai jamais voulu sa mort." (...) Je sais que la reconstruction va être difficile pour tous. Je n'ai peut etre pas toujours été une bonne mère mais la seule certitude que j’ai, c’est que je vous aime de manière inconditionnelle. »
 

 

RESUME DE L'AFFAIRE

Les faits
Le lundi 29 juin 2015, Frédéric Guittard, directeur commercial d’une grande entreprise de la Sarthe, est retrouvé mort dans son logement de la rue Albert Maignan au Mans. Sa fille aînée Mélissa et son amie Pauline découvrent le corps dans le salon.

« Il y avait du sang partout ! » racontera Pauline pendant le procès. Frédéric Guittard a reçu trois balles, dont une dans la tempe. Il est retrouvé le pantalon baissé, à côté du radiateur.

Le week-end précédant ce lundi 29 juin, Touria Rafjaoui recevait chez elle un couple d’amis venus de Corse. Il s’agissait de Magalie Pinardaud et Jean-François Ornano. Le couple a passé plusieurs jours chez Touria Rafjaoui à l’occasion de la fête des voisins. Ils l’ont quittée le jour de la mort de Frédéric Guittard.
 

Les mois qui suivent la mort de Frédéric Guittard
L’enquête ne permet pas de retrouver d’ADN dans le salon. Mais les officiers de police judiciaire comprennent au fil de leurs investigations que le corps a d’abord chuté au niveau du canapé et a ensuite été déplacé. 

Touria Rafjaoui n’est alors pas encore soupçonnée d’avoir facilité le meurtre de son mari. Elle se rend à l’enterrement, avec ses filles. Une scène que raconte Maître Soret, leur avocat :

"Vous irez - Touria Rafjaoui - à l’enterrement,  et de chaque côté de votre corps il y aura vos filles. Vous les tiendrez, l’une et l’autre, par la main. (…) Sans le savoir, elles tiennent les mains assassines. »
 

Touria Rafjaoui cache la venue du couple corse aux enquêteurs
Jusqu’en octobre 2015, Touria Rafjaoui sera entendue à cinq reprises par les enquêteurs. Il n’y a que lors de sa première garde à vue que l’ex-femme de Frédéric Guittard expliquera qu’elle n’a pas "dit toute la vérité." 

« Vous attendez que les enquêteurs vous posent la question. Vous ne vouliez pas les aider ? » lui lancera le président de la cour pendant l’audience. Touria Rafjaoui se défendra en expliquant qu’elle craignait d’avoir fait une erreur. « Je n’ai pas peur de la justice. Ce qui me faisait peur, c’était ce qu’allaient penser mes enfants. C’était eux mes juges. »

Le couple corse de passage chez Touria Rafjaoui le week-end précédent la mort de Frédéric Guittard sera retrouvé et placé en garde à vue. Magalie Pinardaud sera la première à s’accuser du meurtre. Jean-François Ornano s’accusera également du meurtre quand il aura connaissance des déclarations de sa compagne.
 
 

Le procès 

Magalie Pinardaud, la grande absente 

Quand le procès s’ouvre le 28 janvier 2019, seuls deux des trois accusés sont présents dans le box : Touria Rafjaoui, l’ex-femme de Frédéric Guittard, et Jean-François Ornano. Ce dernier était le compagnon de Magalie Pinardaud au moment des faits. Elle est décédée quelques semaines avant le procès, probablement d’un suicide.

Dans la partie civile, les deux filles du couple Guittard ainsi que les soeurs de la victimes sont présentes. 

Déclaration surprise de Jean-François Ornano

Lors de ses déclarations devant la cour d’Assises, Jean-François Ornano assure qu’il aurait caché la vérité à la justice pour protéger son ex-compagne, Magalie Pinardaud.  « Je ne suis pas un monstre, je n’ai tué personne. (...) Je me suis chargé pour la protéger. »

Ce serait désormais pour la famille de Frédéric Guittard qu’il parlerait. « Tout au long des auditions de Mélissa Guittard, sa souffrance et sa douleur transpirent, lui fait remarquer le président de la cour. Vous ne pouviez pas vous en rendre compte avant cette audience ? »

Dans cette nouvelle version, l’homme assure s’être déplacé au Mans pour « soutenir une personne suicidaire », Touria Rafjaoui. Ce serait elle qui aurait fourni l'arme du crime à Magalie Pinardaud.

Le président de la cour a pourtant rappelé un échange de SMS, quelques jours auparavant, entre Jean-François Ornano et Magalie Pinardaud. Cette dernière écrit à son compagnon : « Cet homme (Frédéric Guittard, ndlr) mérite une balle dans la tête. »
 

Touria Rafjaoui a-t-elle facilité le meurtre de son mari ?

Les mots de l’accusée étaient parfois confus. Au cours de la huitième journée de procès, Touria Rafjaoui a tenté de répondre à une question, revenue plusieurs fois : a-t-elle fourni, oui ou non, un badge d’accès au logement de Frédéric Guittard ?

Le Président de la cour l’a rappelé : la version de l’ex femme de Frédéric Guittard n’a cessé d’évoluer au fur et à mesures de ses auditions. Ce mercredi 6 février, elle dit pourtant clairement qu’elle savait que ce badge était bien dans les mains de Magalie Pinardaud ce 29 juin 2015.

L’accusée assure qu’elle n’a jamais remis ce badge au couple corse et qu’il lui aurait été subtilisé. Quand elle leur aurait réclamé, ils auraient refusé de lui rendre en lui expliquant : « On va rendre une visite à Fred. »
 

L’avocat général demande une peine de prison de plus de 30 ans

Au neuvième jour de procès, l’avocat général a demandé une peine lourde lors de son réquisitoire. « La venue du couple corse est une punition. (…) Le but ultime était de trouver Frédéric Guittard. »

« Au regard de l’acte d’assassinat , je requiers une période de réclusion criminelle de plus de 30 ans pour Jean-François Ornano, ainsi qu’une période de sûreté de la moitié de la peine. Je requiers également que Touria Rafjaoui soit condamnée à une peine de réclusion criminelle. »
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