Ce jeudi 4 mars, un épais brouillard enveloppe l’île d’Yeu. Aucun vol possible pour l’hélicoptère. Toute évacuation médicale est alors assurée par la SNSM et ses bénévoles.
Depuis le lever du jour ce jeudi, c’est la purée de pois sur l’île d’Yeu. C’est le seul cas météo qui peut clouer l’hélicoptère au sol. Le courrier, les médicaments, les journaux arriveront par le bateau à passagers, un peu plus tard que d’habitude. Les islais le savent et s’adaptent.
Christian, patron pêcheur à la retraite et bénévole à la station SNSM est descendu sur le port, comme tous les matins. Mais là, vu le brouillard, il sait qu’il y a de fortes chances qu’il soit appelé pour une évacuation sanitaire car l’hélico ne volera pas. Le marin est affairé depuis un quart d’heure à changer une bouée de corps mort lorsque la sonnerie de son portable se fait entendre. Les mains toutes mouillées, il parvient à voir sur l’écran l’identité de l’appelant : SNSM.
Dans la seconde, les gestes s’accélèrent. Un dernier nœud marin et voilà la bouée de mouillage à l’eau. Le sauveteur en mer enjambe bateau après bateau pour rejoindre le ponton. Puis en courant il rejoint sa voiture qui l’emmène en quelques secondes au canot de sauvetage, amarré quai du Canada.
Christian rejoint son poste à l’avant, prêt à larguer les amarres
Quelques vestes oranges (couleur de la SNSM) sont déjà à bord. Le chef mécanicien a mis le moteur en route. Christian rejoint son poste à l’avant, prêt à larguer les amarres. À l’arrière, c’est Didier qui s’en charge. Les sauveteurs se comptent et recomptent pour savoir quand l’équipage sera au complet. Thierry arrive et rejoint ses collègues sauveteurs suivi de Marc, l’ancien président de la station.
Pour ces sauveteurs, actifs ou retraités, mais tous bénévoles, les affaires en cours sont remises à plus tard.
Ils viennent d’apprendre qu’il s’agit d’une évacuation sanitaire, rien de plus.
Ce qu’ils savent, c’est qu’ils vont mettre le cap sur Saint-Gilles-Croix-de-Vie. La route est un peu plus longue que celle vers Fromentine, mais dans le port de pêche, la cale permet de débarquer le patient de façon plus efficace et plus pratique.
C’est d’ailleurs vers la cale Martin, située non loin, que le canot tout temps de la SNSM appareille.
L’ambulance des pompiers apparaît sur le quai
Moteur tournant, l’équipage attend l’arrivée de la personne à évacuer.
Quelques minutes plus tard, l’ambulance des pompiers de l’île d’Yeu apparaît sur le quai, suivie de la voiture du médecin.
Le quai Martin est réservé aux marins qui peuvent y laisser leurs voitures avant de partir en mer.
Les pompiers stationnent leur véhicule en haut de la cale, sortent la personne sur son brancard roulant et descendent prudemment la cale.
Une fois devant le canot de sauvetage, un bref échange avec les sauveteurs pour adopter la meilleure conduite possible dans le transfert du patient ou de la patiente à bord.
Blessée ou sérieusement malade, la personne est désormais entre les mains des sauveteurs en ce qui concerne son acheminement vers le centre de soins ou d’examens.
Sur avis médical, il arrive qu’un ou deux soignants soient du voyage, si tant est qu’on puisse utiliser ce terme.
Pendant ce temps, quelques bateaux de pêche traversent le port dans la brume après avoir débarqué le fruit de leur travail.
Le brouillard n’est pas l’ami des marins
Rares sont les bateaux de plaisance qui vont sortir aujourd’hui. Le brouillard n’est pas l’ami des marins, mieux vaut rester au port et attendre d’y voir plus clair.
Sauf nécessité, bien sûr.
Et la nécessité sanitaire a mandaté les sauveteurs bénévoles pour transporter par voie maritime une personne en difficulté. Pas de vent ou si peu, la personne ne sera pas importunée par la houle et les sauveteurs sauront la rassurer. Mais ils savent aussi que leur mission par temps de brouillard peut se compliquer à tout moment. Alors, concentrés, ils vont emprunter une route maritime qu’ils connaissent par cœur et amener la personne à bon port.
Sur la cale du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, d’autres professionnels de santé prendront le relais.
►voir la vidéo réalisée par Christophe François
Avant l’arrivée de l’hélicoptère à l’île d’Yeu, dans les années 80, le canot de sauvetage assurait l’ensemble des évacuations sanitaires. Appendicites, accidents cardiaques, naissances, chutes accidentelles...
Aujourd’hui, l’hélicoptère assure cette mission et achemine les patients à Challans, la Roche-sur-Yon ou Nantes, suivant l’urgence, la disponibilité ou la spécialité requise.
Mais le brouillard peut à tout moment changer la donne et, dans ce cas, faire sonner les portables des bénévoles de la SNSM de l’île d’Yeu.
Ainsi va la vie sur cette île.
Les sauveteurs en mer sont appelés pour secourir marins-pêcheurs ou plaisanciers dans le mauvais temps mais aussi transporter malades ou blessés vers le continent, si le brouillard le décide.