A La Chartre-sur-le-Loir , la tour Jeanne d’Arc est devenue l’emblème de la ville. Des allures de donjon médiéval, il s’agit en fait d’une chapelle commémorative à laquelle les habitants sont très attachés. On célèbre les cent ans de la tour le week-end prochain.
C’est un chemin qu’elle a commencé à emprunter toute petite, avec sa grand-mère. Aujourd’hui, la retraite installée, Dominique Gille est devenue maire-adjointe de La Chartre-sur-le-Loir. Elle continue encore à grimper jusqu’à la tour Jeanne d’Arc qui surplombe la ville.
La clé en main, elle ouvre le gros cadenas de la porte en fer forgée. A l’intérieur de cette tour aux allures de donjon médiéval, une chapelle. Et 419 noms écrits en lettres rouges sur du marbre blanc. Des soldats morts au combat. Première et seconde guerres mondiales. Et même celles d’Indochine et de Corée.
99 hommes originaires du canton dont on protège la mémoire par ce monument érigé il y a un siècle. Et parmi eux, il en est un qui compte tout particulièrement pour Dominique Gille : Victor Gille. "C’est le nom de mon grand-père, annonce-t-elle. je me souviens, petite, d’être montée à la tour avec ma grand-mère qui était veuve depuis la guerre de 14. Nous avions beaucoup d’émotion à arriver jusqu’ici. Mes grands-parents se sont mariés en mars, mon grand-père a été tué en août et leur fils est né décembre. Et c’était mon père".
"L’idée de cette tour vient de quelques grandes familles chartraines"
Depuis cent ans maintenant, la tour rappelle aux vivants le sacrifice de ceux qui se sont battus pour la France. Une tour de dix mètres de haut installée sur une colline. A l’emplacement d’une ancienne forteresse. Créneaux, canon, meurtrières. La tour, bien que récente, reprend tous les codes de l’imagerie médiévale.
A son sommet, une statue de Jeanne d’Arc se dresse fièrement, drapeau à la main."L’idée de cette tour vient de quelques grandes familles chartraines, plutôt bourgeoises et religieuses, qui avaient fait le serment que si La-Chartre-sur-le-Loir était épargnée par la guerre de 14, elles construiraient un monument en hommage à Jeanne d’Arc" relate Henri Boillot, journaliste et écrivain local. En 1920, Jeanne d’Arc avait été béatifiée et faisait figure de protectrice de la France.
Un siècle plus tard, la tour a réussi à conquérir le cœur des habitants de La Chartre-sur-le-Loir. "Tout le monde aime la tour Jeanne d’Arc !, confie Dominique Gille, l’adjointe au maire. même les petits-enfants ! Dès qu’ils peuvent marcher suffisamment et grimper les 202 marches qui y mènent, ils vont en courant jusqu’à la tour ! Quant aux adolescents, ils aiment y aller le soir et c’est peut-être là que des amours juvéniles se sont nouées".
A 90 mètres d’altitude
Erigée le 19 juin 1921, la tour Jeanne d’Arc, s’apprête à fêter ses cent ans. Pour l’occasion, la municipalité de La Chartre-sur-le-Loir vient de faire tomber les arbres qui en masquaient la silhouette depuis le cœur de la ville.
Elle se dresse, aujourd’hui bien visible, au sommet d’un coteau boisé à 90 mètres d’altitude. A ses pieds, l’église, les maisons, les commerces, la rivière. Et plus loin encore, la campagne tranquille de ce coin verdoyant de Sarthe.
"La tour offre l’avantage d’offrir un panorama absolument magnifique, s’enthousiasme Dominique Gille, on voit tous les environs à 25 km à la ronde. On a une vue dégagée sur les vignobles du Jasnières ou vers Couture, le village d’où est originaire le poète Ronsard".
Ce samedi 12 et dimanche 13 juin 2021, La Chartre-sur-le-loir s’apprête donc à fêter, comme il se doit, les 100 ans de celle qui est devenue l’emblème de la ville. Cérémonies en hommage aux soldats, samedi à 18h. Exposition de photos anciennes à la mairie. Et le soir, dès vendredi, la tour s’illuminera. Un viticulteur de la commune a même créé une cuvée spéciale "Tour Jeanne d’Arc" qu’il fera découvrir lors de ces deux jours de festivités.