Les deux rassemblements, organisés ce samedi au Mans à l’initiative de Reconquête et du Souvenir vendéen, se sont tenus sans débordement. Les autorités craignaient des affrontements avec des collectifs antifascistes, dont les manifestations prévues au même moment ont été interdites par la préfecture.
Ils sont une petite trentaine, ce samedi soir, à avoir bravé le froid pour se souvenir d’une bataille vieille de 230 ans.
Chaque année à la même période, la marche du souvenir vendéen commémore la défaite de l'armée catholique et royaliste vendéenne face aux troupes républicaines, les 12 et 13 décembre 1793.
Ils se sont rassemblés à partir de 18h30, pendant une dizaine de minutes, au pied de la muraille, avant de se disperser dans le calme.
Antécédents violents
Identifié à l’extrême-droite, ce rassemblement avait donné lieu à plusieurs débordements ces dernières années.
En 2019, une quarantaine de membres de l’Action française, cagoulés et armés de matraques ou de battes de base-ball, avaient semé le chaos en ville, en prenant notamment pour cible un bar gay-friendly. Des affrontements avaient eu lieu avec la police, mais aussi avec des militants antifascistes, rassemblés au même moment pour une contre-manifestation.
Après l’interdiction de la marche par le préfet de la Sarthe en 2020 et de nouveaux débordements l’an passé, les autorités redoutaient un regain de violence cette année.
Les contre-manifestations à l’appel des collectifs comme Antifasciste 72 ou Collages féministes Le Mans ont ainsi été interdites, aux motifs qu’elles n’ont pas pu “faire l’objet d’échange avec la préfecture quant au dispositif de sécurité mis en œuvre”, et qu’elles ne disposent pas “d’organisateur identifié qui puisse être un interlocuteur en cas de troubles.” La semaine dernière, environ 150 antifascistes se sont par ailleurs attaqués à un bar et une discothèque, gérés selon eux par un militant d’extrême-droite.
130 policiers et gendarmes mobilisés
Face à la crainte de manifestations sauvages et de tensions, 130 policiers et gendarmes étaient ainsi déployés dans les rues du Mans ce samedi.
Plus tôt dans la journée, une cinquantaine de personnes s’étaient déjà réunies à l’appel de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, sur la place Aristide Briand. Drapeaux français à la main pour certains, ils étaient officiellement rassemblés pour honorer la mémoire de Thomas, 16 ans, tué après une bagarre dans une fête de village à Crépol (Drôme) le 19 novembre.
Dans les faits, les cinq minutes de prise de parole ont surtout été le reflet d’un récit que l’extrême-droite s’efforce d’imposer depuis le drame, sans preuves concrètes. Une “bande de barbares” venue “tuer des blancs”, un triptyque “immigration-insécurité-islamisation” qu’il faudrait combattre “pour que la France reste la France”.
Autant de fantasmes ébranlés par les révélations de nos confrères du Parisien du 4 décembre dernier selon lesquelles la bagarre mortelle aurait été provoquée par certains amis de Thomas, dont l’un deux aurait confié au cours de la soirée " j’ai envie de taper des bougnoules".
Les deux rassemblements se sont dispersés dans le calme. Malgré les craintes des autorités, aucun débordement n’est à déplorer au Mans ce samedi.
Article écrit par Thibaut Grouhel, mis en ligne par Sandrine Gadet