Julie Bansept et Gwenaël Fouquet, installés à Bazouges-sur-le-Loir, en Sarthe, risquent de tout perdre s'il n'écoulent pas leur stock dans les prochaines semaines.
Ces passionnés de plantes installés depuis 13 ans à Bazouges-sur-le-Loir, dans la Sarthe, ne savent plus comment faire pour continuer à vivre de leur métier.
"On risque de tout perdre, se désole Julie, le bénéfice de nos plus belles années et tout le reste. Une situation catastrophique nous attend si nous n'écoulons pas les plantes qu'il nous reste. On ne tiendra plus longtemps.»
C'est un appel à l'aide qu'ils lancent pour sauver leur entreprise au bord du chaos.
"On se retrouve avec beaucoup de plantes sur les bras à ne pas savoir quoi en faire, dépore Julie. On va sûrement devoir les jeter dans les prochaines semaines, on n’arrivera pas à tenir cette marchandise bien longtemps."
"Avec le beau temps, la plante devient à l’étroit dans son pot et on ne pourra que la jeter" ajoute Julie.
20 à 40 000 euros de pertes
Contrairement aux grossistes qui ont pu fournir les jardineries et les grandes distributions, les serres de Julie ont subi de plein fouet les mesures de confinement. Aucun marché, aucune foire, aucun comice n'ont eu lieu pendant deux mois. Toutes les productions de début de printemps qui dépérissent assez vite sont allées à la benne.
"Alors que nous réalisons normalement 80% de notre chiffre d'affaires à cette période , nous estimons avoir déjà perdu 20 à 40 000 euros même si nous nous sommes mis à faire de la vente en ligne."La filière de l'horticulture connait un manque à gagner de 200 millions d'euros. Le 15 mai dernier, des représentants de la fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières (FNPHP) ont rencontré Didier Guillaume, le ministre de l'agriculture.
Thierry Roy, chargé de mission pour la Bretagne, les Pays de la Loire et le Centre à la FNPHP, est dans l'attente et l'expectative.
"Une clause de revoyure a été évoquée avec trois dispositifs mis en avant ,explique-t-il. Exonération de charges patronales sur deux mois, soutien des pouvoirs publics à la promotion de l'horticulture sur différents médias et prise en charge des destructions et des pertes du chiffre d'affaires selon des critères à définir. Une nouvelle rencontre est prévue dans 15 jours".
"On attend un geste de l'état"
Julie et Gwenaël se souviennent bien de l'intervention télévisée d'Emmanuel Macron : "Tout sera mis en en oeuvre pour protéger nos entreprises, quoi qu'il en coûte" et de celle de Bruno Lemaire: " Toutes les entreprises qui feront la demande obtiendront des reports de charges et d'impôts dans les prochains jours et semaines. Les entreprises les plus en difficulté pourront ensuite obtenir si nécessaire des exonérations pures et simples."
Eux, souhaiteraient que l’Etat donne une aide financière et pas un report de charges qui les enfoncerait davantage."Il nous faudrait des charges exonérées et non pas reportées comme cela l'est actuellement. Nous payons 16 000 euros de charges patronales sur l'année, ça serait un bon coup de pouce de les supprimer" se permet de rêver Gwenaël.
Pendant le confinement, comme 33 % de la profession, le couple a dû demander à sa banque un prêt garanti par l’Etat de 42 000 euros, un prêt pour rembourser tout ce qu'ils devaient à leurs fournisseurs.
Pour Julie, c'est dur à avaler : "Ce prêt, je l’ai en travers de la gorge parce qu’on est déjà fragile et il nous met encore plus la corde au cou." Elle souhaiterait tellement que la situation soit différente.
Continuer à vivre de leur métier
Pourtant, les journées, ils ne les voient pas défiler. Avant le confinement, ils passaient dix heures, chaque jour, dans les serres et depuis que leur salarié est au chômage partiel, ils ne comptent plus. La raison : "On aime faire correctement notre travail, un travail à l'ancienne pour avoir de la qualité". Julie et Gwnaël veillent à se démarquer de la grande distribution.
Ecouler les stocks à tout prix
Depuis le 11 mai, les Serres de Julie ont rouvert leurs portes au public. Gwenaël Fouquet a repris la vente sur quatre marchés locaux par semaine mais cela ne suffira pas à écouler leur stock. C'est pourquoi ils lancent un S.O.S. pour que plus d'acheteurs viennent à leur rencontre ( particuliers ou collectivités)."Il nous reste à peu près la moitié de la production du printemps dans nos serres. Il nous faut plus de débouchés pour les vendre. On a souffert du confinement et on va souffrir de la suite si rien ne se passe." rappelle Julie.