L'homme suspecté d'avoir assassiné le père Olivier Maire à Saint-Laurent-sur-Sèvre en Vendée, est l'incendiaire de la cathédrale de Nantes en juillet 2020. Il avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin dans l'attente de son procès.
Le principal suspect dans l'affaire de l'assassinat du père Olivier Maire à Saint-Laurent-sur-Sèvre est l'homme qui est également suspecté d'être l'auteur de l'incendie de la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020. Emmanuel Abayisenga, 40 ans, est arrivé en France il y a neuf ans.
Sacristain bénévole
Très vite après l'incendie de la cathédrale de Nantes, le procureur de la République privilégie la piste criminelle. "trois départs de feu ont été observés à l'intérieur : un au niveau du grand orgue, un à droite et un à gauche de la nef". Aucune trace d'effraction n'est constatée.
Au lendemain de l'incendie, Emmanuel Abayisenga, le sacristain bénévole du diocèse chargé de fermer les portes de la cathédrale la veille, est interpellé avant d'être remis en liberté. Il est placé une nouvelle fois en garde à vue le samedi 25 juillet au petit matin.
L'homme est mis en examen, incarcéré plusieurs mois puis remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin dans l'attente de son procès.
"Il avait vécu des choses difficiles"
"Il a expliqué dès le départ être l'auteur des faits. Il regrette amèrement", explique alors Quentin Chabert, l'avocat du bénévole. Pour Jean-Yves Magnier, sacristain lui aussi à la cathédrale de Nantes, "la faiblesse humaine fait qu'on peut tous péter un plomb". A propos de l'homme arrêté, il précise : "il avait vécu des choses difficiles, il était en soins médicaux tout l'hiver."
D'origine rwandaise, Emmanuel Abayisenga s'était vu notifié une obligation de quitter le territoire français. Il avait envoyé un long message aux autorités administratives juste avant l'incendie à la cathédrale de Nantes.
"Il se plaignait fortement de sa situation administrative" avait alors expliqué Pierre Sennes, le procureur de la République de Nantes. "Il exprimait des reproches auprès des différentes personnalités considérant qu'il n'était pas soutenu et qu'on ne l'aidait pas assez".
Incarcéré plusieurs mois, Emmanuel Abayisenga avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin dernier, dans l'attente de son procès. L'auteur présumé sortait d'un séjour en hôpital psychiatrique et était hébergé par la communauté des frères missionnaires Montfortains depuis fin mai 2021, selon une source proche de l'enquête.
Il avait l'obligation de quitter le territoire mais devait avant cela attendre son procès.
Un drame à polémique
Le drame qui s'est déroulé ce lundi matin à Saint-Laurent-sur-Sèvre, a aussitôt fait l'objet de polémique politique, à huit mois de l'élection présidentielle.
Quelle indignité ! Plutôt que de dire sa compassion aux catholiques qui ont accueilli ce meurtrier, madame le Pen polémique sans connaître les faits : cet étranger n’était pas expulsable malgré son arrêté d’expulsion tant que son contrôle judiciaire n’était pas levé. https://t.co/eZh3r4OdJr
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) August 9, 2021
Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, a immédiatement réagi sur Twitter. "En France, on peut donc être clandestin, incendier la cathédrale de #Nantes,
ne jamais être expulsé, et récidiver en assassinant un prêtre", a-t-elle écrit, y voyant la "faillite complète de l'Etat et de Gérald Darmanin".
Le ministre de l'Intérieur a répliqué sans tarder sur Twitter : "Cet étranger n'était pas expulsable malgré son arrêté d'expulsion tant que son contrôle judiciaire n'était pas levé". Il a accusé Marine Le Pen de "polémiquer sans connaître les faits".
De source proche du dossier, on souligne que "le criminel était catholique. Loin du terroriste islamiste..." La piste terroriste a d'ailleurs été écartée par le parquet de La Roche-sur-Yon. La Brigade de recherches de la gendarmerie de La Roche-sur-Yon et la Section de recherches de Nantes ont été saisies de l'enquête "du chef d’homicide volontaire à savoir de meurtre", a précisé Yannick Le Goater, le vice-procureur de La Roche-sur-Yon ce lundi après-midi.