France 3 Pays de la Loire propose chaque mois une carte blanche inédite au meilleur de la scène musicale régionale. Deuxième rencontre de la saison, le chanteur vendéen Terrier et son compatriote, le guitariste folk Fyrs.
Principe de La CoLAB ? Une création live et exclusive entre deux artistes ligériens – souvent d’univers différents. L’un est confirmé, c'est l’hôte principal et ce soir, c'est Terrier. L'invité est un artiste émergent, mais dans le cas de Fyrs, c'est un peu moins vrai. Pendant 26 min, l’aîné joue ainsi ses titres les plus identifiés, entrecoupés d’échanges pour offrir quelques éclairages sur son parcours et processus de création, avant que le duo inédit avec l’invité ne clôture l’émission en apothéose créative.
Sur led dix numéros de la saison, rarement les contrastes n’ont été aussi exacerbés. Pour accoucher finalement d’un des moments les plus émouvants de l’émission. Car, sur le papier, tout semblait opposer Terrier et Fyrs… Et pourtant.
Le temps de faire son trou
Bob noir cachant ses yeux brûlés, la voix grave et le verbe brut, Terrier est de la race de ces taiseux qui sortent de leur tanière quand se présente l’occasion d’attaquer. Fallait le voir pendant la préparation, tourner autour du plateau. Jauger. Silencieux. Pas méfiant : concentré. En 2020, on promettait tout à son slam-punk, des signatures de grands labels au statut de remplaçant d’un Katerine (facilité journalistique portant davantage sur une proximité géographique que stylistique). C’était trop. Le gosse a plaqué Paris, sa Télécaster sur le dos, direction sa campagne vendéenne natale. Hibernant depuis, avant ce retour triomphal.
En miroir, Fyrs est doux, lumineux. Grand. S’affiche le visage nu et lunetté, l’habit blanc et bariolé. Attentionné. Loin de ce que pourrait présumer l’homophonie anglophone de son nom (fears = craintes). Sa voix perchée ne cache en tout cas jamais sa sensibilité (assumée). Sa Vendée ? Il n’y a qu’un an qu’il y a déménagé. Et en 2020, c’était aux Inouïs du Printemps de Bourges que l’artiste était sélectionné. L’évidence est là. Le faux départ aussi : sa claviériste, Zaho de Sagazan, décide à sa suite d’une échappée... (réussie). Il a fallu repenser le projet. Tomber pour mieux se relever. S’assumer.
Le choc des contraires
Pour l’émission, Terrier avait décidé de retravailler un vieux single "Tourniquet", cri du corps et du cœur à une ex qu’il n’a pas pu oublier. L’amertume et le regret. La nostalgie et la mélancolie, aussi. De l’arrangement, l’artiste n’en avait jamais été satisfait. Le texte pourtant comptait. La voix et le refoulement se sont endurcis depuis : ne manquait qu’une voix d’ange, quasi a cappella, pour corriger, être guéri. Panser sans y penser. L’aide, surtout, d’un autre cabossé pour que la démarche s’équilibre, qu’importent les cailloux dans les souliers.
À la répétition et en plein chant, les deux artistes se sont arrêtés. Surpris. Dépassés. Et nous avec… J’ai pleuré : la gravité de Terrier, ses mots gueulés de la voix tremblante des au revoir se faisaient balayer par un refrain plein d’espoir, comme la promesse d’un lendemain désormais libéré. Un manque enfin comblé. La fin de cycle de ce "Tourniquet" dont la roue allait pouvoir, depuis ce soir, continuer de tourner... Une vraie leçon de vie.
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