42 agressions de pompiers en Vendée en 2023 et déjà trois depuis le début de l'année 2024

Le ras-le-bol des pompiers vendéens, victimes d'agressions verbales ou physiques lors d'interventions. Plusieurs dizaines chaque année. Une constance dont se passerait bien la profession dont la mission est de protéger et secourir.

Dans les sondages qui tombent souvent sur ce sujet, parmi les métiers les plus respectés des Français, il y a les agriculteurs (tiens donc !), les soignants... et les pompiers. Le rutilant camion rouge et sa sirène, le pompier et son courage, font toujours rêver les enfants et suscitent la considération des adultes.

Au moins dans les sondages.

Parce que sur le terrain, ce respect est régulièrement mis à mal. 

En Vendée, le Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS) dénonce le nombre important d'agressions subies par les soldats du feu lors d'interventions : 42 en 2023 (parfois plusieurs pompiers victimes sur une même intervention), qui ont donné lieu à 13 plaintes déposées par le SDIS 85.

Frappé au visage

"Le 18 février 2024, rapporte le SDIS de Vendée, les sapeurs-pompiers sont intervenus pour une mission de secours à la personne. L’intervention a pris une tournure inattendue puisque la victime a frappé au visage deux sapeurs-pompiers volontaires. Suite à cet acte, ces deux sapeurs-pompiers ont porté plainte pour violence ainsi que le SDIS notamment au titre du préjudice de désorganisation des secours. Jugé en comparution immédiate, l’accusé a été condamné à 18 mois de prison dont neuf mois avec un sursis probatoire de deux ans (les neuf mois de prison ferme seront réalisés sous bracelet électronique), d’une obligation de soin et à l’indemnisation des victimes (sapeurs-pompiers violentés, gendarmes menacés et SDIS)."

Deux autres agressions ont eu lieu précédemment depuis début janvier.

"Ça a duré environ trente minutes"

Samuel Limousin est ouvrier agricole. Depuis 2016, ce père de famille de 37 ans passe aussi du temps sous l'uniforme des pompiers en tant que volontaire. En décembre 2022, il avait été victime d'une agression lors d'une intervention.

Ce soir-là, il est appelé avec ses collègues pompiers volontaires de sa commune pour "un relevage", une personne qui a fait une chute de sa chaise.

"A notre arrivée, raconte-t-il, nous constatons que le mari et la femme sont fortement alcoolisés. Nous faisons les gestes de premiers secours. Nous remettons la personne sur sa chaise, faisons un bilan complet. Quand nous expliquons au mari que nous devons emmener sa femme à l'hôpital, celui-ci se retourne contre nous et attrape mon collègue en essayant de le plaquer au sol." 

Les secouristes parviendront à le maîtriser, mais ils seront victimes de coups et de menaces de mort.

"Ça a duré environ trente minutes, se souvient Samuel. Le temps qu'on fasse appel à la gendarmerie et que ceux-ci se déplacent."

"On refait le fil de l'intervention, sur ce qu'on a pu louper"

Le sapeur-pompier volontaire se souvient avoir été rassuré par l'arrivée des gendarmes.

"Après, ajoute-t-il, on refait le fil de l'intervention, sur ce qu'on a pu louper comme signaux. On se remet en question sur ce qu'on a pu faire ou dire qui aurait pu causer ce genre de comportement."

Le soir-même, à la caserne, un débriefing a eu lieu avec tous les intervenants et le chef de groupe. La juriste du SDIS 85 a ensuite contacté les pompiers qui avaient été agressés pour donner une suite à cette affaire. Un soutien psychologique a également été mis en place.

Pas facile aussi pour ces pompiers volontaires de vivre cela dans des petites communes où ils peuvent recroiser par la suite la personne qui les a agressés.

Des actes inadmissibles

"Nous considérons que ces actes de violence, qu'ils soient physiques ou verbaux, sont inadmissibles et non respectueux de la profession de sapeur-pompier", déclare Matthieu Mairesse, le directeur du SDIS 85. 

Abus d'alcool, stupéfiants, misère sociale, sont souvent le contexte de ces agressions, selon le patron du SDIS de Vendée. 

"Le service départemental engage systématiquement une procédure judiciaire pour voir reconnaître le statut de victime de nos sapeurs-pompiers et procéder à une réparation des préjudices" tient à préciser Matthieu Mairesse.

Des formations pour les sapeurs-pompiers

Une situation qui a incité le Service Départemental d'Incendie à proposer des formations aux pompiers "pour gérer au mieux les situations complexes en intervention". Une centaine de sapeurs-pompiers professionnels ont suivi ce stage depuis 2021. Le rythme de formation va s'accélérer, car autant la suivront sur cette seule année 2024.

Les agressions ayant lieu aussi en milieu rural, 19 sapeurs-pompiers volontaires ont également suivi cette formation depuis début 2024.

Des victimes agressives

Selon l'observatoire national des violences envers les sapeurs-pompiers, 80 % des agressions ont lieu lors d'opérations de secours aux personnes et dans 80 % des cas, c'est la victime secourue qui agresse les pompiers.

Voir le reportage de France Télévisions Quentin Carudel, Christophe Amouriaux et Sophie Boismain.

Les agressions de sapeurs-pompiers sont encore nombreuses en Vendée. ©France Télévisions Quentin Carudel, Christophe Amouriaux et Sophie Boismain.

D'un département à l'autre en Pays de la Loire, la situation n'est pas la même. En Sarthe par exemple, les agressions de sapeurs-pompiers sont plutôt rares. En Loire-Atlantique, où les faits sont les plus nombreux, on constate que le nombre de cas répertoriés est en baisse. 114 agressions en 2023 contre 171 en 2022. Cette tendance se confirme début 2024 avec 5 faits en janvier 2024 contre 13 en janvier 2023.

Dans ce département, les services d'incendie et de secours expérimentent des caméras mobiles pour filmer les interventions potentiellement délicates ou qui dégénèrent.

Olivier Quentin avec Quentin Carudel

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