Près d'un an après la liquidation judiciaire du papetier Arjowiggins à Bessé-sur-Braye, en Sarthe, une vingtaine d'anciens salariés ont lancé un projet de reprise de l'usine de Bessé-sur-Braye. Ils sont aujourd'hui à la recherche d'un investisseur pour redémarrer l'activité.
Plus aucune fumée ne s'échappe de la cheminée de l'usine d'Arjowiggins, à Bessé-sur-Braye, depuis le 29 mars 2019 et l'annonce de la fermeture du site.
Bessé-sur-Braye, située à une cinquantaine de kilomètres du Mans, compte un peu plus de 2 000 habitants. Un an après la fermeture de l'usine, la petite commune reste meurtrie.
"On est toujours sous le choc de cette nouvelle qui était inattendue", explique Jacques Lacoche, maire de Bessé-sur-Braye.Après le choc, le rebond. Depuis quelques mois, des anciens salariés travaillent sur un projet de reprise de l'usine.
"Alors là, il s'agit du papier qui a été couché avec la couche sans polyéthylène donc, sans plastique"... Christophe Garcia est l'un des salariés qui misent sur la production de ce papier Barrière.
Il peut remplacer le plastique présent dans certains produits du quotidien, comme, par exemple, la vaiselle jetable.
Un produit respectueux de l'environnement, selon Laurent Trudel, l'un des porteurs du projet.
Aller de l'avant
"On a toujours été une usine qui essaie d'aller de l'avant, une usine qui esssaie d'avoir des produits innovants", explique-t-il, avec "une recherche et développement qui essaie de trouver les marchés de demain".Olivier Guillou, un expert, accompagne les salariés dans leur démarche. Il l'a certifié, ce projet est viable.Il y a de l'espoir et on pense qu'il y a de l'avenir sur un projet comme ça - Laurent Trudel, ancien salarié d'Arjowiggins
Il estime entre 15 et 17 millions d'euros l'investissement nécessaire pour relancer l'usine. Loin d'être un frein pour les professionnels du secteur.
"Des premières discussions ont eu lieu avec, déjà, des regards positifs ou très positifs des industriels qui ont regardé le projet et qui, visiblement, ont l'oeil qui pétille quand ils regardent ce que cela peut donner dans l'avenir ", se félicite Olivier Guillou.
Ce projet "est un espoir nouveau (...) qui porte sur des éléments porteurs et d'avenir", se félicite Jacques Lacoche, mais il reconnait être "très angoissé parce que, jusqu'à présent, rien n'a marché", "maintenant il faut trouver un repreneur, il faut trouver les fonds.
"J'ai toujours l'espoir que quelque chose arrive"
Licencié il y a un an, Stéphane est prêt à revenir chez "Arjo". Durant 27 ans, il a occupé douze postes différents à la papeterie.Il n'a toujours pas tourné la page, comme en témoignent les documents et photos toujours présents chez lui.
"Sur le site, sachez que mes placards ne sont pas vides", dit Stéphane Blot, "si un jour on me rappelle, j'ouvre mon placard, mes affaires sont là encore".
"On avait l'ordre de tout sortir, moi non je n'étais pas d'accord. J'ai toujours l'espoir que quelque chose arrive", poursuit-il.
L'investisseur pourrait embaucher 120 personnes. Mais les porteurs du projet ne veulent pas créer de faux espoirs. Ils conseillent aux anciens salariés de chercher un emploi ailleurs.
Des papiers couchés de spécialité
Le 29 mars 2019, le tribunal de Nanterre prononçait la liquidation judiciaire d'Arjowiggins.Les 580 salariés de la principale usine d'Arjowiggins à Bessé-sur-Braye, en Sarthe, avaient lancé deux jours plus tôt un "appel solennel" à l'Etat pour soutenir un projet industriel "crédible et viable".
Cela faisait plusieurs mois que salariés et élus se mobilisaient pour alerter sur les conséquences d'une fermeture des sites dans la Sarthe, où les papeteries "représentent le principal employeur de la région".
Fondée en 1824, l'usine de Bessé-sur-Braye (320.000 t/an) fabriquait en particulier des papiers couchés de spécialité et des papiers laminés.