A la fois lieu d'hébergement pour personnes en grande précarité et résidence d'artistes l'association le Collège Imaginaire fourmille d'idées pour mêler art et lien social. Dernière en date : collecter auprès des particuliers des ustensiles incongrus pour une exposition participative de l'artiste sarthois Franck Hiltenbrand.
L'artiste Franck Hiltenbrand est un habitué des installations éphémères disposées dans l'espace public ou privé dans lequel le spectateur est invité à déambuler comme dans une maison.
Il utilise les matériaux de récupération comme des séchoirs à linge mais aussi des plastiques de couleur et des fils qu'il tisse pour former d'immenses structures mobiles.
Une maison des courants d'air à Sablé-sur-Sarthe
"A l'origine quand j'étais à Paris c'est avant tout par manque de moyens" explique l'artiste qui s'est illustré avec des friches artistiques situées sur les bords du canal Saint-Martin, la Forge de Belleville dans le 20eme arrondissement ou encore l’ex-lycée Diderot dans le 19e arrondissement de la capitale.
Franck Hiltenbrand alias "Yabon Paname" s'est installé en Nord Sarthe sur la commune de Bonnétable depuis 2018.
Il a déjà exposé au Collège Imaginaire au mois d'octobre 2021 ses installations colorées qu'il présentait alors comme sa 'maison des courants d'air".
Cet autodidacte inspiré par les travaux de Marcel Duchamp mais aussi par le Pop art et même Coluche a décidé de solliciter les sarthois pour une exposition dans les rues de la commune de Fresnay-sur-Sarthe entre le mois d'avril et le mois de septembre 2022.
Les habitants de la commune ont déjà reçu une note leur demandant :
Une œuvre de 150 mètres de long
Un projet initié par la maire de la commune qui a demandé à l'artiste d'exposer son travail dans la Grand Rue de Fresnay-sur-Sarthe.
"Ce sont des séchoirs à linge qui sont décorés avec des objets de récupération très colorés" explique l'artiste sarthois, "et c'est un sacré challenge puisqu'il faut que j'en mette sur 150 mètres de long" poursuit Franck Hiltenbrand.
"On lance un appel aux dons départemental avec on sollicite même le sponsoring du dernier fabricant de Tancarville en France (NDLR : célèbre marque de séchoir à linge, créée à la fin des années 1950 en référence au pont suspendu normand) donc c'est vraiment quelque chose" lâche dans un sourire malicieux l'artiste plasticien.
Un lieu où l'art fait lien et guérit
Le projet est porté par Patrick Mahieu, le créateur de ce drôle de lieu appelé "le Collège Imaginaire" mélange de centre d'hébergement pour personnes en grande précarité et centre d'art contemporain.
Un lieu ouvert il y a 5 ans à Sablé-sur-Sarthe.
"Depuis deux ans on réserve dans la maison un espace dédié aux artistes qui eux aussi et pour d'autres raisons souffrent de ne pas trouver de lieu de résidence" explique Patrick Mahieu.
"On est complétement convaincu que l'art guérit" rajoute-t-il, "l'art et le social ont à voir quelque chose ensemble".
Exemple de ce lien délicat le reportage réalisé en mai 2021 par la rédaction de France 3 Maine au Collège Imaginaire lors de l'exposition du sculpteur Mathieu Vidal.
"On n'est pas un espace conventionné, on n'est pas un espace référencée par la DRAC (NDLR: La Direction Régionale des Affaires Culturelles) on est plutôt un tiers-lieu" lâche le créateur du Collège Imaginaire.
Un lieu qui se veut ressource dans ces temps de pandémie sanitaire qui touche de plein fouet des artistes qui peinent à pouvoir se produire devant un public.
A la fin du mois de janvier le spectacle de marionnettes de la Compagnie Amanite M autour du livre "Matin Brun" se tiendra au Collège Imaginaire après avoir été annulé au mois de novembre dernier en raison de la crise sanitaire.