Dans cet EHPAD de Vendée la bientraitance à un nom : l'humanitude

La philosophie de soin "l'Humanitude" est née il y a une trentaine d'années. Ce sont deux intervenants en sport Yves Gineste et Rosette Marescotti qui ont imaginé d'autres méthodes pour travailler auprès des personnes âgées dépendantes. En Vendée, un EHPAD est labellisé Humanitude. Témoignages.

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Chaque fois qu’un reportage dénonce une maltraitance dans un établissement pour personnes âgées, on le prend en pleine figure aux Mimosas, l’EHPAD de Commequiers, dans le nord-ouest de La Vendée.

Parce qu'ici, on on a bien conscience que tout n'est pas parfait dans le monde des maisons de retraite mais on applique une méthode dont on est fier.

Lorsqu'elle est arrivée aux Mimosas en 2010, le nouvelle directrice Jeanne-Chantal Docquier a trouvé une équipe compétente mais démotivée, en souffrance même pour certains. 

Elle avait entendu parler de l'Humanitude,  la philosophie développée par Rosette Marescotti et Yves Gineste au Canada et en France, et privilégiant le besoin du résident avant tout. 

 

Changer leur façon de faire n'a pas été facile...



"Il faut voir ce que la personne âgée dépendante peut faire avant de voir ce qu'elle ne peut plus faire", explique Jeanne-Chantal Docquier. "J'ai trouvé ici des personnes qui travaillaient comme on leur a appris dans les écoles. Changer leur façon de faire n'a pas été facile."

Un exemple : déplacer un résident dans un fauteuil roulant est plus facile, plus rapide. Ici on l'aide à marcher. Ça prend du temps mais c'est un investissement. La personne retrouve un peu d'autonomie, c'est bénéfique pour elle et pour le personnel.

 



Cet autre résident n'est pas prêt pour la toilette ? On lui propose de repasser plus tard. Il ne veut pas de son soin ? On y reviendra à un autre moment. 

Au détour d'un couloir, on croise, dans une petite salle, Emma et Marie-Thérèse, assises devant une table, occupées à éplucher des carottes. Ce ne sont pas des membres du personnel mais deux résidentes. 

"J'aime bien cuisiner" avoue Emma, "mais c'est pas facile". Il n'empêche, malgré la difficulté à tenir la carotte dans une main et l'économe dans l'autre, elle y prend du plaisir. Les carottes iront ensuite en cuisine pour un prochain repas. 
 

L'autonomie c'est la vie


"L'autonomie c'est ce qui permet qu'ils ne deviendront pas grabataires" explique Sylvie Dubin, cadre de santé. "L'autonomie, c'est la vie. Vous allez pouvoir continuer de faire tout ce que vous pouvez faire naturellement et ne pas être dépendant de quelqu'un. On a des personnes qui ne marchaient pas auparavant et qui parviennent à remarcher."
 

Ça a apporté de la sérénité...
 

 "Ça a apporté de la sérénité pour le personnel et les résidents" reconnaît Magali  Raballand, l'une des infirmières converties à l'Humanitude. "On se pose toujours la question : qu'est-ce qu'il faut au résident pour avancer et pour évoluer ?"

"Il a fallu expliquer aussi aux familles" précise la directrice. "Il peut arriver qu'une visite ait lieu alors que le résident dorme encore. Il faut alors expliquer qu'on l'a laissé se reposer plus tard que d'habitude parce que la nuit a été mauvaise. Ici, on n'est pas à cheval sur les horaires. C'est aussi ça la bientraitance."

Les personnes âgées dépendantes accueillies ici ont visiblement apprécié cette évolution, même si le personnel était compétent avant l'application des nouvelles méthodes. C'est juste une autre façon de faire. Mais la philosophie a apporté du mieux. Pour les salariés aussi qui ont retrouvé du sens à leur travail.

"Quand on en parle avec des collègues d'autres établissements" nous confie Magali, "on leur vend du rêve, on fait tout pour ré-autonomiser la personne pour qu'elle se sente bien. A force de travail et d'esprit d'équipe, ça apporte la possibilité de faire évoluer le résident."

 

Un autre établissement dans le département voisin de Loire-Atlantique, à Touvois, a été labellisé Humanitude. La démarche nécessite des contrôles et le passage devant une commission. 

Mais il y a un revers à la médaille : le budget accordé aux EHPAD dépend du taux de dépendance des résidents. Plus ce taux est élevé, plus le budget suit. Or, si vous rendez de l'autonomie aux résidents, vous risquez de perdre du budget.

Une règle contre laquelle Jeanne-Chantal Docquier se bat. Mais l'administration est bien moins souple que ses résidents. Un peu d'Humanitude ferait du bien.


Voir le reportage de notre rédaction

 

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