Témoignage. Aurélie Mignot a été brûlée vive, "Ils n'arrivent pas à mesurer ce qu'ils ont fait"

Publié le Mis à jour le Écrit par Jeremy Armand et Fabienne Béranger
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Aurélie Mignot a été brûlée vive dans l'incendie de sa maison en 2019 à La Flèche, en Sarthe. Elle a témoigné devant la cour d’assises de Maine-et-Loire ce jeudi 25 janvier 2024 lors du procès en appel des quatre accusés.

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Près de 5 ans après cette nuit de l'horreur du 27 au 28 avril 2019. Première question, comment allez-vous ?

Je fais aller, on va dire. J'essaye d'aller bien parce que j'ai encore des soins et que c'est fatigant à la force.

Vous avez été brûlée sur le corps à 55 %. Votre douleur a été évaluée proche de l'insoutenable. Il y a toutes les séquelles. Et puis, il y a eu aussi le fait de faire face à la trahison de celui qui a vécu avec vous pendant plus de 20 ans, qui est le père de vos cinq enfants, Stéphane Schubhan. Lors du premier procès, le président vous avait demandé, à votre avis, pourquoi il a fait ça ? Est-ce que vous avez une réponse aujourd'hui ?

Non. Je n''ai pas trop de réponses, c'est plus des suppositions que des réponses. Donc c'est pour ça que je viens aussi aujourd'hui pour parler, pour justement essayer vraiment de savoir pourquoi. Et aussi, parce que pour moi, c'est très, très important de savoir qui a réellement mis le feu. 

Aujourd'hui, on ne le sait pas entre Stéphan Schubhan ou alors le gendre de sa maîtresse, Fabienne Gauthier notamment. Pour vous, les explications qui sont données lors du premier procès, de ce procès en appel, sont décevantes ?

Oui, c'est très, très décevantes parce que moi, je pensais qu'en me voyant, la première fois, en me revoyant au premier procès, quatre ans après, avoir encore des séquelles, je pensais que ça allait les toucher. Et même quand j'ai parlé à la cour et en m'adressant à eux, je pensais vraiment que ça allait les toucher et qu'au moins, j'aurais eu des réponses, mais je n'en ai pas eu du tout.

Cette semaine, jeudi, vous avez pris une décision forte. Avant de vous exprimer, avant de déposer, vous avez voulu que, contrairement au premier procès, des photos de vous, juste après le drame, soient diffusées. Pour quelle raison ?

Parce que je me dis que Monsieur Schubhan, lui, peut-être, enfin, ce n'est pas peut-être, il connaissait et il m'avait vue avec les pansements. Même si c'était un petit peu après, parce qu'au début, je ne voulais pas le voir, ou ma famille ne voulait pas qu'il me voie. Les autres accusés ne m'ont pas vu et ne savent pas par où je suis passée. Et moi, je veux vraiment qu'ils arrivent à comprendre ce qu'ils m'ont fait réellement, vraiment par où je suis passée. Et je vais le dire à la barre aussi, les souffrances que j'ai eues, même que j'ai encore aujourd'hui. Parce que même si ça va mieux, je souffre quand même.

Vous avez besoin que cette souffrance soit un peu mesurée par les quatre accusés ?

Par eux oui, parce que j'ai l'impression qu'ils sont là, mais ils n'arrivent pas à mesurer en réalité ce qu'ils ont fait. À chaque fois, ils disent qu'ils ont voulu juste me blesser et pas me tuer. Mais pour eux, je pense qu'ils ne réalisent pas. Ils ne savent pas à quel point j'ai souffert. Ma famille a souffert parce que je ne suis pas la seule à souffrir dans tout ça.

Les enfants, surtout en sachant que c'est leur papa qui a fait ça, eux souffrent beaucoup. Ils en souffrent beaucoup aussi, même s'ils essayent de me protéger et de ne pas le faire voir. Ça, je le sais qu'ils souffrent. Parce que, eux, souhaitent changer de nom. Ils ne veulent plus de contact avec.

Mon fils de 13 ans maintenant a reçu une lettre de son papa. Il n'a même pas pris la peine de la lire, il l'a déchiré et mise directement dans la poubelle. Donc c'est pour dire que, lui, il est très, très, très remonté.

C'est pour vos enfants aujourd'hui que vous tenez ?

Oui, ça c'est sûr. Si je n'avais pas mes enfants... Oui ,j'ai ma famille, j'ai mes frères, j'ai mes soeurs, mais mes enfants, c'est mon pilier, c'est mes vies, si je les ai mis au monde ce n'est pas pour les abandonner après.

Dernière question, en première instance, Stéphane Schubhan a été condamné à 30 ans de prison. Fabienne Gauthier, sa maîtresse, à 28 ans. Le gendre de celle-ci, Florian Allais, à  25 ans. Et son fils, Louis Le Breton, à 20 ans. Sur ces peines, vous, lors de ce second procès, qu'est-ce que vous attendez ?

Même si ça reste pareil, j'espère que ça ne diminuera pas, ça c'est sûr. Moi, je veux juste une chose que ça ne diminue pas, surtout pas. Que ça augmente ça après, moi ça me va aussi. Par contre, si ça reste pareil, je veux vraiment qu'ils arrivent à comprendre pourquoi ils ont cette peine-là.

Aujourd'hui, pour vous, ils le comprennent ?

Pour eux, ils sont là parce qu'ils ne méritent pas. Ils n'ont presque rien fait. Pour eux, ce n'est pas normal. J'ai entendu hier le papa de M. Nallet qui disait "deux ans ça irait", même lui. Je pense que quand il a dit ça, il n'a même pas mesuré l'ampleur, même l'impact que ça a pu faire sur moi. Parce qu'en disant ça, même lui, il ne comprend même pas ce que moi, j'ai vécu et ce que je vis encore aujourd'hui.

La cour d'assises d'Angers rendra son verdict sur ce second procès mercredi.

"Je me souviens de lui avoir dit de se taire"

Dans la nuit du 27 au 28 avril 2019 à la Flèche, Aurélie Mignot, son mari et leurs enfants sont réveillés alors que leur maison est en train de s'embraser. La mère de famille est brûlée vive, mais elle survit, marquée à vie.

Cette nuit-là, un des enfants du couple, coincé sur le toit, échappe in extremis aux flammes en sautant dans le vide. Les témoins de l'incendie et de la souffrance d'Aurélie Mignot décrivent un mari plus préoccupé par lui-même que de sa femme. "Il réclamait de l'eau pour son bras brûlé, criait beaucoup. Je me souviens de lui avoir dit de se taire", relate ainsi un témoin.

Un premier expert conclut à une origine accidentelle provoquée par l’incendie du téléphone portable de la victime. La procédure est clôturée le 19 juillet 2019.

Mais un renseignement anonyme adressé aux enquêteurs relance l’affaire et met les gendarmes sur la piste criminelle. L'incendie serait criminel et ourdi par le compagnon de la victime et sa maîtresse, Fabienne Gautier.

Stéphane Schubhan, le conjoint, est interpellé. Il est mis en examen et placé en détention provisoire, ainsi que Fabienne Gauthier, son fils Louis Lebreton et Florian Nallet, un proche de la famille. 

Les deux amants sont condamnés à 30 et 28 ans de réclusion criminelle. Leurs complices écopent de 25 et 20 ans de prison. L'enquête n'a pas permis de désigner l'auteur du départ de feu, ils ne dénonceront jamais celui qui est passé à l'acte.

Le parquet a fait appel ainsi que les quatre condamnés. Ce procès en appel s'est tenu à Angers  du 24 janvier au 1er février 2024.

Des peines alourdies en appel

Ce procès en appel s'est conclu par des peines alourdies pour les deux principaux accusés.

Stéphane Schubhan, l'ex-compagnon d'Aurélie Mignot, a été condamné à perpétuité, en première instance, il avait écopé de 30 ans de prison.

Sa maitresse, Fabienne Gautier écope de 30 ans de prison. Elle avait été condamnée à 28 ans de réclusion en première instance.

Florian Nallet, le gendre de Fabienne Gautier, a été condamné à 25 ans de prison et Louis Lebreton, son fils, à 20 ans. Ce sont les mêmes peines que lors du premier procès.

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